Contexte

Des populations étudiantes diversifiées, une langue française en évolution

Chaque année, la publication de statistiques sur l’état du français dans les collèges et les universités donne lieu à des débats sur l’état général des compétences langagières (écrites et orales) des étudiant·es en enseignement supérieur au Québec. S’il convient de tenir compte de ces données dans la réflexion sur l’amélioration et la valorisation du français, celles-ci doivent toutefois être mises en perspective.

En effet, la prudence s’impose avec les statistiques liées à l’état du français au cégep et à l’université : la diversité actuelle des populations étudiantes fait en sorte qu’il est périlleux de les comparer à celles des décennies précédentes. Leur composition n’est pas la même que celles des collèges et des universités dans les années 1980, par exemple.

La diversité des populations étudiantes, qui découle en grande partie de la démocratisation de l’enseignement supérieur, fait l’objet de nombreuses recherches portant sur les différents profils étudiants — les étudiant·es issu·es de l’immigration ou venu·es d’ailleurs dans le cadre de leurs études (Bergeron, 2012; Bérubé, Bourassa-Dansereau, Frozzini, Gélinas-Proulx et Rugira, 2018; CAPRES, 2019), les étudiant·es de première génération (Université du Québec, 2016), les étudiant·es en situation de handicap (CAPRES, 2013; Philion et al., 2016) — dont celles sur les troubles d’apprentissage comme la dyslexie (Philion et De Grandpré, 2013) ou la dysorthographie (Ellemberg, 2019).

Les diverses populations étudiantes arrivent donc dans les collèges et les universités avec des bagages différents et des compétences langagières variables. De plus, cette diversité se constate dans un contexte où la langue française est elle-même en évolution (Frenette, Rivard et St-Hilaire, 2013). Depuis quelques décennies, on observe un brouillage des frontières entre la langue écrite familière et la « langue normée », c’est-à-dire la norme de référence dans les écrits soignés (Piron, 2017), comme en témoigne le ton plus familier des échanges écrits entre les enseignant·es et les étudiant·es.

Dans ce contexte, l’étudiant·e peut éprouver de la difficulté à voir l’utilité de la maitrise du français en tant que langue normée puisque la langue soignée lui semble ne pas être utilisée en tout temps dans ses interactions avec les enseignant·es. Autrement dit, apprendre les multiples règles de grammaire et maitriser l’orthographe n’a pas nécessairement de sens pour l’étudiant·e, qui ne voit pas le bien-fondé de toutes ces règles (Prioleau, 2021).

Comment alors valoriser le français dans des pratiques ou des projets porteurs de sens pour l’étudiant·e ?

C’est la question en filigrane de ce dossier qui se compose de trois enjeux portant sur :

  • des initiatives et des mesures pour valoriser le français au collégial;
  • le français pour les populations étudiantes dont la langue maternelle n’est pas le français;
  • l’état du français aux cycles supérieurs.

À ces enjeux se rattachent :

  • une notion clé qui vise à préciser une approche dans la valorisation du français, l’approche des genres textuels;
  • des pratiques inspirantes qui mettent en lumière des initiatives favorisant l’amélioration et la valorisation du français dans les établissements collégiaux et universitaires.