Cette thèse a pour objectif principal de vérifier si des différences existent entre les étudiants de première et de deuxième génération dans une université bilingue et triculturelle de l’Ontario, l’Université Laurentienne de Sudbury. L’analyse présentée signale davantage de différences entre les deux groupes que ne l’avait prévu l’auteur, quoique certaines similitudes sont également observées. Présentée en 2017 par Denis Mayer pour l’obtention d’un doctorat en sciences humaines de l’Université Laurentienne de Sudbury, la thèse s’intitule Comparaison entre les étudiants de première génération et de seconde génération : engagement, rendement et persévérance. Selon son auteur, cette recherhe s’inscrit dans l’interdisciplinarité puisque ses bases théoriques puisent dans diverses disciplines des sciences sociales et en éducation. L’objectif poursuivi par Mayer, est de vérifier la pertinence du concept de première génération dans un milieu universitaire tel que celui de l’Université Laurentienne qui présente une population étudiante diversifiée. Elle inclut en effet des étudiants francophones, anglophones, autochtones ainsi que de l’étranger.

La méthodologie

L’étude de Mayer repose sur une approche méthodologique mixte faisant place à l’analyse quantitative ainsi qu’à l’analyse qualitative. C’est l’Enquête nationale sur la participation étudiante (NSSE) effectuée par l’Université Laurentienne entre février et juin 2014 qui a été utilisée comme principale source de données. Il s’agit donc de données institutionnelles. L’Enquête NSSE porte sur cinq domaines clés et inclut également des renseignements d’ordre démographique. 1424 étudiants de l’Université ont participé en 2014 pour un taux de réponse de 30 %. Sur ces étudiants, 622 étaient de première année et 514 avaient inscrit leur statut d’étudiant. Ce sont ces derniers qui constituent le groupe de répondants inclus dans la présente recherche. Comme l’analyse selon le statut de l’étudiant, la langue d’usage, le rendement et la persévérance scolaire n’est pas faite ordinairement par l’administration centrale de NSSE, l’auteur de la thèse est celui qui a procédé à ces analyses. Enfin, la composante qualitative de la recherche repose sur les commentaires formulés par 76 des répondants à l’enquête NSSE (les autres n’ayant laissé aucun commentaire).

Résultats

L’analyse réalisée par Mayer révèle que les étudiants de première génération « se comportent plutôt comme des étudiants de passage “commuter students” qui assistent à leurs cours et qui, ensuite, quittent le campus ». Le fait qu’ils passent moins de temps sur le campus et collaborent moins avec des collègues et des professeurs ne semble pas avoir de conséquences nuisibles sur le plan du rendement scolaire. Par ailleurs, contrairement à son hypothèse, l’auteur a noté certaines différences sur le plan de l’engagement des étudiants de première et deuxième génération lorsque la variable linguistique était considérée. Après analyse, il semble que les étudiants de langue française se préparent mieux pour les cours et participent plus souvent aux discussions. D’autres différences existent aussi. Il y a notamment celle relative à la participation dans les activités parascolaires et les rapports avec les collègues de cours alors que les francophones se voient limités par leurs obligations externes. Toujours sur le plan linguistique, l’analyse de Mayer permet d’apprendre que sur le plan linguistique, les différences touchent surtout des éléments scolaires plutôt que liés à la vie étudiante. En ce qui a trait au rendement scolaire, « les résultats ont confirmé que les étudiants inscrits dans des programmes de langue française avaient de meilleures moyennes pour les crédits accumulés », rapporte Mayer. Dans l’ensemble, les résultats de l’analyse indiquent que des étudiants de première génération commencent leurs études postsecondaires au niveau collégial lorsqu’ils éprouvent des doutes à l’égard d’une formation universitaire. Toutefois, il n’y a pas de différence entre les groupes pour ce qui est de la persévérance dans les études. Les résultats qualitatifs viennent, de manière générale, renforcer les résultats quantitatifs obtenus. Il y a toutefois une différence lorsqu’il est question de sentiment d’appartenance à la communauté universitaire.

Les recommandations d’ordre pratique

Mayer termine sa thèse par une série de recommandations. Voici celles ayant une teneur pratique :
  • Étant donné qu’on compte un nombre élevé d’étudiants de première génération qui sont de passage sur le campus pour suivre leurs cours, l’Université pourrait mettre sur pied quelques projets visant à augmenter le sentiment d’appartenance à l’établissement. Les médias sociaux ainsi que les technologies d’apprentissage en ligne pourraient être utilisés à cette fin. Ils favoriseraient la communication synchrone et asynchrone entre les étudiants. Pour l’auteur, l’Université Laurentienne pourrait créer un village virtuel à partir du portail étudiant.
  • L’université pourrait augmenter les lieux de rassemblement pour étudiants, et ce, partout à travers le campus. Cela serait favorable au travail de groupes et à la socialisation.
  • Enfin, l’auteur suggère de tenir compte des suggestions des étudiants sur différents points : le service de conseils pour les études, l’aide scolaire, la variété de cours pour les étudiants à distance, l’appui financier, l’infrastructure technologique, la promotion d’activités étudiantes, l’hébergement sur campus et les sports universitaires.