Deux chercheurs en éducation plaident pour une valorisation des études en sciences humaines et sociales dans un contexte de pandémie et de changements climatiques.

Dans un récent article paru dans l’édition anglophone du média The Conversation, Alan Sears (University of New Brunswick) et Penney Clark (University of British Colombia) examinent la tendance actuelle, en ces temps d’incertitude, à valoriser les formations « clé en main pour l’emploi » au niveau universitaire.

Les deux chercheurs font état des récentes réformes du gouvernement australien qui visent à réduire les frais de cours universitaires jugés « pertinents pour l’emploi » et à augmenter le coût de certains cours en sciences humaines et sociales.

Ces réformes australiennes sont proposées dans le cadre de changements plus vastes du financement de l’enseignement supérieur, aux prises avec les répercussions de la COVID-19.

Selon Sears et Clark, ce type de réformes reflètent les tendances mondiales d’un apprentissage adapté au marché. Les disciplines en STIM (sciences, technologie, ingénierie et mathématiques) prendraient de plus en plus de place sur les campus, au détriment des arts, de l’histoire, de la littérature, de la philosophie et des langues.

Au Canada

Au Nouveau-Brunswick, les réformes de l’éducation de la dernière décennie ont mis l’accent sur la littératie, la numératie et les sciences. Le Plan en matière d’éducation de la province, publié en 2016, parle de revoir « les choix de cours du secondaire dans les domaines des arts, des métiers et de la technologie, en vue de réviser, de développer et de regrouper les cours pour répondre aux besoins du marché du travail et de l’industrie. »

Or, selon les deux chercheurs, cette adaptation des cursus au marché de l’emploi excluent des approches plus holistiques de l’éducation, qui sont pourtant significatives en termes de réussite scolaire.

L’OCDE, leader mondial en éducation

L’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE), par le biais du Programme international pour le suivi des acquis des élèves (PISA), est une organisation qui a beaucoup d’influence en matière d’éducation. PISA est un programme international de tests qui évalue les résultats des jeunes en lecture, en mathématiques et en sciences partout dans le monde.

En 2018, le programme PISA a mis de l’avant l’idée d’évaluer la « compétence globale » des jeunes, décrite comme « une capacité multidimensionnelle ».

Selon l’OCDE,  « des personnes compétentes sur le plan global peuvent examiner des questions locales, mondiales et interculturelles, comprendre et apprécier différentes perspectives et visions du monde, interagir dans le respect des autres et prendre des mesures responsables en faveur de la durabilité et du bien-être collectif ».

Selon Sears et Clark,, l’apprentissage des sciences humaines et sociales sont des moyens efficaces de favoriser cette « compétence globale » valorisée par l’OCDE.

En effet, un engagement dans les sciences humaines – y compris l’histoire, la littérature et les arts visuels – est efficace pour favoriser un certain nombre de compétences humanistes et citoyennes positives, comme le recommande l’OCDE.

Parmi ces compétences citoyennes, les chercheurs citent : la compréhension complexe de la nature de la vérité ; la compréhension nuancée des relations entre l’histoire et la mémoire collective ; la manière dont celles-ci opèrent dans la formation des identités individuelles et collectives – ce qui est particulièrement important avec les Premiers Peuples.

Sciences molles pour temps durs

Les sciences dites dures et les sciences humaines sont toutes deux essentielles pour favoriser la compréhension des questions actuelles liées à la durabilité et au bien-être collectif. C’est à leur intersection qu’apparait la « compétence globale » de l’OCDE décrite plus haut.

Selon Sears et Clark, il faut plus qu’une « formation pour l’emploi » pour que les adultes de demain s’épanouissent en tant qu’êtres humains. Cela suppose la capacité de réfléchir aux enjeux sociaux, sanitaires, culturels, environnementaux et politiques difficiles et urgents de nos sociétés actuelles.

Consulter l’article original dans The Conversation