Une récente recherche réalisée dans le cadre du Programme d’aide à la recherche sur l’enseignement et l’apprentissage (PAREA) examine le potentiel de rétroaction au moment des évaluations, dans le but de favoriser la persévérance et la réussite scolaires des collégiens. Stéphanie Facchin, du Cégep à distance et du Collège de Rosemont, est la chercheuse principale qui a rédigé cette étude intitulée La rétroaction traditionnelle ou technologique? Impact du moyen de diffusion de la rétroaction sur la persévérance et la réussite scolaires, subventionnée par le ministère de l’Éducation et de l’Enseignement supérieur.

Le projet Devoir +

La recherche vise à « comparer la rétroaction technologique (audio, vidéo ou visioconférence) et la rétroaction traditionnelle (écrite sur les copies), de même que leur effet sur la réussite et la persévérance des apprenants ».  Plus précisément, l’étude tente de déterminer si l’utilisation de certaines TIC (audio, vidéo et visioconférence) pour diffuser une rétroaction sur les travaux constitue un ajout significatif par comparaison à une rétroaction écrite.   L’intervention proposée ici représente une innovation en matière d’acte pédagogique. Dans un contexte où l’enseignement numérique est en pleine expansion, offrir une rétroaction efficace à un grand nombre d’apprenants dispersés géographiquement et temporellement devient un défi de taille qui requiert une certaine innovation dans les moyens.  L’étude s’appuie sur le projet de recherche Devoir +, qui a été mené au Cégep à distance entre 2015 et 2017 auprès de 340 apprenants. Le Cégep à distance, qui enregistre un nombre élevé d’inscriptions par année, représentait « un terrain de recherche idéal pour obtenir un nombre d’observations élevé en vue de comparer les trois méthodes de diffusion des rétroactions ». Au total, quatre tuteurs (dont l’ancienneté moyenne au Cégep à distance s’élève à 8 années) ont été recrutés puis formés à la rétroaction. Une analyse des outils TIC disponibles a été effectuée, puis les aspects positifs et négatifs ont été présentés aux tuteurs pour leur donner l’occasion de choisir et de tester l’outil privilégié pour leur rétroaction : audio, vidéo ou de visioconférence.

Principaux constats

1. Rendement scolaire

La rétroaction technologique a eu un « effet motivationnel » en favorisant l’engagement de l’apprenant à poursuivre le cours jusqu’à la fin, et ce, malgré les difficultés avec la matière. Sur le plan de la tâche, la rétroaction technologique semble aussi avoir favorisé la compréhension et les apprentissages, ce qui s’est traduit par un meilleur taux de réussite.

Les tuteurs ont mentionné qu’avec la rétroaction technologique, surtout en vidéo, ils étaient davantage portés à formuler des commentaires à vocation motivationnelle que lorsqu’ils écrivent des commentaires sur une copie.

Si les apprenants semblent motivés à poursuivre leur cheminement jusqu’au bout, il faut noter que les difficultés avec la matière persistent lors de l’évaluation finale et peuvent se traduire par un échec au cours. Sans l’intervention, ces apprenants auraient tout simplement abandonné le cours.

Du côté des apprenants, la rétroaction technologique est venue combler leurs attentes en matière de rétroaction. Ceux-ci souhaitent recevoir « des explications pour comprendre les erreurs », et il semblerait que la rétroaction technologique apporte une qualité et un degré de détail supérieurs à la rétroaction écrite, favorisant du même coup la compréhension des erreurs. La rétroaction technologique proposée dans la présente étude a permis de supprimer cet obstacle.

2. Note aux évaluations

La chercheuse note que la rétroaction technologique n’a pas le même effet sur toutes les évaluations, peut-être en raison du type d’évaluation. Il est possible que la rétroaction technologique soit plus utile et efficace avec les devoirs de niveau taxonomique plus élevé.

La rétroaction technologique offerte dans ce projet ne fournit pas une réponse exacte (ce n’est pas un corrigé), mais explique à l’apprenant ce qui est juste ou faux, pourquoi, et comment s’améliorer. Ce type de rétroaction semble plus efficace pour des tâches complexes que pour des tâches simples.

3. Comparaison entre l’audio, la vidéo et la visioconférence

Les résultats indiquent que la rétroaction vidéo a entraîné de bons résultats quant à la persévérance (un taux d’abandon plus faible), mais c’est la rétroaction audio qui a obtenu les meilleurs taux de réussite au cours.

La rétroaction vidéo semble avoir produit un plus grand effet motivationnel sur les apprenants, alors que la rétroaction audio semble être plus efficace pour favoriser la réussite au cours et donc avoir une plus grande portée sur la tâche.

Conclusion et pistes à explorer

De manière générale, la très grande majorité des apprenants se disent satisfaits de la rétroaction technologique, et ce, peu importe le type de rétroaction reçue (négative ou positive). Toutefois, ils rapportent une préférence pour une rétroaction vidéo plutôt qu’audio. Les tuteurs qui ont expérimenté la rétroaction technologique se disent également tous satisfaits. Ils y voient des avantages pour les apprenants : une rétroaction plus claire, plus étoffée et qui permet d’apporter des précisions et de créer un lien entre le tuteur et l’apprenant. En contrepartie, la mise en place et la production de rétroactions technologiques sont assorties de contraintes de temps et d’espace qui ne cadraient pas avec la flexibilité antérieure connue des tuteurs dans leur travail. Il est recommandé que l’aide puisse être plus ponctuelle afin de ne pas alourdir la tâche des tuteurs, car il faut garder à l’esprit que le nombre d’apprenants encadrés est très élevé par comparaison avec l’enseignement en présentiel. La recherche conclut qu’il serait intéressant de regarder le potentiel de la visioconférence pour offrir de l’aide dans le cas où la tâche d’encadrement serait effectuée à temps plein, comme dans le projet présentement à l’essai au Cégep à distance.