Dans son mémoire en travail social déposé à l'UQAC, Sandra Côté s'intéresse à l’expérience de l’intégration des étudiants internationaux, du point de vue de la communauté d’accueil. Cette étude vise à documenter les perceptions et attitudes des étudiants de l’UQAC au sujet de l’intégration des étudiants internationaux. Elle s’inscrit donc dans la nouvelle réalité des établissements postsecondaires en région : en douze ans, la proportion d’étudiants étrangers à l’UQAC est passée de 4,3% (n= 283) à 19,7 % (n=1313) de sa clientèle totale, représentant plus de 50 pays.

La notion d’intégration

Les perceptions des membres de la communauté d’accueil envers l’immigration font partie intégrante des attitudes à l’égard des relations interculturelles. Qu’en est-il de la question de l’intégration, qui n’est jamais bien loin de celle de l’immigration ? L’auteure privilégie une définition de l’intégration dynamique, interactive : il s’agit d’un processus dans lequel la maîtrise de la langue d’accueil joue un rôle essentiel, qui n’est achevé que lorsque l’immigrant ou ses descendants participent pleinement à l’ensemble de la vie collective de la société d’accueil et ont développé un sentiment d’appartenance à son égard. Cette étude qualitative exploratoire tente donc de répondre à la question suivante : quelles sont les perceptions et attitudes des étudiants hôtes à l’égard des étudiants internationaux de l’UQAC et de leur intégration ? Depuis douze ans, trois études ont été réalisées sur le terrain de l’UQAC touchant de près ou de loin l’accueil et l’intégration. Or,  l’un des acteurs de l’intégration des étudiants étrangers a été plutôt occulté dans ces recherches : les étudiants hôtes.

Caractéristiques des participants

Douze étudiants hôtes de l’UQAC ont complété une fiche de renseignements personnels et ont été invités à s’exprimer dans le cadre d’une entrevue semi-dirigée. La majorité des personnes ayant accepté de participer à l’étude sont des femmes (67%) et sont âgés de plus de 25 ans au moment de l’étude (75%). Plus spécifiquement, 42% étaient âgés entre 25 et 34 ans, puis 33% entre 35 et 44 ans. Enfin, 25% des participants se situaient dans la tranche des 18-24 ans. La grande majorité des participants à l’étude sont célibataires (75%). Deux tiers d’entre eux évoluaient dans un régime d’étude à temps complet, alors que 25% cheminaient à temps partiel. La moitié des participants étudiaient dans un programme de baccalauréat, alors que les autres étaient inscrits à un programme de deuxième (33%) ou de troisième cycle (17%). La quasi-totalité des départements de l’UQAC sont représentés au sein de l’échantillon.

Des constats questionnants

De manière générale, les étudiants hôtes démontrent des attitudes d’ouverture et perçoivent des retombées positives associées à la présence d’étudiants internationaux sur le campus.  Par contre, lorsqu’il s’agit de contacts avec des étudiants dont la langue et la religion sont différentes des leurs, leurs attitudes sont plus négatives. De manière spécifique, voici des résultats qui portent à la réflexion sur le vivre-ensemble dans les établissements postsecondaires et l’intégration des étudiants étrangers :
  • les contacts entre les étudiants internationaux et hôtes sont ponctuels et peu fréquents, souvent exclusivement dans le cadre de cours ;
  • une fois le contact initial créé, certains facteurs semblent influencer le développement de liens plus profonds entre les étudiants hôtes et les étudiants étrangers  Parmi ceux qui reviennent le plus souvent dans l’étude : 1) le fait que les deux personnes partagent des intérêts communs, par exemple les voyages, le sport, 2) le fait d’avoir une attitude d’ouverture face à la diversité culturelle et 3) le fait d’avoir besoin de créer de nouveaux contacts sociaux ;
  • la grande majorité des participants trouvent que les étudiants étrangers ne se mélangent pas beaucoup aux étudiants québécois. Ils indiquent que les étudiants étrangers ne sont pas isolés, mais qu’ils se retrouvent entre eux et plus encore entre étudiants de même origine ;
  • les participants ont soulevé que la durée du séjour est un facteur défavorable à l’intégration des étudiants internationaux qui ne sont généralement que de passage ;
  • Selon les étudiants hôtes interrogés, l’UQAC devrait se responsabiliser face à la promotion des interactions interculturelles dans la communauté universitaire.

Recommandations

L’auteure souligne que si plusieurs efforts ont déjà été déployés pour contribuer à l’intégration des étudiants internationaux à l’UQAC, beaucoup reste à faire et ce, auprès des différents acteurs de la communauté d’accueil. En ce sens, elle recommande :
  • une élaboration et la mise en place d’une politique officielle de l’établissement sur l’accueil, l’encadrement et l’intégration des étudiants étrangers, qui permettraient de définir les rôles et responsabilités de chaque acteur impliqué dans le processus, de les mobiliser et ainsi d’améliorer la concertation ;
  • une augmentation des occasions de contacts et des lieux de discussion entre étudiants hôtes et internationaux. Le contact fréquent avec les individus d’une culture différente, bien que non suffisant à lui seul, est reconnu pour faire diminuer l’anxiété et augmenter des attitudes interculturelles positives ;
  • un effort sur le partage, l’échange et la diffusion d’informations sur ce que sont et ne sont pas les mécanismes d’exclusion (racisme, discrimination, ethnocentrisme, etc.) en vue de démystifier ceux-ci tout comme la réalisation d‘activités visant à faire connaître les réalités vécues par les étudiants étrangers.
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