La chercheure Sophie Massin (Université d’Artois, France) a récemment publié un article portant sur l’utilisation des ressources numériques fournies en accompagnement d’un cours de première année universitaire.
En effet, l’enseignant peut avoir répertorié les meilleures ressources du monde, si les étudiants ne les consultent pas, la mise à disposition de ces ressources n’aura aucun effet sur l’apprentissage des étudiants et sur leur réussite.
Les données de cette étude proviennent
de connexions à la plateforme numérique d’une classe regroupant plus de 300
étudiants dans une université française « de proximité ». Outre les
statistiques descriptives, la chercheure propose une analyse des déterminants
de la consultation des ressources numériques en s’appuyant sur une méthodologie
statistique.
Principaux résultats
Alors que la chercheure Cathia Papi (2012) cherchait des pistes de réponse en interrogeant les étudiants, Massin cherche des éléments éclairants en analysant leurs comportements, tels qu’enregistrés par la plateforme numérique. Cette démarche permet entre autres d’éviter les biais de déclaration des étudiants.
Une consultation instrumentale
Dans l’ensemble, les résultats de
Massin montrent qu’une grande majorité d’étudiants consultent des ressources
numériques mises à leur disposition, mais qu’ils le font, pour la plupart, dans
une perspective très instrumentale.
En effet, les ressources les plus consultées ne sont pas nécessairement celles que l’on aurait crues les plus attirantes; les diaporamas de support de cours sont largement en tête, particulièrement avant les examens.
Les caractéristiques de l’étudiant
Les caractéristiques individuelles semblent peu jouer sur la consultation des documents. La seule variable jouant un rôle significatif dans tous les modèles statistiques est la moyenne générale de l’étudiant ; il en ressort que les étudiants ayant des bonnes notes consultent plus de ressources.
Enfin, le fait de provenir de l’enseignement supérieur général, c’est-à-dire d’avoir été en licence ou en classe préparatoire aux grandes écoles l’année précédente, semble favoriser la consultation des ressources. Cela pourrait traduire le fait que ces étudiants ont acquis une plus grande autonomie dans leur travail d’apprentissage.
Les éléments liés à la « carrière » des étudiants et à leurs différentes trajectoires sont donc importants à prendre en compte.
Les caractéristiques des
documents
Les textes sont le type de support complémentaire le plus consulté et les vidéos sont le type le moins consulté. Cela peut sembler contre-intuitif dans la mesure où l’on imagine plus les étudiants regarder des vidéos que lire des textes.
Ce résultat est cependant cohérent avec celui de Papi (2012) : dans son enquête, les PDF ont tendance à être préférés par les étudiants aux vidéos, essentiellement pour des raisons de rapidité d’accès à l’information recherchée.
Selon Massin, un examen plus
qualitatif permettrait de réaliser une analyse critique des différentes
ressources proposées et de leurs modalités de présentation par les enseignants.
Les usages des étudiants mériteraient aussi d’être approfondis, tant en ce qui
concerne les facteurs explicatifs de la consultation des ressources que ce qui
se cache concrètement derrière la « consultation » d’une ressource et
ce que cela implique en matière d’apprentissage.
