La firme Deloitte a été mandatée par Colleges Ontario afin de produire une analyse des coûts-bénéfices concernant le soutien offert aux étudiants non traditionnels. Le rapport produit comprend également une analyse des tendances actuelles et une réflexion pour la suite des choses. L’étude produite par Deloitte repose sur les données financières fournies par les 24 collèges publics ontariens et sur des statistiques provenant de sources jugées fiables afin d’établir un modèle coûts-bénéfices. Des entretiens en profondeur ont également été menés auprès de neuf de vice-présidents aux affaires étudiantes.

Les étudiants non traditionnels et les collèges ontariens

Chaque année, ce sont plus de 500 000 étudiants qui sont servis par les collèges ontariens. Parmi eux, on retrouve un nombre croissant d’étudiants en situation de handicap, d’origine autochtone ou issus de l’immigration ainsi que d’étudiants-parents. Le soutien que les collèges offrent à ces étudiants s’est accru au fil des dernières années afin de pouvoir remplir leur rôle en matière d’éducation et de formation de la main-d’œuvre. Se faisant, les collèges croient que leur mandat s’est élargi de façon marquée et notent que les efforts supplémentaires qui sont fournis ont un coût.

Les principaux résultats

La recherche conduite par Deloitte a fait ressortir que:
  • Les demandes de soutien de la part des étudiants non traditionnels (plus à risque) sont en augmentation dans les collèges, tout comme les attentes envers ces établissements postsecondaires. Les étudiants non traditionnels représenteraient maintenant 35 % des étudiants inscrits. La complexité croissante des problèmes en présence cause une augmentation de la pression sur le collège.
  • Les coûts relatifs au soutien sont aussi en augmentation. Les coûts directs pour soutenir les étudiants à risque sont en progression dans les collèges. Les sommes consenties par le gouvernement pour ce besoin spécifique ne suffisent pas de sorte que des fonds normalement alloués à d’autres fins doivent être utilisés.
  • La pression s’accentue en ce qui concerne le financement des étudiants à risque, même si les résultats s’améliorent. Les sommes prévus pour financer les étudiants sont de plus en plus liés à des catégories très spécifiques ce qui affecte la flexibilité des collèges lorsque vient le temps de décider de l’allocation des ressources. Toutefois, l’écart entre les étudiants réguliers et les étudiants à risque, en matière de réussite, tend à se rétrécir. Cela est notamment attribuable à de meilleures perspectives d’emploi pour ces derniers.
  • Plusieurs voies d’innovation sont déjà explorées. Les collèges puisent déjà dans les fonds prévus pour le fonctionnement général et les programmes académiques afin de fournir de meilleurs services aux étudiants non traditionnels. Cette approche n’est pas durable. Les collèges optent donc pour des approches plus proactives et holistiques. Le personnel ainsi que les enseignants sont davantage interpelés afin de joindre l’effort collectif.

Les voies présentant du potentiel

Différentes voies présentant des opportunités ont été identifiées. Plusieurs d’entre elles proviennent des collèges eux-mêmes. Ces voies peuvent être regroupées en quatre thèmes principaux :
  1. Améliorer la collaboration avec les collèges dans la gestion des mandats complexes. Un accroissement de la collaboration est de mise entre les collèges, le ministère de l’Éducation, les autres ministères, les groupes communautaires, notamment par l’établissement de projets pilotes visant à tester de nouvelles approches et à partager des ressources entre établissements.
  2. Interpeler de façon proactive les parties prenantes dans le développement et la modification des politiques publiques. Cela peut se faire en impliquant les collèges dans le développement de politiques publiques et en impliquant les enseignants et le personnel dans le soutien aux étudiants.
  3. Mettre l’accent sur les approches préventives et les modèles de financement durables. Les collèges doivent faire des représentations auprès des autorités afin que soit encouragé un soutien aux étudiants plus proactif et qu’un financement plus durable soit promu.
  4. Améliorer la transition entre le niveau secondaire et postsecondaire. Cela peut se faire en encourageant le ministère de l’Éducation à modifier les programmes au niveau secondaire afin qu’ils s’ajustent mieux aux exigences du postsecondaire.
Le rapport conclut en admettant que certains des enjeux ne sont pas tout à fait nouveaux. Cela dit, la capacité des collèges à offrir un soutien à ces étudiants à risque, dans la longue durée, est en péril. Le groupe des étudiants non traditionnel est en forte croissance. La capacité de ses étudiants à développer les compétences nécessaires pour les études postsecondaires et pour le futur marché de l’emploi dépend de façon marquée du soutien non académique offert par les collèges.