L'édition 2018 du Rapport sur l’égalité des genres, élaborée par l’équipe du Rapport mondial de suivi sur l’éducation soutenue par l'UNESCO, soutient que l’inégalité des genres revêt d'autres formes que la stricte parité dans les taux de scolarisation. La sixième édition du document met l’accent sur les différentes manifestations de l’inégalité des genres dans l’éducation, du primaire à l’enseignement supérieur.  Le rapport rappelle que les pays se sont engagés par des traités internationaux à défendre le droit des femmes et des filles à l’éducation. Pour tenir ces engagements, les gouvernements doivent mettre en place des lois et des politiques qui lèvent les obstacles restreignant l’accès des femmes et des filles à l’école, du primaire à l’université. Or, « la discrimination et les rapports de force déséquilibrés » entre les sexes sont profondément enracinés. Selon le rapport, la pleine réalisation du potentiel humain ne sera pas possible tant que la moitié de l’humanité continuera de se voir refuser la plénitude de ses droits humains et de ses chances de recevoir une éducation émancipatrice.

Indicateurs d’inégalités de genre

Des indicateurs sont identifiés dans six domaines : les possibilités d’éducation, les normes-valeurs-attitudes liées au genre (dont bon nombre peuvent être influencées par l’éducation), les institutions extérieures au système éducatif, les lois et politiques éducatives, l’affectation des ressources et les pratiques d’enseignement et d’apprentissage.  

Indicateurs potentiels d’inégalités entre les genres dans l’éducation, par domaine (source : Rapport mondial de suivi sur l’éducation (2018). Tenir nos engagements en faveur de l’égalité des genres dans l’éducation, UNESCO)

 
Possibilités d’éducation Indice de parité entre les sexes pour les taux de scolarisation, de transition et d’achèvement et les résultats d’apprentissage.
Normes, valeurs et attitudes liées au genre Décisions relatives à la santé sexuelle et reproductive, autonomisation des femmes, violence familiale, décisions relatives aux dépenses du ménage : • Pourcentage de la population âgée de 20 à 24 ans mariée avant l’âge de 18 ans • Pourcentage de femmes âgées de 20 à 24 ans ayant donné naissance à un enfant vivant entre 15 et 18 ans ou avant • Etc.
Institutions extérieures au système éducatif  Législation interdisant la discrimination fondée sur le sexe : • La constitution comporte-t-elle au moins une approche d’égalité des sexes? • Résultats de l’indice Institutions sociales et égalité homme-femme (ISE) • Etc.
Lois et politiques éducatives  Garanties du droit à l’éducation pour les filles et les femmes : • La constitution protège-t-elle le droit à l’éducation quel que soit le sexe ? • Le pays dispose-t-il d’une politique d’égalité des sexes dans l’éducation ?
Affectation des ressources  Parité entre les sexes en matière de rémunération des enseignants, formation et de matériel d’apprentissage, etc.
Pratiques d’enseignement et d’apprentissage  Attitudes et interactions des enseignants et des élèves en lien avec le genre : • Pourcentage d’enseignants ayant été formés à la prise en compte de l’égalité des sexes • Pourcentage de pays intégrant des thèmes liés à l’égalité des sexes dans leurs programmes scolaires (discrimination fondée sur le sexe, rôles des hommes et des femmes, etc.).

Grands constats en enseignement supérieur

Les auteurs du rapport soulignent le fait que si un plus grand nombre de pays ont atteint la parité entre les sexes, des disparités subsistent, en particulier dans l’enseignement supérieur : 

  • Les femmes forment la majorité des diplômés au niveau supérieur, mais sont sous-représentées parmi les diplômes obtenus dans les filières des sciences, de la technologie, de l’ingénierie et des mathématiques. Les seuls pays où une majorité de femmes est représentée dans ces filières sont l’Algérie, la Tunisie et l’Albanie. En Algérie, 63 % de l’ensemble des diplômes du supérieur et 54 % des diplômes des filières des sciences, de la technologie, de l’ingénierie et des mathématiques sont obtenus par des femmes ;
  • De manière générale, les pays les plus riches sont plus susceptibles d’atteindre la parité entre les genres ;
  • À la suite de leur diplomation, les femmes sont confrontées à un plafond de verre dans les postes de direction dans les écoles et les universités, et ce, partout dans le monde.

Au sujet du dernier constat, les auteurs du rapport notent qu’en 2009, seuls 13 % des établissements des 27 pays de l’Union européenne étaient dirigés par des femmes. Une enquête menée dans les pays du Commonwealth montre qu’en 2006, 9 % des 107 établissements d’enseignement supérieur d’Inde étaient dirigés par des femmes, et seulement 1 % des 81 établissements d’enseignement supérieur dans les pays anglophones d’Afrique subsaharienne. Les proportions augmentaient pour les postes de niveau inférieur : en Inde, 20 % des doyens et 23 % des chefs ou directeurs de département étaient des femmes, et dans les pays anglophones d’Afrique subsaharienne, les femmes exerçaient 13 % des fonctions de doyen et 18 % des fonctions de chefs ou directeurs de département.

Sur le plan de l’enseignement universitaire, 18 % de l’ensemble des professeurs d’université d’Europe sont des femmes, comparativement à 26 % en Inde et à 27 % en Australie.

Des pratiques inspirantes

Le rapport fait aussi état de pratiques, politiques et lois partout dans le monde qui contribuent à lever en partie les obstacles rencontrés par les femmes en enseignement supérieur.

Parmi celles-ci, retenons la campagne #HeForShe, lancée par ONU Femmes en 2014,  qui invite les hommes à devenir des agents du changement et à contribuer à la réalisation de l’égalité des genres. Dans le cadre de cette campagne, le projet Impact 10x10x10 a encouragé dix gouvernements, dix entreprises et dix universités à s’engager publiquement pour l’égalité des genres.

Les dix champions de l’enseignement supérieur se sont engagés à mettre en œuvre des cursus sensibles à la dimension de genre et à concevoir des programmes traitant du sexisme dans leurs universités.