Si les cours en ligne bonifient le parcours de plusieurs étudiants en enseignement supérieur, ils ne favorisent pas nécessairement l’inclusion des plus marginalisés, selon Erin Clow et Klodiana Kolomitro de Queen's University. Les cours en ligne sont-ils le meilleur choix pour accommoder un vaste éventail d’étudiants et d’enseignants ? Dans un récent article d’Affaires universitaires (version anglophone), les auteurs remettent en question non pas la pertinence de la formation en ligne, mais bien sa capacité à favoriser davantage l’inclusion que la classe présentielle.

Écart entre le discours et la pratique

L’apprentissage en ligne a connu une croissance phénoménale au cours de la dernière décennie et le nombre d’étudiants inscrits à des cours en ligne continue d’augmenter. En théorie, la formation à distance offre de nombreuses possibilités de mettre en pratique une éducation inclusive :
  • elle permet d’atteindre un nombre illimité d’étudiants de partout, à n’importe quel moment ;
  • les apprenants ont la liberté de travailler à leur propre rythme et de construire leur propre parcours d’apprentissage;
  • elle constitue une option pratique et flexible à la fois pour les professeurs et les étudiants.
Or, l’inclusion d’apprenants qui seraient exclus ou marginalisés dans l’enseignement supérieur est beaucoup plus multidimensionnelle que les possibilités décrites ci-dessus. En effet, selon les auteurs qui sont aussi enseignants de cours en ligne, la réalité est que les interactions entre étudiants, entre enseignants et entre étudiants et enseignants sont limitées, ce qui peut générer un sentiment d’isolement et un manque de liens à la fois pour les étudiants et le corps professoral.

L’inclusion, un phénomène nuancé

D’après ce que Clow et Kolomitroa ont vécu et observé, l’inclusion dans l’apprentissage est un phénomène nuancé. Par exemple, dans un environnement en ligne, c’est l’enseignant qui établit les règles (la nétiquette), qui sont rarement discutées et qui peuvent amener certains étudiants à se sentir marginalisés. Cela peut avoir pour effet de décourager leur apprentissage en profondeur tout au long du cours. Dans une classe présentielle, les règles sont souvent établies dans le cadre d’un processus de collaboration où les étudiants et le corps professoral sont activement engagés, ce qui favorise l’apprentissage.  Dans la plupart des cours en ligne, les enseignants ne peuvent pas voir les expressions faciales des étudiants, ni entendre le ton de leur voix ; par conséquent, le message peut être mal communiqué, mal compris et mal interprété, et certains étudiants se sentir exclus. De plus, les valeurs d’équité, d’empathie, d’acceptation, de respect et de responsabilité envers d’autres personnes peut demeurer fortement abstrait dans un environnement en ligne.

Isolement du corps professoral

L’une des grandes joies d’être membre du corps professoral est, selon Clow et Kolomitroa, de faire partie d’une communauté de pratique d’enseignants. Il est alors possible non seulement de discuter d’enseignement et d’apprentissage, mais aussi d’observer de façon informelle les pratiques d’enseignement des collègues et de leur offrir une rétroaction. Or, en tant qu’éducateur en ligne, une grande partie du travail se fait de façon isolée, devant un écran d’ordinateur, à partir de n’importe quel endroit avec une connexion Internet. Bien que cela procure souplesse et liberté, des sentiments de détachement et d’aliénation par rapport aux collègues, aux étudiants et à l’établissement peuvent aussi être vécus par les éducateurs en ligne. Les auteurs concluent donc qu’au lieu d’être considérée comme une caractéristique inhérente à l’apprentissage en ligne, l’inclusion à la fois des étudiants et des enseignants doit être poursuivie de manière intentionnelle et continue.   Pour accéder directement à l’article d’Affaires universitaires (version anglophone)