Le Centre for Innovation in Campus Mental Health (CICMH) a récemment publié un document qui explore les enjeux actuels liés à la consommation de cannabis, dont la légalisation est prévue cet automne. Le guide est le fruit d’une collaboration du CICMH avec le Programme de soutien du système provincial de l’Ontario (PSSP) et de l’Association canadienne de santé mentale – section Ontario. Il s’adresse plus spécifiquement aux professionnels des campus collégiaux et universitaires canadiens qui travaillent avec des étudiants et qui cherchent des informations utiles dans le cadre de leur pratique d’accompagnement.

Principes directeurs

Bien que ce guide se fonde sur les approches visant à réduire les méfaits du cannabis et les risques qui y sont associés, les auteurs précisent qu’il est nécessaire d’aborder de manière plus large les enjeux de santé mentale, de la consommation d’alcool et d’autres drogues et du mieux-être sur les campus, y compris parmi le corps professoral et le personnel. De plus, ce guide ne constitue pas un avis juridique ou normatif concernant la législation de l’usage du cannabis, chaque établissement d’enseignement postsecondaire ayant des spécificités et des règlements qui lui sont propres. Enfin, parce qu’il se fonde sur une enquête anonyme d’évaluation des besoins de 58 établissements d’enseignement postsecondaire de l’Ontario, le guide ne peut refléter les particularités des systèmes d’éducation de chaque province.

Trois sections

Le document de 33 pages se divise en trois parties :
  1. La première section permet de mieux comprendre le cannabis, le contexte ontarien et la consommation d’alcool et d’autres drogues. Elle offre également une description des troubles liés à la consommation d’alcool, de cannabis et d’autres drogues.
  2. La deuxième section porte sur les raisons pour lesquelles les étudiants consomment ou ne consomment pas de cannabis, les effets de la consommation de cannabis sur le cerveau chez les adolescents et des jeunes adultes, de même que sur le lien entre la consommation de cannabis et la santé mentale. Cette partie s’intéresse aussi aux effets de la stigmatisation et aux stratégies que les professionnels des campus peuvent utiliser pour réduire les méfaits lorsqu’ils interagissent directement avec les étudiants.
  3. La troisième section présente des mesures concrètes pour l’élaboration d’un cadre de travail sur l’usage du cannabis à l’échelle du campus afin de réduire les méfaits.

Santé mentale sur les campus

L’une des sections intéressantes du guide concerne la consommation de cannabis comme facteur de risque dans le développement de troubles mentaux, dont la psychose,  la schizophrénie et la dépression (p. 14). Les auteurs font également état des facteurs de protection comme l’éducation, le réseau social, la présence familiale, etc. L’un de ces facteurs est l’environnement du campus, soit :
  • la présence d’approches et de stratégies visant à réduire (et non à éliminer) la consommation d’alcool et d’autres drogues ;
  • l’accès à des service de soutien sur les campus ;
  • des relations positives avec les enseignants ;
  • un environnement sain valorisé sur le campus ;
  • la possibilité de participer à des activités sur le campus.
Selon les auteurs, la création d’un nouveau cadre légal pour le cannabis au Canada offre une occasion unique d’encourager la dé-stigmatisation de la consommation d’alcool et d’autres drogues, afin que les étudiants puissent en parler ouvertement et prennent des décisions éclairées sur leur consommation (ou non) de substances psychoactives. La stigmatisation, qui s’immisce parfois dans le langage courant, constituerait d’ailleurs l’un des principaux obstacles à l’accès au traitement des dépendances aux drogues (p. 16). Les auteurs invitent donc les professionnels œuvrant sur les campus a utilisé un langage neutre (par exemple, un consommateur de cannabis versus un « accro au pot ») dans leur pratique d’accompagnement des étudiants. Pour consulter le guide du CICMH