L'exercice de la cartographie réflexive permet d'aider les étudiants à identifier leurs compétences transférables, en vue d'une transition réussie vers le monde du travail. Il s'agit d'un outil de découverte de soi dans une perspective socioprofessionnelle.
 
Sue Harton, conseillère pédagogique au Centre for Teaching, Learning and Technology de l’Université de la Colombie-Britannique, a récemment publié dans la version anglophone d’Affaires Universitaires un article qui décrit son expérience de l’exercice de cartographie réflexive avec vingt étudiants. Issus de disciplines variées – de l’ingénierie à la promotion de la santé en passant par les études sur le genre -, les étudiants ont participé à cet atelier à l’Université Simon Fraser dans le cadre d’une série d’activités visant à les aider à reconnaître leurs compétences et à acquérir de la confiance en eux.

Une vision constructiviste

Développé en partenariat avec le Services d’orientation professionnelle et le Bureau des études supérieures et postdoctorales, les ateliers APEX visent à introduire une vision constructiviste de la carrière, dans un contexte où les trajectoires socioprofessionnelles ne sont plus linéaires. Conséquemment, les étudiants participants peuvent s’engager dans un processus de découverte de leur carrière, en donnant un sens à leurs expériences de travail passées, leurs intérêts et en arrimant leurs objectifs futurs à un fil conducteur dans leur parcours. Il s’agit donc d’un outil de découverte de soi dans une perspective socioprofessionnelle.
 
En plus de s’appuyer sur une vision constructiviste de la carrière, l’exercice développé se fonde sur l’idée que les étudiants sont les mieux placés pour identifier les compétences dont ils disposent. Cependant, ils peuvent avoir besoin d’être accompagnés pour reconnaître les compétences acquises au fil du temps à l’université, dans le but de les expliquer ensuite à de futurs employeurs.

Une technique narrative et créative

La cartographie réflexive est liée à l’exercice River of Life, utilisé en travail social et en counseling. Concrètement, des animateurs donnent le ton de l’activité et discutent des attentes des participants, qui ne sont pas tous habitués à l’élément créatif de l’exercice.
 
Chaque étudiant est assis à une table et possède un grand carton ainsi qu’un ensemble de marqueurs multicolores. Les animateurs posent des questions de réflexion et les étudiants répondent sur leur carton au fur et à mesure. L’exercice est divisé en trois périodes de temps : le présent, le passé et le futur. Le premier questionnement peut être de cet ordre :
 
« Pensez à toutes les activités qui composent votre monde à l’heure actuelle. Cela peut inclure le travail rémunéré, le bénévolat, le travail de recherche, l’écriture ou l’engagement dans des associations ; cela comprend aussi votre vie à la maison, comme le fait d’être parent ou de s’occuper de membres de votre famille ; vos passe-temps ou vos intérêts parascolaires. De quoi est composé votre monde en ce moment ? »
 
À l’aide d’une série de questionnements guidés, les étudiant effectuent un remue-méninges sur leur carton. Des questions sont ensuite posées pour les aider à analyser divers aspects de leurs divisions passé/présent/avenir. Au fur et à mesure qu’ils passent d’une période à l’autre, ils commencent à établir des liens entre leurs expériences, les choses qu’ils aiment et dans lesquelles ils se sentent compétents.
 
La cartographie les aide à se concentrer sur ce qui est important pour eux en identifiant les similitudes d’une expérience à l’autre. L’activité leur permet donc de valoriser leurs expériences passées, même s’ils les jugeaient non professionnelles au départ.
De fait, les étudiants peuvent percevoir leurs expériences comme étant aléatoires, déconnectées les unes et des autres et sans lien avec le monde du travail « réel ». En effectuant l’exercice, ils réalisent qu’ils sont plus que des étudiants, que leurs expériences académiques comptent, qu’ils sont hautement qualifiés et qu’ils ont construit une carrière au fil du temps – sans nécessairement s’en rendre compte.

Des effets positifs

Une fois leur confiance établie, les étudiants sont mieux préparés pour parler de leurs compétences et de leurs talents. Parmi ceux qui terminent la série d’ateliers de l’APEX , l’exercice de cartographie est régulièrement cité comme un point clé de leur apprentissage. Des effets positifs sur les étudiants de toutes les disciplines ont été observés : même ceux qui résistent légèrement à l’exercice s’échauffent habituellement au fur et à mesure que leur carte commence à prendre forme. Comprendre, avoir un pas de recul, établir un fil conducteur, revoir son parcours : tout cela renforce la confiance des étudiants, ce qui est parfois ce qu’il faut pour réduire l’anxiété face à l’insertion socioprofessionnelle et permettre un état d’esprit plus positif.