Dans cet article paru dans la Revue de psychoéducation, les chercheuses Stéphanie Hovington et Sarah Dufour proposent un bilan des pratiques à privilégier pour la formation pratique des futur·es psychoéducateur·trices. Le stage apparait déterminant pour l’insertion et le développement de l’identité professionnelle. Les chercheuses font le point sur ce que représente le stage dans le parcours étudiant de 1er et de 2e cycles, et sur l’accompagnement et la supervision essentiels au processus.

À partir des sites Web des universités québécoises, des documents de l’Ordre des psychoéducateurs et psychoéducatrices du Québec (OPPQ) et du point de vue de six professionnel·les en charge des stages, les chercheuses Stéphanie Hovington, professeure à l’Université Laval, et Sarah Dufour, professeure à l’Université de Montréal, décrivent – dans cet article de la Revue de psychoéducation – les particularités des stages en psychoéducation au baccalauréat et à la maitrise et focalisent ensuite sur l’importance de l’accompagnement et de la supervision dans la réussite d’un stage.

L’insertion professionnelle par le stage

Dans le programme d’études universitaires de psychoéducation, le stage est au cœur de la formation pratique. La force de ce type de formation repose sur le fait que les étudiant‚··es se retrouvent au cœur de situations professionnelles réelles, où ils ou elles peuvent apprivoiser les habiletés et les attitudes requises à la profession. L’étudiant·e apprend à :

« devenir psychoéducateur, et c’est principalement dans le cadre des stages qu’il confronte son identité professionnelle et la mobilise ».

(Van Nieuwenhoven et Van Mosnenck, 2014, dans Hovington et Dufour, 2021, p. 229)

Le stage représente le début de leur insertion professionnelle, de façon progressive et accompagnée.

Stage de 1er et de 2e cycles : quelques distinctions

La formation universitaire de 1er et de 2e cycles est organisée en référence constante au Profil des compétences générales des psychoéducateurs et psychoéducatrices (OPPQ, 2018).

« Le but est de favoriser le développement des compétences et des attitudes professionnelles en développant un esprit d’analyse et une méthode clinique, et en réfléchissant aux enjeux personnels qui influencent le savoir-être et les actions professionnelles. »

(Hovington et Dufour, p. 232)

Au baccalauréat, le stage représente une phase :

  • de familiarisation et d’acquisition des savoir-être;
  • d’initiation aux différents milieux de pratiques par des contacts directs et indirects.

À la maitrise, les stages permettent :

  • d’accéder à l’ordre des psychoéducateurs et psychoéducatrices du Québec;
  • une plus grande prise en charge et implication auprès de la clientèle et des actes professionnels;
  • de développer leurs compétences professionnelles (relatives à l’évaluation, à la déontologie, etc.).

« Le stage devient un lieu privilégié d’expérimentation, de réflexion, et d’affirmation de soi professionnel ; il contribue à l’acquisition d’une image forte de la profession et de ses exigences. »

(Van Nieuwenhoven et Van Mosnenck, 2014, dans Hovington et Dufour, 2021, p. 226)

Au premier et au deuxième cycles, les chercheuses soulignent qu’une plus grande variété de milieux de stage est souhaitable afin de diversifier l’expérience développée avec diverses clientèles (centres de services scolaires, réseau public de santé et de services sociaux, organismes communautaires, clinique privée, etc.).

La force de la triade accompagnateur·trice – superviseur·euse – stagiaire

Peu importe le niveau, l’université et l’unité de formation, le ou la stagiaire est encadré·e  par une équipe appelée « triade ».

Image : Canva
  • Le modèle tripartite est favorable à la réussite;
  • Le partage qui s’effectue est nécessaire et optimal : outils et objectifs de formation, méthodes d’encadrement, etc.;
  • Les rôles relatifs aux accompagnateur·trices et superviseur·euses sont encore flous;
  • La réciprocité entre les acteur·trices impliqué·es est souhaitable.

L’accompagnateur·trice, expert·e en psychoéducation, offre un appui contextualisé grâce à sa compréhension en profondeur des besoins de la clientèle. Il ou elle agit sur l’insertion et sur la socialisation (Leroux, 2019, dans Hovington et Dufour, 2021).

Le ou la superviseur·se a comme rôle d’aider le ou la stagiaire à faire des liens entre sa pratique et les enjeux plus larges de la psychoéducation. Il ou elle représente une personne médiatrice entre le milieu de pratique et l’université.

Les défis et les enjeux de la supervision

Par sa fonction pédagogique et de soutien individuel ou collectif, l’échange relatif à la supervision permet de découvrir d’autres points de vue et de favoriser une pratique réflexive chez le ou la stagiaire.

Par un accompagnement sur mesure, à mesure et complémentaire au stage, les activités pédagogiques de supervision et d’évaluation (situations authentiques, analyse de cas, lectures dirigées, codéveloppement, etc.) favorisent ainsi l’apprentissage, le sens critique et l’approfondissement des connaissances.

Les chercheuses proposent, pour conclure leur article, une revue sommaire des défis et des enjeux relatifs à la supervision de stage et émettent des recommandations quant à l’importance de poursuivre l’amélioration des stages pour optimiser la formation en psychoéducation. Elles recommandent notamment d’encourager davantage le processus de formation des accompagnateur·trices et des superviseur·euses.

Références 

Hovington, S. et Dufour, S. (2021). Pratiques et enjeux des stages en psychoéducation dans les universités québécoises. Revue de psychoéducation, 50(2), 223-244.

Ordre des psychoéducateurs et psychoéducatrices du Québec (OPPQ) (2018). Le référentiel de compétences lié à l’exercice de la profession de psychoéducatrice ou psychoéducateur au Québec. Ordre des psychoéducateurs et des psychoéducatrices du Québec.