Une équipe de recherche interdisciplinaire (éducation et counseling, politiques publiques en santé, santé communautaire et environnementale) propose un cadre d’intervention de groupe fondé sur la pleine conscience dans la nature.

L.A. Vitagliano, K.L. Wester, C.T. Jones, D.L. Wyrick et A.L. Vermeesch, de l’University of North Carolina (États-Unis), présentent les résultats de leur recherche dans l’article intitulé Group Nature-Based Mindfulness Interventions : Nature-Based Mindfulness Training for College Students with Anxiety, paru dans l’International Journal of Environmental Research and Public Health.

Selon les chercheuses et les chercheurs, les interventions de groupe basées sur les théories de la « pleine conscience » ont montré leur efficacité pour réduire l’anxiété, mais elles sont souvent mobilisées de manière isolée, sans lien avec les modèles basés sur la nature et l’environnement (p.1).

L’équipe de recherche a donc créé un cadre d’intervention de groupe basé sur la pleine conscience et conçu pour être appliqué dehors, dans la nature, en vue de réduire l’anxiété de la population étudiante.

Qu’est-ce que le Nature-Based Mindfulness Training (NBMT) ?

D’une durée de 90 minutes, le modèle NBMT intègre à la fois les théories de la pleine conscience et de l’attention, tout en proposant un contenu psychoéducatif à 8 à 12 personnes participantes, de même qu’une expérience structurée d’interactions entre elles (p.8).

Les discussions de groupe favorisent le sentiment d’appartenance à la communauté étudiante (p.8). La création de liens sociaux permet aux personnes participantes de réaliser qu’elles ne sont pas seules à vivre avec l’anxiété (ibid.).

Des compétences concrètes — recentrer son attention, par exemple — sont mises en pratique pendant l’intervention en vue d’être intégrées dans la vie quotidienne (ibid.).

Deux personnes souriantes dans un environnement naturel.
Image : The Gender Spectrum Collection

L’intervention doit se réaliser dans un environnemental naturel (parc, jardin, arboretum, etc.) qui :

  • est facilement accessible à distance de marche ainsi qu’aux personnes ayant des limitations physiques ;
  • est éloigné des stimulus (circulation automobile, par exemple) ;
  • est près d’un abri en cas de mauvaise température (une structure, un auvent, etc.) ;
  • permet l’installation de sièges (chaises de camping, par exemple).

De plus, l’utilisation d’appareils électroniques doit y être proscrite pour éviter les distractions (ibid.).

Le déroulement de l’intervention de groupe

L’utilisation intentionnelle d’un journal lors d’une intervention est corrélée à une diminution des symptômes d’anxiété (Carpenter et al., 2019, dans Vitagliano et al., 2023, p.8).

Les personnes participantes reçoivent donc un journal et un crayon à utiliser tout au long de l’intervention. Les messages clés des activités expérientielles y sont présentés, laissant de l’espace pour écrire ou dessiner (ibid.).

Exercices réflexifs sur l’anxiété

La personne animatrice suit un guide structuré fournissant un contenu psychoéducatif. Elle dirige les activités expérientielles et facilite les discussions entre les membres du groupe en créant un climat de sécurité et de confiance (p.8).

Après les présentations des membres du groupe, la personne animatrice attire l’attention sur l’environnement naturel. Elle guide la discussion sur les expériences avec la nature des participants et des participants, et insiste sur les avantages de l’exposition à la nature pour réduire l’anxiété (p.9). Elle demande ensuite aux participants et aux participantes d’identifier leur anxiété lors d’une activité de dessin et d’écriture. Nommer une émotion augmenterait la capacité à l’apprivoiser (Siegel et Bryson, 2019, dans Vitagliano et al., 2023, p.10).

Il est ensuite demandé aux personnes participantes d’établir leur intention de participer à l’intervention de groupe afin pour qu’elles réfléchissent au but de leur participation et à des objectifs de vie plus larges (p.10).

La personne qui anime l’activité invite enfin les membres du groupe à prêter attention à leur expérience interne (pensées, émotions, sensations physiques) au moment présent, à les écrire dans leur journal et à partager les plus faciles et les plus difficiles à reconnaître (ibid.).

L’ancrage dans la nature

À plusieurs reprises pendant l’intervention, les personnes participantes sont invitées à se concentrer sur l’environnement immédiat, les environs et le monde naturel, ainsi qu’à partager leurs observations avec le groupe. Lors de ces exercices d’ancrage, il leur est demandé de noter leurs réponses dans leur journal (ibid.).

Une méditation guidée est également prévue pendant l’intervention. Cet exercice vise à s’ancrer dans la nature, mais également à se concentrer sur les intentions choisies envers les objectifs de vie plus larges des personnes participantes. La théorie ART (Attention Restoration Theory) est ici mobilisée pour souligner la réciprocité entre les intentions et la nature, de même que les composantes « attention, attitude et intention » des théories de la pleine conscience (p.11).

Principaux avantages de l’intervention NBMT

L’équipe de recherche identifie certains avantages d’une approche d’intervention fondée sur la pleine conscience en nature, notamment :  

  • Créer la sécurité et la confiance ;
  • Faciliter la prise de conscience interne et externe ;
  • Enseigner de nouvelles façons de connaître l’environnement naturel ;
  • Aider les personnes à trouver un sens à leur vie (p.11).

En tant que stratégie d’intervention, l’interaction sociale entre les membres du groupe est essentielle pour renforcer ces avantages (ibid.). Les gens peuvent apprendre un nouveau comportement en observant les autres, en observant, en retenant, en reproduisant et en identifiant les facteurs de motivation pour reproduire le comportement (Vahedi et al., 2020, dans Vitagliano et al., 2023, p.12).

Dans une intervention NBMT, la personne animatrice guide les membres du groupe vers une interaction sociale appropriée et favorise un environnement d’apprentissage sécuritaire en vue de préparer le terrain au partage des vécus expérientiels (p.12).

La personne animatrice est perçue comme étant accessible, fiable et positive, ce qui permet aux membres du groupe d’apprendre les uns des autres, d’accroître leur auto-efficacité et d’améliorer leur santé mentale (ibid.).

Pistes d’action pour les établissements

Dans un contexte où les collèges et les universités doivent maximiser les ressources et identifier des stratégies créatives pour valoriser une santé mentale positive sur les campus, une intervention NBMT semble une option attrayante et accessible à considérer, notamment parce qu’elle peut rejoindre un plus grand nombre de personnes que l’intervention individuelle (p.13).

Par conséquent, l’équipe de recherche suggère aux établissements d’enseignement supérieur d’intégrer des activités liant pleine conscience et nature et d’envisager ce type d’intervention de groupe comme un moyen efficace et durable de réduire l’anxiété chez la population étudiante (ibid.).

Référence

Vitagliano L.A., Wester K.L., Jones C.T., Wyrick D.L., Vermeesch A.L. (2023). Group Nature-Based Mindfulness Interventions: Nature-Based Mindfulness Training for College Students with AnxietyInternational Journal of Environmental Research and Public Health, 20(2). https://doi.org/10.3390/ijerph20021451