La présence des étudiants autochtones à l’Université du Québec à Montréal (UQAM) a été au cœur des discussions alors qu’on a procédé au lancement officiel d’un rapport de recherche intitulé «Expériences, politiques et pratiques d’intégration des étudiants.es autochtones à l’université : le cas de l’UQAM». C’est sur le site d’Actualité UQAM que l’on rapporte ce lancement qui a eu lieu le 27 mars dernier. Le rapport dont il est question vise à documenter la présence autochtone dans cet établissement d’enseignement de façon à mieux comprendre leurs besoins spécifiques.

Le fruit d’un travail en collaboration

Le rapport de recherche a été réalisé grâce à une collaboration entre une équipe de recherche de l’UQAM, menée par Laurent Jérôme, professeur au département de sciences des religions, et Léa Lefevre-Radelli qui y est doctorante et chargée de cours, ainsi que plusieurs organisations. Il y a d’abord le Cercle des Premières Nations de l’UQAM (CPNUQAM), puis le Conseil en éducation des Premières Nations et le Réseau pour la stratégie urbaine de la Communauté autochtone de Montréal, lesquels ont reçu l’appui du Service aux collectivités (SAC) de l’UQAM. Le travail effectué au sein de l’UQAM ne s’arrête pas là puisque la formation d’un groupe de travail sur la réconciliation avec les peuples autochtones a également été annoncée. Le mandat de ce groupe sera de se pencher sur des questions comme l’intégration de la culture autochtone au sein de l’université ainsi que la réussite des étudiants autochtones dans leur parcours universitaire. En ce qui concerne ce dernier point, le premier rapport que produira le groupe de travail devrait comporter une démarche qui vise la mise en œuvre et le suivi de mesures de soutien à la réussite des étudiants autochtones. C’est Hugo Cyr, le doyen de la Faculté de science politique, ainsi que trois autres membres qui composeront ce groupe. Les autres membres en question sont : Anne Latendresse (professeure, science politique), Ricardo Penafiel (chargé de cours, science politique) et Ximena Zottig (doctorante en biochimie). Le coordonnateur du CPNUQAM a également été invité à siéger.

Une population difficile à cerner

Les chiffres officiels concernant le nombre d’étudiants autochtones qui étudient à l’UQAM laissent à désirer, car ils n’incluent que les étudiants bénéficiant du Programme d’aide aux étudiants de niveau postsecondaire (PAENP) du gouvernement fédéral. La situation est la même dans les autres universités québécoises puisqu’aucun mécanisme de collecte de données local n’existe. Il y a également le fait que certains étudiants ne souhaitent pas être identifiés comme autochtones.

Les obstacles sont nombreux

Qu’il s’agisse des ruptures générationnelles liées au syndrome des pensionnats, de l’isolement social, de l’éloignement familial, de la perte de repère en milieu urbain, de l’absence structure d’accueil et d’intégration, les obstacles sont nombreux. Ces obstacles ont été documentés par l’équipe de recherche. Douze entretiens ont notamment été effectués auprès d’étudiants (4) et d’étudiantes (8) autochtones (actuels, récemment diplômés ou ayant étudié à l’UQAM depuis les années 1990). La barrière linguistique est un obstacle qui a été mentionné dans la recherche. Cela est particulièrement difficile pour les étudiants provenant de communautés éloignées dont le français n’est pas la première langue. Les étudiants de première génération éprouvent également beaucoup de difficulté. En fait, les étudiants autochtones qui s’inscrivent à l’université doivent à la fois s’adapter au milieu urbain et à la culture organisationnelle universitaire.

La motivation : un facteur déterminant, mais insuffisant

Léa Lefevre-Radelli souligne que pour ces étudiants, la motivation personnelle constitue un facteur déterminant, mais qui ne peut suffire à lui seul. Une section du rapport est d’ailleurs consacrée aux différents facteurs de réussite :
  • Motivation personnelle
  • Détermination
  • Rôle de modèle
  • Objectif personnel, mais aussi collectif
  • Accompagnement
  • Maîtrise des codes de la société majoritaire
  • Familiarité avec le milieu urbain
En ce qui concerne le soutien nécessaire, cela pourrait se faire notamment en leur garantissant une sécurité culturelle, soutiennent les auteurs. Les diverses recommandations que comporte le rapport incluent de nombreux outils permettant d’y arriver. Certaines traitent des politiques d’admission, par exemple. On y suggère notamment de réserver des places aux étudiants autochtones dans les programmes contingentés. Un système de soutien pour préparer la demande d’admission est également évoqué.

Les recommandations du rapport

Le rapport y va ainsi de plusieurs recommandations pour faciliter l’intégration de cette population :
  1. Créer un espace sécurisant dédié aux étudiants autochtones, qui pourrait prendre la forme d’un local distinct du bureau du Cercle des Premières Nations de l’UQAM.
  2. Engager des agents de soutien, eux-mêmes Autochtones ou possédant une bonne connaissance des réalités autochtones, pour répondre aux besoins académiques et personnels des étudiants.
  3. Adapter les politiques d’admission.
  4. Créer des ponts avec différents milieux [familles, communautés, cégeps].
  5. Permettre l’auto-identification de manière non-discriminatoire dans les formulaires d’admission.
  6. Développer des cours et des programmes d’études adaptés aux réalités autochtones ou portant sur des enjeux autochtones.
  7. Sensibiliser l’ensemble des membres du personnel et les étudiants aux réalités autochtones.
  8. Reconnaître la place des Autochtones à l’Université [politique institutionnelle].
Les auteurs de la recherche disent avoir confiance que les différents moyens mis de l’avant par l’UQAM permettront de favoriser l’accès aux programmes universitaires, la persévérance et la réussite scolaire.   Pour accéder directement à la nouvelle d’Actualités UQAM