L'organisme Indspire, voué à l'éducation des Premières Nations, Inuit et Métis du Canada, a récemment publié un rapport portant sur le point de vue des étudiants Autochtones sur leur expérience aux études postsecondaires.

À l’été 2018, Indspire a envoyé un sondage à 2000 étudiants postsecondaires membres des Premières Nations, Inuit et Métis du Canada. Le taux de réponse a été de 15 %, soit 290 personnes. Parmi celles-ci, 73 % étaient des femmes, 36 % avaient vécu presque toute leur vie dans leur communauté (50 % pour les Inuit), près de 50 % étaient inscrits à un programme d’études postsecondaires de premier cycle et 21 % évoluaient dans un milieu spécialement conçu pour les Autochtones.

L’analyse de ce sondage par l’équipe d’Inspire se retrouve dans un rapport intitulé Truth and Reconciliation in Post-Secondary Settings: Student Experience.

Quelques constats

Ressources financières

Les répondants soutiennent qu’il existe un manque de ressources financières pour l’éducation postsecondaire autochtone et pour les services sur le campus pour les Autochtones. Certains étudiants ont vécu un conflit entre les dates de dépôt des demandes, conflit qui les a empêchés de terminer leurs études. Ils recommandent une meilleure communication entre les services financiers et les conseils de bande.

Plus important encore, les répondants ont identifié un besoin critique de financement qui tienne compte de leurs besoins d’une manière holistique. Certains étudiants-parents, qui n’ont pas de famille ou d’amis à pour les aider à s’occuper de leurs enfants, se sont ainsi rendus à l’école avec ces derniers, parce qu’ils n’avaient pas d’autre option.

Culture, identité, appartenance

Les répondants ont exprimé un fort besoin de valorisation des langues et des pratiques autochtones. Plusieurs ont souligné le rôle essentiel des aînés pour les aider dans leur vie quotidienne sur les campus.

Ceux et celles qui ont fait des études postsecondaires dans des établissements autochtones parlent de façon plus positive de leur expérience, en référant à la présence d’Autochtones parmi leurs pairs et au fait que leur culture soit considérée comme une priorité plutôt qu’un accommodement.

Personnel enseignant et de soutien

Les répondants ont dit se sentir dévalorisés lorsque que les enseignants et conseillers dans les établissements postsecondaires n’avaient pas la connaissance des peuples autochtones, notamment sur les points suivants :

  • l’histoire les contributions des Premières nations, des Inuit et des Métis;
  • le colonialisme;
  • la Loi sur les Indiens;
  • le système des pensionnats indiens;
  • le travail de la CVR.

Isolement et marginalisation

Parmi les répondants, 45 % d’entre eux affirment avoir fait l’expérience du racisme, d’un sentiment d’isolement ou de marginalisation.

Les étudiants ont répété à maintes reprises qu’ils étaient plus à l’aise dans les centres étudiants, les groupes et les espaces autochtones. La très grande majorité d’entre eux ont indiqué que les services de soutien pour les Autochtones ont joué un rôle déterminant dans le fait de se sentir bienvenus sur le campus.

Recommandations

L’organisme Indspire recommande un financement durable pour la dotation en personnel en éducation postsecondaire et pour les étudiants Autochtones, notamment à travers les organisations des Premières Nations, Inuit et Métis.

De plus, l’organisme soutient que la mise en place des appels à l’action de la CVR exige une évaluation continue. Cela pourrait se faire notamment à travers un programme permanent de suivi rendant compte de l’expérience des Autochtones eux-mêmes.

Consulter le rapport Truth and Reconciliation in Post-Secondary Settings: Student Experience d’Indspire