À la suite d’une revue systématique de littérature, une équipe de recherche américaine a identifié les obstacles et les défis rencontrés par des étudiantes qui sont les premières de leur famille à fréquenter un établissement d’enseignement supérieur.

J. Kim, (Texas A & M University), S.M. Miller (University of Oklahoma), J. Hwang (Texas A & M University) et J.S. Olson (University of Houston) ont récemment publié les résultats de leur analyse de la littérature scientifique dans un article intitulé Female first-generation college students : A review of challenges and successes.

Paru dans le Journal of Global Education and Research, leur analyse s’appuie sur 13 recherches (12 menées aux États-Unis, 1 en Australie) portant sur l’expérience ou la persévérance des étudiantes de première génération dans l’obtention d’un diplôme d’enseignement supérieur.

Principaux constats

L’analyse de Kim et al. (2021) permet de dégager trois thèmes récurrents dans les articles sélectionnés :

  • les attentes en matière de rôle ;
  • les systèmes de soutien ;
  • le milieu socioéconomique.

Ces thèmes regroupent les défis et les stratégies identifiées par les étudiantes de première génération en tant que facteurs contribuant à leur persévérance dans leur parcours postsecondaire.

De manière générale, ces étudiantes rencontrent un vaste éventail de défis pendant leurs études. Pour certaines, cela renforce leur détermination. Pour d’autres, ces obstacles semblent insurmontables, ce qui peut les conduire à la décision de ne pas poursuivre leurs études.

Kim et al. (2021), p.145

Les attentes en matière de rôle

Les articles sélectionnés montrent que ces étudiantes vivent des conflits entre plusieurs identités et ont du mal à répondre aux attentes en matière de rôle provenant de contextes culturels ou familiaux.

Elles ont tendance à devoir défendre leurs aspirations au sein de leur famille, ce qui ajoute aux pressions subies lorsqu’elles ne se sentent pas soutenues par les membres de leur famille ou leurs proches.

Cette situation est encore plus fréquente chez les étudiantes que chez les étudiants, en raison des attentes particulières liées aux rôles familiaux et sociétaux des femmes. Cela semble particulièrement vrai pour les mères monoparentales, qui subissent des pressions financières pour subvenir aux besoins de leur famille.

Kim et al. (2021), p.144

Selon Kim et al. (2021), les attentes sociales en matière de rôles peuvent limiter davantage la participation des étudiantes dans les activités parascolaires, alors que celles-ci favorisent la réussite scolaire.

Les systèmes de soutien

L’analyse des articles identifiés révèle que les étudiantes de première génération sont soumises à une pression importante qui relève de la dynamique complexe du soutien familial.

Dans certains cas, les membres de leur famille ne comprennent pas leur volonté de fréquenter l’université. Dans d’autres, la famille peut soutenir avec enthousiasme la poursuite de leurs études, mais ne pas être consciente du temps de travail nécessaire aux devoirs ou aux activités de développement de carrière.

Le milieu socioéconomique

Dans les familles de tradition ouvrière, la volonté de poursuivre des études postsecondaires peut être perçue comme une tentative d’éviter le travail, même si la personne a un emploi tout en fréquentant le collège ou l’université.

Le temps passé à l’école peut être vu comme une négligence des tâches parentales ou ménagères. Ces « priorités contradictoires » peuvent ajouter de la pression à une décision déjà anxiogène (retourner à l’université), alimentant les doutes que ces étudiantes peuvent ressentir à propos de leur identité étudiante.

Kim et al. (2021), p.145

Le choix d’un programme d’études peut également créer de la confusion ou des tensions si la famille ne voit pas de lien clair entre le programme et la réalité du marché du travail.

Des occasions de lien social

Dans l’ensemble, les recherches analysées ont mentionné l’importance pour les étudiantes de première génération de l’interaction et de la socialisation avec les collègues et le corps enseignant au sein des établissements d’enseignement supérieur.

Image : Canva

Il est important pour elles de se constituer un réseau, non seulement avec d’autres étudiantes de première génération, mais aussi avec des diplômées qui ont rencontré des obstacles similaires. L’une des pistes d’action relevée vise à fournir à ces étudiantes des occasions de mentorat, où elles peuvent entrer en contact avec leurs semblables.

Dans le cadre d’un programme de mentorat, il peut être question de la gestion efficace du temps d’études, de la conciliation des multiples rôles, du métier d’étudiant·e, etc. Des encouragements de la part d’une personne ayant un parcours similaire semblent importants pour les étudiantes de première génération.

Kim et al. (2021), p.146

En se concentrant sur ces éléments, les collèges et les universités peuvent commencer à mettre en œuvre des ressources spécifiques qui contribuent à améliorer les taux de rétention et d’obtention de diplômes universitaires de cette population étudiante.

Développer ses compétences professionnelles

Une autre piste d’action proposée dans la littérature concerne le développement de compétences professionnelles. En effet, les étudiantes de première génération peuvent ne pas être familières avec certaines normes sociales et professionnelles (créer un réseau professionnel ou naviguer dans les politiques de bureau, par exemple).

Par conséquent, les établissements d’enseignement supérieur devraient chercher des moyens d’aider ces étudiantes à développer à la fois des relations de réseautage professionnel et des compétences générales essentielles au début de carrière.

Kim et al. (2021), p.146

À cet égard, les services d’orientation et les services de relations avec les personnes diplômées peuvent jouer un rôle crucial pour soutenir la prochaine génération lors de la transition vers le marché du travail.

Référence

Kim, J., Miller, S. M., Hwang, J., et Olson, J. S. (2021). Female first-generation college students: A review of challenges and successesJournal of Global Education and Research, 5(2), 136-150. https://www.doi.org/10.5038/2577-509X.5.2.1076