Les chercheurs Sandra Lapointe (Université McMaster) et Jonathan Turner (Université de Toronto) s’intéressent aux mesures d’adéquation formation-emploi prises par les universités.

Dans un article intitulé Can Universities Bridge The Graduate Skills Gap, paru dans la revue Policy Options de l’Institut de recherche en politiques publiques, les deux chercheurs partent du constat de l’OCDE selon lequel les Canadiens comptent parmi les personnes les plus instruites au monde. En effet, au Canada, 58 % des personnes âgées de 25 à 64 ans détiennent un diplôme d’études postsecondaires.

Néanmoins, les employeurs expriment leurs préoccupations quant aux compétences des diplômés, en particulier des sciences sociales et humaines.

Mesures d’adéquation formation-emploi

Les résultats de leurs recherches montrent que les universités déploient des ressources pour assurer sur le développement de compétences explicitement axées sur l’emploi. Ces mesures peuvent être classées quatre grandes catégories :

  • les programmes et cursus (à la fois réglementés – ingénierie, droit, médecine, par exemple – et non réglementés – commerce, informatique et journalisme, par exemple);
  • l’apprentissage intégré au travail pédagogique (y compris l’enseignement coopératif, la recherche appliquée et la formation, les pépinières d’entreprises, les stages pratiques et sur le terrain et les programmes d’études ou d’échanges à l’étranger);
  • les activités de développement des compétences parascolaires (comme l’utilisation de dossiers parascolaires et le développement professionnel autodirigé comme les plans de développement individuels);
  • les services d’orientation professionnelle et de placement (y compris l’aide à la rédaction de CV et aux entretiens, les outils d’auto-évaluation, la cartographie des carrières et les outils d’adéquation formation-emploi).

L’un des principaux objectifs de ces programmes est de renforcer les compétences « humaines », « non techniques », comme l’intelligence émotionnelle, la pensée critique, la communication interculturelle et le raisonnement éthique – des compétences pour lesquelles les diplômés en sciences humaines et sociales sont particulièrement forts.

L’un des défis majeurs pour les universités qui tentent de répondre aux préoccupations des employeurs est de communiquer ce que les étudiants savent et peuvent faire d’une manière qui soit significative à la fois pour les étudiants et les employeurs.

Des questions à approfondir

Selon Lapointe et Turner, l’une des priorités des universités en matière d’adéquation formation-emploi devrait être d’envisager comment adapter et améliorer les programmes, et ce, sans compromettre d’autres aspects de l’enseignement universitaire.

Des changements dans les programmes d’études au niveau du premier cycle universitaire peuvent affecter la distribution des ressources au niveau du troisième cycle et, avec elle, l’écosystème de recherche et d’innovation.

Les deux chercheurs ont identifié des enjeux qui nécessitent un examen plus approfondi :

  • la manière dont les universités répondent aux demandes croissantes d’amélioration de l’employabilité des diplômés en sciences humaines et sociales par des approches formelles et informelles;
  • une cartographie plus complète des programmes existants, de leurs objectifs et de leur structure, de leur lien avec les besoins des employeurs, des processus utilisés, des outils disponibles pour mesurer la qualité et l’efficacité, et des moyens de documenter ou d’accréditer l’acquisition des compétences;
  • l’impact de ces programmes, y compris qui y participe, qui en bénéficie et s’ils entraînent une amélioration des résultats en matière d’emploi;
  • l’impact particulier de ces programmes sur les personnes à faible revenu, les personnes racisées, les Autochtones, les personnes handicapées, les femmes et les personnes LGBTQ+;
  • les cadres et définitions des aptitudes, des compétences, des outils et des techniques pour aider à mieux mettre en relation les employeurs et les établissements d’enseignement postsecondaire;
  • la manière de promouvoir la collaboration entre les établissements afin de partager les meilleures pratiques et de reproduire ce qui fonctionne.

Selon les chercheurs, il est essentiel de répondre à ces questions pour s’assurer que toutes les parties prenantes – étudiants, directions d’établissements, employeurs et gouvernements – soient équipées pour réussir dans l’économie du 21e siècle.

Consulter l’article original dans Policy Options