Dans le cadre de sa pratique professorale, Marion Tellier a réalisé deux expériences pédagogiques à distance durant la crise pandémique de 2020. Dans les deux cas, la réussite des interactions en ligne et la bonne cohésion du groupe ont pu se faire grâce à trois techniques pédagogiques issues de la dynamique de groupe : faire connaissance, développer/maintenir l’esprit du groupe et participer/collaborer en groupe.

L’enseignante-chercheure, à l’Université Aix Marseille, a transposé à distance un cours ayant démarré en présentiel avec un groupe se connaissant déjà. Elle a aussi conçu un module inédit pour la distance. Dans son article, elle partage les bénéfices des trois techniques utilisées lors de ces deux expériences pédagogiques pour développer et maintenir la dynamique de groupe et assurer l’attention et la participation des étudiant·e·s.

Trois techniques efficaces

1. Faire connaissance

Dès la 1ère séance, l’enseignante-chercheure a utilisé une activité brise-glace pour permettre aux étudiant·e·s de faire connaissance, de partager des informations personnelles et de se trouver des points communs. Avant la séance, chaque étudiant·e devait créer son blason (description à partir de photos choisies dans leurs images personnelles ou dans un moteur de recherche internet type Google image) et le retourner à l’enseignante. Lors de la 1ère séance, les étudiant·e·s devaient identifier les « propriétaires des blasons ». Cette activité a permis de mieux faire connaissance et a donné la possibilité à chacun de prendre la parole et d’interroger les autres. Elle a accéléré la formation du groupe et détendu l’atmosphère.

2. Développer et maintenir l’esprit du groupe

Pour développer et maintenir l’esprit du groupe et ainsi, renforcer le sentiment d’appartenance, l’enseignante-chercheure a réalisé 2 activités :  faire une « photo de classe » et mettre en place des moments conviviaux.

Lors d’une séance d’enseignement virtuel, l’enseignante-chercheure et les étudiant·e·s ont fait une « photo de classe » à partir d’une « capture d’écran ». Cette activité a renforcé l’esprit de groupe et est devenue un souvenir gardé comme une vraie photo de classe.

L’enseignante-chercheure a également mis en place des moments conviviaux qui servent à souder le groupe et favorisent la communication informelle :

  • Elle a initié des échanges spontanés et informels en début de séance virtuelle;
  • Elle a organisé deux cafés virtuels après la période des cours : les étudiant·e·s qui le souhaitaient participaient à ces rendez-vous muni·e·s d’une tasse de café ou de thé;
  • Elle a proposé une activité détente pour faciliter la discussion spontanée : les étudiant·e·s envoyaient une photo représentant le confinement de chacun sans que l’on voie le visage, puis ils·elles devinaient qui avait envoyé la photo.

Ces activités ont permis de renforcer les liens tout en passant un bon moment.

3. Participer et collaborer en groupe

Le travail en groupe sous l’angle de la transposition à distance a demandé à l’enseignante-chercheure d’adapter les activités et les modes de participation. Par exemple, elle demandait aux étudiant·e·s de faire l’exercice avant la séance en virtuel et elle le corrigeait avec eux·elles lors de la séance. Elle lisait chaque proposition à voix haute et les étudiant·e·s signalaient leur réponse par clavardage ou par un geste s’ils étaient en vidéo.

Dans le cas d’activités conçues pour l’enseignement à distance, l’enseignante-chercheure a utilisé les dispositifs de classe virtuelle permettant de travailler en classe entière et en sous-groupes. Dans ces ateliers virtuels, les étudiant·e·s ont fait un remue-méninge sur un sujet donné et ils·elles ont mené une enquête policière.

D’autres conditions gagnantes

En conclusion, l’enseignante-chercheure rappelle, en reprenant les propos d’Henri et Lundgren-Cayrol, que :

« la collaboration, surtout en mode virtuel, est (…) un exercice qui s’apprend. Savoir collaborer n’est pas inné: cela s’apprend, au même titre que des connaissances ou des compétences disciplinaires. » (2001 : 152)

Pour favoriser la collaboration, « préparer » le groupe est indispensable. Il est essentiel de permettre aux membres du groupe de faire connaissance, maintenir l’esprit de groupe et proposer des activités où chacun·e peut participer.

Aussi, pour maintenir l’engagement des étudiant·e·s et aussi pour gagner du temps, l’enseignante-chercheure suggère de déléguer une partie de l’activité en amont. Dans son article, elle témoigne qu’à plusieurs reprises, elle a envoyé par courriel des consignes aux participant·e·s avant la séance afin qu’ils réalisent certaines activités.

Enfin, la réalité de la classe virtuelle comporte une grande part d’imprévisibilité et de dysfonctionnements plus fréquents qu’en présentiel. C’est pourquoi l’enseignante-chercheure suggère de faire preuve de « flexibilité pédagogique » et d’envisager différents « scénarios de secours » afin de maintenir les échanges et la dynamique de groupe coûte que coûte.

Source : Tellier, M. (2020). Socialisation du groupe-classe au temps de la distanciation socialeFormation et profession, 28(4 hors-série), 1-15.