La formation en psychoéducation nécessite des apprentissages en mode expérientiel. Or, la pandémie actuelle a contraint les universités à utiliser l’enseignement à distance, mettant ainsi une véritable « transition pédagogique » en œuvre. La vidéoconférence peut-elle répondre aux besoins spécifiques de l’apprentissage expérientiel ?

Dans l’article intitulé « L’apprentissage expérientiel en contexte de pandémie : transition vers la vidéoconférence », paru dans le plus récent numéro de la Revue internationale des technologies en pédagogie universitaire, les chercheur·euses Julie Lessard (Université Laval) et Alexis Boudreault (Université Laval) tentent de répondre à cette question. Précisément, leurs réflexions portent sur les défis et les avantages de l’usage de la vidéoconférence comme apprentissage expérientiel au sein d’un cours en psychoéducation : Conception et évaluation d’activités et de programmes d’intervention psychoéducatifs.

L’apprentissage expérientiel en question

Essentiellement, un apprentissage expérientiel est l’application de concepts aux pratiques de terrain. Mais encore?

« À l’intérieur de la classe, différentes activités permettent un apprentissage expérientiel, comme les jeux de rôle, les études de cas, les simulations et plusieurs autres. À l’extérieur de la classe, les stages et les expériences pratiques comprenant entre autres des services à la communauté sont des exemples d’activités qui permettent un apprentissage expérientiel. »

p. 306

Avant la pandémie, grâce à des partenariats, les étudiant·es pouvaient réaliser ces apprentissages expérientiels en présentiel. Ce type d’apprentissages semble comporter autant d’avantages que de défis au regard de la nature du cours.

« Le cours Conception et évaluation d’activités et de programmes d’intervention psychoéducatifs est offert en formation initiale en psychoéducation. Il vise le développement de plusieurs compétences liées à l’exercice de la profession de psychoéducatrice ou psychoéducateur soit : être capable de concevoir et planifier une intervention en psychoéducation, être capable de mettre en œuvre une intervention et d’en assurer le suivi, et être capable de contribuer à l’organisation des services. »

Ordre des psychoéducateurs et des psychoéducatrices du Québec (OPPQ), 2018 (cité par les auteur·trices)

En présentiel

Normalement, l’activité de formation se déroule en équipe de 3 à 4 étudiants·es, et la clientèle est issue du milieu communautaire. Les étapes de réalisation sont multiples :

Image : Lessard et Boudreault (2021), p. 308
  • cueillette d’information auprès de la personne-ressource pour évaluer les besoins de la clientèle;
  • conception de l’activité de psychoéducation;
  • animation de l’activité psychoéducative;
  • évaluation de la qualité de l’implantation et des « autoréflexions » quant aux relations d’aide établies;
  • enfin, le constat de l’atteinte ou non des objectifs.

Selon les auteurs·trices, cette activité expérientielle peut révéler les fragilités de certains étudiant·es. Ceux-ci peuvent démontrer une « surimplication » ou de l’évitement à l’égard des actions requises de leur part pour mener à bien l’activité. Cela dit, cette formation demeure excellente, selon Lessard et Boudreault, parce qu’elle tient compte des huit éléments clés à la réussite d’une expérience (voir Tableau 1).

En vidéoconférence

Lessard et Boudreault rappellent que la pandémie a imposé au moins une nécessité : mettre les différents acteurs, notamment en psychoéducation, en présence en temps réel alors qu’ils sont à distance. Dans le développement des compétences en psychoéducation, la vidéoconférence implique des défis et des avantages. Au moment d’écrire leur article, les auteurs·trices tentaient de prévoir et de préparer les activités de formation à distance, prévues à l’automne 2020.

Outre les acquis et les défis, il existe deux prérequis à la vidéoconférence : l’offre de la vidéoconférence par les partenaires et la connaissance par les étudiants·es des recommandations de l’Ordre des psychoéducateurs et psychoéducatrices du Québec (OPPQ) quant à l’utilisation des technologies de l’information et de la communication (TIC).

Acquis de la vidéoconférence

  • Expérience concrète;
  • Investissement personnel;
  • Responsabilité envers la démarche et la clientèle;
  • Réalisation personnelle;
  • Soutien des pair·es et des mentor·es;
  • Autoréflexion et actualisation de la personne;
  • Pertinence des éléments clés nécessaires à un apprentissage expérientiel significatif.

Défis et limites de la vidéoconférence

  • Difficulté à décoder le langage non verbal;
  • Forme plus rigide de la vidéoconférence;
  • Énergie et concentration requises pour manier cette technologie;
  • Acquisition des compétences techniques.

En somme, selon les chercheurs·es, les avantages de l’usage de la vidéoconférence en formation psychoéducative l’emportent sur les défis. Si la technologie n’est pas nouvelle, la pandémie aura révélé sa pertinence et sa valeur en apprentissage expérientiel.

Référence : Lessard, J. et Boudreault, A. (2021). L’apprentissage expérientiel en contexte de pandémie : transition vers la vidéoconférence. Revue internationale des technologies en pédagogie universitaire, 18(1), 305.

Pour consulter les autres articles du numéro consacré au numérique et l’enseignement au temps de la COVID-19.