Aux États-Unis, la multiplication des codes d'accès pour accéder aux manuels scolaires en format numérique nuirait à l'accessibilité aux études postsecondaires. Un rapport de l’organisation Students PIRGs (Public Interest Research Groups), rédigé par Kaitlyn Vitez et intitulé Open 101. An Action Plan for Affordable Textbooks (2018), interroge la pratique du corps professoral américain qui consiste à faire des achats groupés de manuels scolaires, dont les codes d’accès sont ensuite vendus aux étudiants. Selon leur enquête, cette pratique constitue parfois un casse-tête pour ceux et celles qui tentent de trouver des alternatives moins coûteuses aux manuels neufs.

Contexte américain

Aux États-Unis, la flambée des prix des manuels scolaires pour les cours universitaires s’ajoute à la lourde dette que les étudiants assument pour payer leurs études postsecondaires. De fait, selon le rapport, le prix des manuels a plus que quadruplé par rapport au taux d’inflation au cours de la dernière décennie.  Les éditeurs propriétaires renouvellent fréquemment leurs stratégies pour profiter des transformations numériques contemporaines, alors que les étudiants ne peuvent plus économiser de l’argent avec certains matériaux numériques et le marché des livres d’occasion,. De nombreux cours exigent du matériel pédagogique et l’achat de produits coûteux comme des codes, afin d’accéder aux devoirs et aux questionnaires par l’intermédiaire d’un système de paiement en ligne. Par conséquent, les budgets annuels moyens des étudiants américains dépassent 1200 $, seulement en manuels et fournitures scolaires.

Un coût élevé

Selon l’auteure, l’utilisation payante de ces trousses tout-en-un, qui comprennent des problèmes à résoudre, des jeux-questionnaires, des tests et des études de cas, élimine la possibilité pour les étudiants de magasiner leurs livres usagés – ce qui signifie qu’ils seraient « forcés de payer le prix fort pour ces documents ». Ils ne peuvent pas non plus revendre leurs manuels, les codes d’accès ayant généralement des dates d’expiration. En se fondant sur les données de recherche des établissements, l’organisme a déterminé les dix cours suivis le plus souvent dans toutes ces écoles. Ces cours « de base » ont ensuite été croisés avec le matériel pédagogique requis. Les résultats montrent qu’à l’échelle nationale, les étudiants ont dépensé en moyenne 153 $ par cours pour ce matériel, qui reviendrait à 92 $ par cours s’ils choisissaient l’option la moins coûteuse. Dans les classes où les enseignants n’utilisaient pas de forfaits d’achats groupés, le prix moyen des manuels scolaires était de 134 $, mais les économies étaient plus grandes puisque les étudiants pouvaient acheter un livre d’occasion.

Recommandations de bonnes pratiques

Le document rapporte que les collèges qui ont investi dans des Ressources Éducatives Ouvertes (RÉO) ont généré des économies importantes pour les étudiants. À titre d’exemple, le Greenfield Community College du Massachusetts a utilisé les RÉO dans trois des six cours de base, ce qui a coûté aux étudiants 31 $ par cours, comparativement à une moyenne nationale de 153 $. Le campus Greenfield possède d’ailleurs un programme de subventions compétitif pour aider les professeurs à faire la transition vers les RÉO. L’auteur conclut que le passage aux RÉO dans les dix cours d’introduction évalués dans les quarante écoles couvertes par l’étude permettrait d’économiser 13 millions de dollars, et ce, en un semestre. Cela représente des économies de 1,5 milliard de dollars par année dans tous les collèges et universités des États-Unis, seulement en coûts de matériel de cours. Comme l’indique le rapport, tous ces cours peuvent bénéficier d’un programme d’études de RÉO disponible auprès de distributeurs de producteurs de manuels scolaires ouverts. Les RÉO n’impliquent pas de codes et les étudiants ne perdent jamais l’accès à leur contenu de base. Cela leur permet de continuer à utiliser et à se référer à leur contenu de base au fur et à mesure qu’ils évoluent dans leurs apprentissages, lors des examens d’avancement et dans leur vie professionnelle, sans frais ou obstacles supplémentaires. Les prix des éditeurs peuvent changer, alors que les documents en libre accès seront toujours gratuits.