La coordonnatrice du Teaching & Learning Center du Pima Community College (Arizona, États-Unis), Mays Imad, propose dix stratégies bienveillantes pour aider les étudiants à continuer d'apprendre en cette période d'incertitude.

Dans un article intitulé Hope Matters, publié par Inside Higher Ed, cette enseignante de pathophysiologie soutient que les ressources rassemblées par les différents centres d’enseignement et d’apprentissage et par les groupes de technopédagogues portent en grande partie sur les moyens technologiques de la formation à distance.

Or, si un savoir-faire technologique pour se connecter virtuellement est nécessaire, il n’est pas suffisant pour poursuivre un enseignement et un apprentissage efficaces.

Une connexion humaine

Selon Imad, au-delà de la connexion électronique, il est nécessaire de se connecter émotionnellement, surtout en période d’anxiété et d’incertitude.

En tant que neuroscientifique, l’auteure soutient que les émotions sont la clé de l’apprentissage. La littérature scientifique récente souligne d’ailleurs l’importance des facteurs affectifs dans l’enseignement et l’apprentissage.

Deux grands questionnements émergent en cette période d’incertitude :

  • Quel sera l’impact émotionnel, psychologique et même physique de telles transitions sur les étudiants, les enseignants et tout le personnel des établissements en enseignement supérieur ?
  • De quelles manières est-il possible d’enseigner en période d’incertitude et comment faire en sorte que les étudiants continuent d’apprendre le plus efficacement possible ?
Image : Pixabay

Bien que l’on ne connaisse pas encore la réponse à la première question, Imad suggère dix stratégies pour répondre à la deuxième, et ce, avec bienveillance :

  1. Envoyer un courriel aux étudiants pour leur rappeler que vous êtes toujours là pour eux.
  2. Informer les étudiants que votre emploi du temps est modifié pour relever les défis de cette nouvelle situation, comme tout le monde en ce moment.
  3. Trouver un équilibre entre la rigueur et le soutien. La situation de crise pourrait faire en sorte que les étudiants auront besoin de plus de soutien que de rigueur, surtout en début de transition vers la formation à distance. Établir une continuité ne signifie pas que la quantité de travail doit être la même; la rigueur peut en souffrir, et c’est normal compte tenu de la situation exceptionnelle.
  4. Répéter certaines des explications données en classe (« Rappelez-vous que nous avons parlé de cela »). Cela aidera les étudiants à activer leur mémoire d’appartenance à une communauté et leur rappellera qu’ils en font toujours partie.
  5. Utiliser un langage d’espoir et d’optimisme, tel que « Quand vous reviendrez cet automne… ». Cela aidera les étudiants à se réjouir de revenir sur le campus.
  6. Offrir aux étudiants la possibilité d’échanger leurs numéros de téléphone et aider à créer un groupe de discussion WhatsApp.
  7. Ne pas ignorer l’éléphant qui est dans la pièce. Si possible, parler de COVID-19 et de la peur. C’est l’occasion de rappeler aux étudiants de considérer les sources de leurs nouvelles, de se méfier de la grande quantité d’informations erronées et de développer leurs compétences informationnelles.
  8. Garder en tête que les étudiants ont laissé derrière eux bien plus que leurs cours et leurs études : ils ont laissé des espaces de rencontre où ils parlent de leur vie non-académique : sports, concerts à venir, musique découverte, etc. Envisager de créer un forum de discussion communautaire pour qu’ils puissent partager ce qui se passe dans leur vie, compte tenu du stress, de l’anxiété et des tensions qui existent en ces temps d’incertitude.
  9. Faire savoir aux étudiants qu’ils peuvent vous contacter pour obtenir des ressources en santé mentale s’ils ont besoin de parler à quelqu’un.
  10. Dans la mesure du possible, demander à chaque étudiant s’il a besoin d’aide en ce temps de crise.

Consulter l’article original (en anglais) dans Inside Higher Ed