L’équité, la diversité et l’inclusion, de quoi parle-t-on ?
L’équité n’est pas la diversité, et la diversité n’est pas l’inclusion (Doutreloux, 2022). Cette section vise ainsi à clarifier et à distinguer chacune des composantes de l’EDI.
La diversité : un état de fait
Il est maintenant reconnu que la population étudiante s’est diversifiée considérablement dans les dernières décennies (Conseil supérieur de l’éducation, 2022; Fédération étudiante collégiale du Québec, 2020) :
« La diversité se rapporte aux conditions, aux modes d’expression et aux expériences de différents groupes définis par l’âge, le niveau d’éducation, l’orientation sexuelle, la situation ou les responsabilités de parent, le statut d’immigration, le statut d’Autochtone, la religion, la situation de handicap, la langue, le lieu d’origine, l’origine ethnique, la culture, la situation socioéconomique et d’autres attributs. »
Université du Québec à Montréal, s. d.
La diversité est donc un terme employé pour définir un vaste éventail de qualités et d’attributs humains (Collège Ahuntsic, 2022). Au sein des établissements d’enseignement supérieur, les identités des personnes étudiantes se multiplient, mais aussi s’entrecroisent ; une étudiante peut être issue de l’immigration, avec des enfants à charge, tout en vivant une situation de handicap, par exemple.
Dans un récent document-cadre, le Réseau de recherche et de valorisation de la recherche pour le bien-être et la réussite en contexte de diversité (RÉVERBÈRE) explique que la diversité des personnes peut être définie à partir de trois représentations différentes :
Individuelle
Cette représentation s’inscrit dans une approche « catégorielle », c’est-à-dire où l’on situe la personne par rapport à une norme. Elle freinerait le bien-être et l’apprentissage pour toutes et tous, en plus d’engendrer un risque de stigmatisation (Borri-Anadon et al., 2021).
Contextuelle
Cette représentation renvoie à la notion de besoins éducatifs particuliers. Elle remet en question l’approche des catégories et y préfère le concept d’obstacles à l’apprentissage. Elle interroge également le rôle d’un établissement d’enseignement et les apprentissages qui y sont exigés (ibid.).
Sociale
Cette représentation, qui s’appuie sur une construction sociale de la différence, suppose que la diversité est construite dans les rapports sociaux, à travers des processus inégalitaires qui minorisent certains groupes (ibid.). Les pratiques associées à cette troisième représentation s’inscrivent dans les finalités d’une éducation inclusive et interrogent les représentations de la diversité des personnes apprenantes afin de construire une société plus juste.
Selon Borri-Anadon et ses collègues (2021) qui ont rédigé le document-cadre du RÉVERBÈRE, ces représentations de la diversité ne sont pas statiques ; elles évoluent au fil des expériences. Elles constituent une toile de fond pour appréhender les concepts de bien-être et de réussite.
Plus la représentation de la diversité est basée sur une norme préétablie qui n’est pas remise en question (la première catégorie), plus la réussite et le bien-être sont conçus comme des phénomènes qui reposent seulement sur la responsabilité des individus (ibid.). En revanche, dans la troisième représentation, la diversité constitue un fait social et une valeur ajoutée aux établissements d’enseignement supérieur.
L’inclusion : l’environnement qui s’adapte
L’inclusion renvoie quant à elle aux moyens d’exprimer le plein potentiel de la diversité.
« L’inclusion fait référence à l’action de mettre en place un environnement respectueux de la diversité qui intègre pleinement l’ensemble des membres de sa communauté, qui les accompagne et leur offre des mesures de soutien pour favoriser le bien-être et leur accomplissement. C’est un engagement soutenu visant l’accueil, l’intégration, l’accompagnement et le cheminement pour les groupes marginalisés. »
Réseau québécois pour l’équité, la diversité et l’inclusion – RQÉDI, s. d.
Autrement dit, la mise en place d’un environnement inclusif demande d’avoir d’abord reconnu la diversité des personnes qui y étudient et y travaillent. Selon la perspective inclusive, c’est à l’environnement de s’adapter à cette diversité, et non aux différentes populations étudiantes ou aux membres du personnel de s’adapter à leur milieu d’études ou de travail.
La perspective inclusive encourage l’expression de l’unicité et de l’authenticité de chaque personne. Les communautés — collégiales et universitaires, par exemple — où les membres ont la possibilité d’être authentiques dans un environnement sécuritaire « peuvent faire mieux, aller plus loin et être plus innovantes » (Nishii, 2019 dans Université du Québec à Montréal, s.d.), dans la mesure où c’est la richesse des contributions diversifiées qui constitue le moteur organisationnel.
La « valeur ajoutée » de l’inclusion repose donc sur un rapport positif à la diversité sous toutes ses formes.
L’équité : ce qui est juste
Bien que nous vivions dans une société d’égalité de droit, l’égalité de fait n’est pas atteinte pour de nombreux groupes sociaux. L’équité peut être comprise comme un moyen de soutenir l’instauration de l’égalité réelle, en tant que but (Solar, 2019). La mise en place de pratiques d’équité vise donc le résultat ultime de l’égalité de fait, en tenant compte des obstacles de départ.
« L’équité […] désigne une démarche pour corriger les désavantages historiques existants entre des groupes. À titre d’exemple, selon l’UNESCO, l’équité entre les sexes signifie un « traitement différencié, visant à rétablir l’équilibre entre les genres, et accordé aux femmes ou aux hommes afin de compenser le déséquilibre historique et social qui les empêche de participer activement et de façon égale au développement de leur société. » »
Réseau québécois pour l’équité, la diversité et l’inclusion – RQÉDI, s. d.
Ce traitement juste n’est pas nécessairement identique pour tous et toutes : il doit tenir compte des différentes réalités pour permettre à l’ensemble des personnes — l’ensemble de la population étudiante, par exemple — de bénéficier des mêmes opportunités.
L’équité n’implique pas de traiter toutes les personnes de la même façon (traitement égal), mais plutôt de prendre en considération leurs différences et de se donner les moyens d’amoindrir les obstacles ou de répondre à leurs besoins spécifiques.
Par conséquent, les mesures et les pratiques équitables garantissent l’accès de toutes les personnes aux possibilités et aux ressources répondant à leurs besoins (Collège Ahuntsic, 2022). L’attribution de ressources aux groupes historiquement désavantagés est une mesure possible, tout en veillant à ce que « les mécanismes d’affectation des ressources et de prise de décision soient justes pour [toutes et] tous et qu’ils n’introduisent pas ou ne maintiennent pas de discrimination en fonction de l’identité » (Université Laval, 2022).
Références
Aehnelt, R. (2013). Schritte zur Inklusion [image en ligne]. Wikimedia Commons.