La plateforme web bilingue (français-anglais) « Je gère ma réussite », réalisée par l’équipe d’Humanis, le service de formation continue du Cégep de Chicoutimi, est un outil pratique pour la population étudiante du réseau collégial en quête de repères. Véritable boussole scolaire qui se déploie en huit thèmes, elle deviendra rapidement essentielle pour les étudiant·es internationaux·ales (EI).

Image : site web « Je gère ma réussite »

Une équipe de conception inspirée et déterminée

« Le portail Jegeremareussite.ca est le fruit d’un travail d’équipe regroupant plusieurs intervenant·es du Collège qui travaillent quotidiennement à la réussite des étudiant·es. »

Manon Chapdelaine, directrice du Centre de formation continue Humanis, sur le site web du Cégep de Chicoutimi

Le projet a été réalisé grâce au travail collaboratif d’une équipe interdisciplinaire du Cégep de Chicoutimi. Il a ensuite été adapté en un portail web par l’équipe de développement de formation en ligne d’Humanis.

L’équipe a dû faire preuve de persévérance pour mener à terme ce projet, dont les étapes finales consistaient à la mise en ligne, la diffusion et le partage de l’outil auprès d’autres établissements d’enseignement.

Un portail intuitif et convivial

Initialement, l’équipe de conception devait créer un outil d’aide à la transition secondaire-collégial qui ciblait surtout les personnes intéressées par l’offre de formation continue du Cégep de Chicoutimi. Or, le projet a pris la forme d’une plateforme en ligne destinée à toute la population étudiante du Cégep ainsi qu’aux personnels enseignant et professionnel œuvrant à la réussite éducative des étudiant·es.

L’un des défis de l’équipe de conception était de capter l’attention de l’étudiant·e. Celle-ci a donc développé un outil attrayant, animé et interactif comprenant 52 capsules vidéo, qu’il est possible de consulter sur un appareil mobile. Dorénavant, « Je gère ma réussite » est intégré dans le portail général du Cégep de Chicoutimi, ce qui rend son utilisation facile et rapide.

Une navigation structurée, mais libre

Lorsque l’étudiant·e dirige son curseur sur l’image d’un thème, une donnée statistique apparaît concernant ce thème, accompagnée de la source. Ces ressources virtuelles constituent une mine de savoirs, de savoir-faire et de savoir-être abordant principalement trois axes : la gestion du temps, la gestion du stress et la motivation (Girard et Brassard, 2021).

Le matériel visuel utilisé dans les capsules est expressif et ludique. Les modèles étudiants représentent bien les réalités évoquées. Dans chaque thème, un plan présente l’arborescence détaillée des informations qui y sont contenues. Les informations sont étoffées, schématiques, mais denses à la fois. De plus, la navigation dans chacune des capsules est simplifiée par une signalisation adéquate : retour au menu principal, hyperliens vers des ressources internes ou externes, icône d’un globe terrestre pour signaler que l’information s’adresse spécifiquement aux EI, etc.

Les étudiant·es internationaux·ales : un auditoire privilégié

Bien que plusieurs profils de populations étudiantes puissent utiliser la plateforme, les EI constituent l’un des publics cibles de ce portail web.

Les thèmes Je vis au Saguenay et Je m’intègre au Cégep concernent directement les EI. Le thème J’utilise les outils informatiques peut être très utile pour les EI, selon Annie Girard, conseillère pédagogique et chargée de projets chez Humanis. En effet, même avant son arrivée au Québec, l’étudiant·e venu·e d’ailleurs peut consulter ces ressources en ligne afin de préparer sa rentrée.

Dans la capsule Je vis au Saguenay, on indique que « plus de 160 étudiant·es du Cégep de Chicoutimi proviennent de l’extérieur du Canada » (Clara, 2018). Ce thème est divisé en quatre sous-thèmes, soit la culture québécoise, la vie sociale, le transport et la santé. Dans le sous-thème « culture québécoise », des informations notamment sur la communication, le choc culturel et les valeurs sont présentées.

Les pages concernant le choc culturel sont particulièrement pertinentes. On y apprend que le choc culturel est une relation interculturelle et qu’elle peut toucher tant les personnes nouvellement arrivées que celles déjà établies dans le pays d’accueil. Un diagramme indique les étapes de la rencontre interculturelle, de la lune de miel avec la culture d’accueil en passant par le choc culturel jusqu’à l’adaptation. En plus de décrire les signes du choc culturel, la plateforme propose des solutions pour l’apprivoiser. Elle donne aussi des astuces pour comprendre quelques particularités culturelles qui peuvent devenir des incompréhensions ou des irritants au vivre-ensemble (voir la fiche Notion clé « Choc culturel, de quoi parle-t-on? » du dossier CAPRES sur les étudiants internationaux).

Mention de source : site web « Je gère ma réussite »

D’autres statistiques présentées sont intéressantes, car elles permettent de mieux cerner les profils de la population étudiante de l’établissement d’enseignement. Soulignons notamment les statistiques de la capsule Je m’intègre au Cégep, où l’on mentionne qu’« en 2018-2019, 4 % des étudiant·es [du] cégep sont autochtones ». La capsule Je gère mon stress précise quant à elle que « 35 % des étudiant·es souffrent d’anxiété » (Gosselin et Ducharme, 2016).

Quelques conseils pour la santé mentale des EI

Les thèmes Je gère mon stress, Je travaille en équipe et Je me motive abordent des enjeux de santé mentale vécus par des EI. Le choc culturel et l’expérience migratoire constituent des sources de stress importantes qui influent sur le parcours scolaire de ce groupe (voir la fiche Notion clé « Choc culturel, de quoi parle-t-on? », du dossier CAPRES sur les étudiants internationaux).

« Dans une étude de Hyung et al. (2010), 44 % des EI gradué·[es] affirment avoir connu, au cours de leurs études, un problème émotionnel ou lié au stress ayant une influence importante sur leur bien-être ou leur rendement scolaire. Cette étude de Hyung et al. (2010) montre aussi que les EI étaient moins susceptibles que leurs pair·[es] de connaître les services d’aide : 61 % d’entre eux·[elles] les connaissaient, comparativement à 79 % de la population étudiante locale. Les EI étaient également moins susceptibles d’avoir utilisé les services de santé mentale, soit 17 %, comparativement à 36 % pour la population étudiante locale. »

CAPRES, 2019, p. 29

Enfin, la ressource Je gère mon temps peut s’avérer utile pour l’étudiant·e qui doit adopter le rythme des études supérieures au Québec.

En plus d’identifier les enjeux et les défis rencontrés par les étudiant·es venu·es d’ailleurs, les capsules proposent également des solutions et des pistes de réflexion.

Le secret est dans la validation et l’adaptabilité

Pour Annie Girard, l’un des secrets du succès de la plateforme web « Je gère ma réussite » réside dans la validation de la pertinence de l’outil, effectuée auprès d’enseignant·es, d’étudiant·es, de conseiller·ères en services adaptés, d’aides pédagogiques individuels (API), etc.

De plus, le portail est adaptable sur mesure pour chaque cégep. Cela constitue un deuxième facteur de son succès, selon Annie Girard. En plus d’une transmission de bouche à oreille, l’équipe profite de différentes tribunes offertes par les réseaux de ses membres pour mettre en lumière la pertinence de la plateforme web.

L’utilisation de l’outil aurait pu être réservée à la communauté du Cégep de Chicoutimi, mais la plateforme est accessible librement et gratuitement.

L’outil voyage aux quatre coins du Québec

Depuis sa mise en ligne en 2020, le portail web a rapidement conquis les professionnel·les de six autres collèges qui font, eux aussi, preuve d’innovation avec ces ressources virtuelles d’aide à la réussite. À ce jour, les établissements sont les suivants :

  • Cégep de Saint-Hyacinthe
  • Collège Lionel-Groulx
  • Cégep de Saint-Laurent
  • Campus Notre-Dame-de-Foy
  • Cégep de Baie-Comeau
  • Cégep de Drummondville

Le module Je vis au Saguenay a été adapté pour répondre aux besoins spécifiques de certains cégeps. Ainsi, Je vis en Montérégie et Je vis en Côte-Nord ont vu le jour.

Des avantages mesurables

Le portail web a fait ses preuves; des statistiques témoignent d’une utilisation très élevée. De plus, les thèmes peuvent être facilement adaptés à différents contextes, collèges ou régions par l’équipe, moyennant certains frais (Girard et Brassard, 2021).

Mention de source : Girard et Brassard (2021)

Annie Girard suggère une diffusion adéquate et stratégique de l’outil aux collèges adhérents, afin que la plateforme rejoigne les publics cibles, notamment les EI.

En somme, « Je gère ma réussite » est un portail à découvrir, un véritable coffre à outils où l’on trouve des questionnaires, des vidéos, des pistes de solution, des visuels interactifs et des hyperliens vers des ressources pertinentes, en particulier pour les étudiant·es internationaux·ales.

Humanis a le vent dans les voiles

En tant que gestionnaire de projets, Annie Girard supervise une équipe chevronnée qui a le vent dans les voiles, sous la direction de Manon Chapdelaine. « Je gère ma réussite » n’est qu’un des fleurons du catalogue d’Humanis. En effet, plusieurs projets sont en cours de développement, dont un, très attendu, qui porte sur les compétences numériques.

L’expertise de l’équipe est surtout reconnue pour sa conception de PRIIMA, une formation en ligne destinée aux étudiant·es inscrit·es au programme Soins infirmiers, en collaboration avec le Cégep de Jonquière et l’Université du Québec à Chicoutimi. Depuis huit ans, cette formation a fait ses preuves et est utilisée dans plusieurs établissements au Québec.

L’écriture de cette pratique inspirante s’appuie en partie sur l’entrevue réalisée le 30 août 2021 avec Annie Girard, conseillère pédagogique et chargée de projets chez Humanis du Cégep de Chicoutimi et sur la documentation liée au projet.