En misant sur les vécus partagés des groupes marginalisés au sein des établissements d’enseignement supérieur, sans nier leurs particularités, il est possible de viser un objectif commun, soit une expérience d’apprentissage inclusive pour toutes et tous (Université d’Ottawa, 2022).
Le Service d’appui à l’enseignement et à l’apprentissage (SAEA) de l’Université d’Ottawa a initié, en janvier 2021, le projet Inclusion pédagogique (IP) qui vise à soutenir le personnel enseignant et les spécialistes de l’enseignement et de l’apprentissage dans la conception et la diffusion de cours plus inclusifs.
Piloté par Jean-Pascal Beaudoin et Maryse Sullivan du SAEA, le projet IP comprend :
- Huit ressources :
- Une formation qui invite à réfléchir à sa pratique et à se familiariser aux fondements, aux stratégies et aux ressources portant sur l’inclusion.
- Un site web qui regroupe ces ressources et ces contenus et qui les présente de manière plus élaborée, en 5 onglets de couleurs différentes.
À la fois les ressources, le webinaire et le site web sont structurés de la même façon par thèmes et par couleur :
Une perspective rassembleuse
Partant du constat que « la diversité est la norme et non l’exception » (Université d’Ottawa, 2022), le projet IP se veut une initiative pédagogique permettant aux enseignantes et aux enseignants universitaires d’intégrer une approche de pédagogie inclusive. Pour ce faire, il vise à susciter la réflexion de la communauté enseignante à partir des questions suivantes :
L’équipe du SAEA privilégie dans ce projet une « vision rassembleuse du travail de collaboration intergroupes » (ibid.) selon laquelle les groupes marginalisés possèdent des buts communs, sans pour autant minimiser les particularités et les besoins spécifiques de chaque personne.
Cette vision permet de rassembler les forces et de développer des stratégies communes, en plus de relever le caractère intersectionnel des identités. S’appuyant sur Adams et Bell (2016), l’équipe du SAEA soulève l’importance pour chaque groupe de reconnaitre le contexte et les besoins des autres groupes pour faire converger les efforts visant à apporter des changements durables et inclusifs à l’expérience étudiante dans l’environnement d’apprentissage, qu’elle soit en présentiel, en virtuel ou dans la communauté.
Pourquoi adopter l’inclusion pédagogique ?
Enseigner de façon inclusive signifie accueillir la diversité étudiante sous toutes ses formes — origine, genre, handicap, etc., — et surtout, la voir comme une valeur ajoutée, un atout (Sathy et Hogan, 2019, dans Université d’Ottawa, 2022). Une personne enseignante qui conçoit et donne des cours inclusifs permet :
L’équipe du SAEA rappelle que les personnes qui font partie d’un groupe marginalisé ne sont pas toujours visibles dans la classe. De nombreuses personnes étudiantes qui vivent avec un handicap — un trouble d’apprentissage, par exemple — passent inaperçues et n’expriment pas nécessairement leurs besoins. L’un des rôles de la personne enseignante est donc de tenir compte en amont de divers contextes dans la conception et l’enseignement des cours, afin d’assurer le développement du plein potentiel et la réussite du plus grand nombre d’étudiantes et d’étudiants.
Pour l’équipe du SAEA, les personnes enseignantes peuvent être des moteurs de changement en matière d’inclusion ; étant en contact direct avec la population étudiante, elles se doivent de créer un climat positif, respectueux, sécuritaire et propice à la participation de toutes et de tous aux activités d’apprentissage et à la vie étudiante (Université d’Ottawa, 2022).
La personne étudiante au cœur du processus d’apprentissage
Afin d’amener la personne enseignante à mieux comprendre son rôle et sa responsabilité dans la réussite du plus grand nombre d’étudiantes et d’étudiants, l’équipe du SAEA a rassemblé certains des fondements d’une vision inclusive de la pédagogie en classe universitaire.
De manière générale, ces fondements montrent qu’enseigner de manière inclusive demande de placer la personne étudiante au cœur du processus d’apprentissage :
« On parle donc d’une approche centrée sur l’apprenante ou l’apprenant, dans un environnement qui tient compte de son contexte, qui lui donne une place et une voix, qui considère ses connaissances et expériences antérieures et qui favorise des moyens actifs, variés, mobilisateurs. Cette approche lui permet alors de se dépasser et permet une intégration transformatrice des savoirs dans sa réalité personnelle, disciplinaire ou professionnelle, tant sur le plan cognitif et émotif, qu’en ce qui a trait à sa quête de sens et de mise en pratique (en anglais, learning by doing). »
Université d’Ottawa, 2022.
Miser sur une démarche itérative
En plus d’amener à réfléchir aux fondements conceptuels de l’inclusion pédagogique, l’équipe du SAEA souhaite faire découvrir aux personnes enseignantes des stratégies, des astuces ainsi que des outils d’enseignement et de soutien à l’apprentissage.
L’une des stratégies présentées pour transformer graduellement la pratique enseignante pour la rendre plus inclusive est la méthode des petits pas. Elle consiste à ne pas essayer de tout changer en même temps, afin d’éviter que la personne enseignante se sente submergée, stressée, découragée et qu’elle abandonne l’intégration d’outils d’inclusion dans sa pratique.
L’équipe du SAEA recommande plutôt une démarche itérative dans laquelle la personne enseignante, en fonction de son contexte et de sa réalité, peut choisir des astuces et des outils pour ensuite les intégrer, demander des rétroactions et faire des ajustements au fil des trimestres (Université d’Ottawa, 2022).
L’équipe a créé une liste de stratégies d’inclusion après avoir consulté de nombreuses ressources documentaires. Elle présente d’abord un palmarès des 25 stratégies les plus fréquemment recommandées pour amorcer la démarche d’intégration des pratiques inclusives à leur enseignement, ainsi qu’un inventaire de 135 stratégies d’inclusion pour ceux et celles qui souhaitent approfondir leur exploration. Tant le palmarès que l’inventaire sont divisés en trois sections ou moments :
Au sein de ces sections, les stratégies ci-dessus sont regroupées par thématiques pour faciliter leur appropriation.
Enfin, des ressources — ouvrages, articles, capsules vidéo et sites web — sont présentées afin « d’approfondir [les] connaissances de l’inclusion pédagogique et de l’expérience vécue en salle de classe par la communauté étudiante marginalisée ou en situation minoritaire » (ibid.). Il est à noter que le site web offre des versions imprimables de ces ressources et stratégies.
Pour que tout le monde y gagne
En somme, le projet IP offre un éventail d’informations, de fondements conceptuels, de stratégies et de ressources pour approfondir l’inclusion pédagogique, une démarche centrée sur les besoins de la population étudiante marginalisée.
En terminant, Jean-Pascal Beaudoin et Maryse Sullivan rappellent que « quand nous concevons des cours et enseignons de façon inclusive, nous utilisons généralement des stratégies d’enseignement et de soutien à l’apprentissage éprouvées et efficaces, alors tout le monde y gagne dans le groupe-classe ».
Références et crédits
Adams, M. et Bell, L. A. (dir.). (2016). Teaching for Diversity and Social Justice (3e éd.). Routledge.
Sathy, V. et Hogan, K. A. (2019). How to Make Your Teaching More Inclusive: Advice Guide. The Chronicle of Higher Education.
Université d’Ottawa (2022). L’inclusion pédagogique. Service d’appui à l’enseignement et à l’apprentissage de l’Université d’Ottawa.
Cette pratique inspirante a été approuvée par Jean-Pascal Beaudoin et Maryse Sullivan du Service d’appui à l’enseignement et à l’apprentissage de l’Université d’Ottawa.
Jean-Pascal Beaudoin
Spécialiste du développement pédagogique et de l’apprentissage numérique au Service d’appui à l’enseignement et à l’apprentissage de l’Université d’Ottawa
Spécialiste de l’enseignement et de l’apprentissage avec une formation en ergothérapie et en gestion, Jean-Pascal Beaudoin conseille des clientes et clients individuels depuis 1992, anime des ateliers de perfectionnement professionnel depuis 1993 et enseigne au niveau universitaire depuis 1995. Il s’intéresse à l’aspect humain des organisations comme approche centrée sur la clientèle, l’inclusion, les interactions bienveillantes, la dynamique de groupe et la gestion du changement. Dans le cadre de ses fonctions au Service d’appui à l’enseignement et à l’apprentissage de l’Université d’Ottawa (SAEA), Jean-Pascal conçoit et anime des activités de formation continue et offre du soutien individualisé destinés à l’ensemble du personnel enseignant.
Maryse Sullivan
Spécialiste du développement pédagogique et de l’apprentissage numérique au Service d’appui à l’enseignement et à l’apprentissage de l’Université d’Ottawa
Maryse Sullivan détient un doctorat en philosophie, spécialisation en lettres françaises, de l’Université d’Ottawa et compte plus de neuf ans d’expérience en enseignement postsecondaire à l’université et au collège. Dès sa thèse de doctorat portant sur la représentation de la figure de la sorcière dans la littérature et l’Histoire, elle s’intéresse à la réalité des personnes faisant partie de groupes marginalisés ou en situation minoritaire, et à leur représentation (pédagogique, médiatique, culturelle, sociétale). Depuis 2020, elle est spécialiste du développement pédagogique et de l’apprentissage numérique à l’Université d’Ottawa et se penche sur l’inclusion pédagogique en enseignement. Au sein de ce rôle, elle enseigne la conception de cours universitaire, conçoit des activités de développement professionnel et offre de la formation au corps professoral.
Image en entête | Crédit : The Gender Spectrum Collection
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