La crise sanitaire liée au coronavirus pousse les établissements d’enseignement supérieur à passer aux cours en ligne dans les semaines et les mois à venir.

Dans un récent article (en anglais) publié dans l’édition canadienne de The Conversation, les chercheurs Shandell Houlden et George Veletsianos (Royal Roads University) s’interrogent si l’enseignement supérieur est prêt à relever les défis liés à ce mouvement mondial de distanciation sociale.

Des expériences positives

En Chine, les résultats du travail de transition vers des environnements numériques seraient prometteurs, et ce, dans plusieurs cas. Les établissements chinois peuvent constituer un laboratoire intéressant puisqu’ils sont déjà passés par la crise du COVID-19.

L’Université de New York à Shanghai et l’Université Duke Kunshan constituent des exemples d’adaptation réussie et de déploiement rapide de technologies, comme la plateforme de vidéoconférence Zoom et le fournisseur de cours en ligne Coursera.

Afin d’aider les universités à se préparer à ce passage du présentiel au numérique, l’Université de New York à Shanghai a lancé, le 6 mars dernier, une boîte à outils complète d’enseignement numérique qu’elle a développée en situation de pandémie, en janvier 2020.

Ces universités avaient toutefois une expérience des technologies éducatives, qu’elles ont pu développer davantage. Autrement dit, elles ne partaient pas de zéro avec des solutions technologiques nouvelles et non testées.

Selon les chercheurs, dans une crise, la capacité à offrir un apprentissage post-secondaire en ligne efficace va dépendre à la fois du corps enseignant et des équipes techno-pédagogiques. Plus précisément, une transition réussie vers l’enseignement en ligne dépend de quatre éléments :

  • les compétences des différents acteurs;
  • la préparation et/ou l’expérience en formation en distance;
  • la volonté de collaborer et d’offrir du soutien;
  • une attitude prudente vis-à-vis des technologies éducatives non testées.

Un travail d’équipe constant

Les chercheurs rappellent que l’enseignement en ligne n’est pas un sport solitaire. Les enseignants doivent être formés de manière à impliquer les étudiants dans des discussions en ligne et à faciliter leur compréhension approfondie du matériel enseigné.

Les concepteurs pédagogiques et les technologues de l’éducation peuvent quant à eux aider les professeurs à trouver la meilleure façon d’enseigner avec la technologie et de tirer le meilleur parti de l’apprentissage en ligne (voir le dossier CAPRES Formation à distance en enseignement supérieur)

Selon les auteurs de l’article, si les établissements manquent aujourd’hui de mesures de préparation et de planification, elles doivent être mises en place maintenant afin d’éviter les tensions excessives qui découlent d’une adoption (trop) rapide des choses.

Le besoin crucial d’expertise en matière d’apprentissage en ligne dans l’enseignement supérieur en cette période de crise devrait nous rappeler que les établissements doivent cultiver cette compétence.

L’externalisation de l’apprentissage en ligne peut permettre de bénéficier de l’expertise d’autres professionnels. Cependant, selon les auteurs, en choisissant cette voie, les établissements risquent de perdre leur expertise interne et de devenir dépendants des orientations des entreprises privées.

Le partage des ressources

Le partage des ressources et des stratégies fera partie intégrante de la réussite d’une transition vers l’enseignement en ligne. Un document (en anglais) énumérant les ressources des universités américaines circule déjà dans la communauté de l’enseignement supérieur aux États-Unis.

Au sujet des ressources et des stratégies partagées, les auteurs rappellent qu’un « bon » enseignement en ligne ne consiste pas seulement à fournir des informations aux étudiants et à leur demander d’apprendre le matériel. Une formation en ligne efficace exige une planification et une conception réfléchie pour qu’elle ne soit pas une option de second ordre.

Un monde d’incertitude

Dans ce monde de plus en plus instable, les crises peuvent avoir un impact sur nos systèmes éducatifs, que la crise soit causée par la circulation d’un nouvel agent pathogène ou par quelque chose d’entièrement différent (ouragans, inondations, feux de forêt, canicules ou catastrophes liées au changement climatique, etc.)

Dans le cas de la crise sanitaire liée au COVID-19, il s’agit d’un rappel brutal que des systèmes éducatifs flexibles et résistants nécessitent plus que des outils. Ils exigent une collaboration, une préparation, une expertise, des ressources et l’apprentissage des expériences précédentes.

Consulter l’article publié dans The Conversation (en anglais)

Consulter la boîte à outils de l’Université de New York à Shanghai (en anglais)