Une équipe de chercheurs de l'Université de Rochester (États-Unis), de l'Université Carleton (Canada) et de l'Université de Gand (Belgique) soutient que passer du temps seul n'est pas nécessairement mauvais, surtout pour les étudiants de première année au collégial.

Leur étude, qui fait l’objet d’un article intitulé Embracing me-time: Motivation for solitude during transition to college (en anglais) et publié dans la revue Motivation and Emotion, montre qu’une « motivation positive à rechercher la solitude » peut être un facteur prédictif d’une adaptation réussie aux études postsecondaires.

Des étudiants de première année, provenant d’établissements privés et publics aux États-Unis et au Canada, ont participé à cette enquête.

Période charnière

La transition vers les études postsecondaires peut être stressante car elle implique de nombreux défis : s’intégrer dans un nouveau milieu, se faire de nouveaux amis, quitter l’environnement familial, répondre aux exigences scolaires, etc.

Plusieurs recherches ont ainsi montré que la façon dont les étudiants de première année parviennent (ou non) à gérer ce changement a des répercussions à long terme sur leur réussite et leur persévérance scolaires.

Solitude vs isolement

La recherche a montré que l’isolement social est un piège fréquent pendant cette période de transition. La solitude subie peut avoir des effets néfastes sur la santé mentale de la population étudiante.

Or, selon, les chercheurs en psychologie T.T Nguyen, K.M. Werner et B. Soenens, la solitude recherchée pour le plaisir et ses valeurs intrinsèques est liée à une bonne santé psychologique, en particulier pour ceux et celles qui ne se sentent pas appartenir à un groupe social.

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Ces résultats montrent l’importance pour les nouveaux étudiants de cultiver leur capacité à profiter du temps en solitaire comme une expérience significative, plutôt que d’essayer de l’ignorer ou de la fuir.

Un temps de solitude librement choisie peut être utile pour se détacher des pressions sociales et revenir à ses propres valeurs et intérêts, ce qui permet une meilleure auto-régulation des comportements.

Motivation positive

La différence entre une solitude bénéfique et une solitude nuisible résiderait, selon les chercheurs, dans la motivation positive. Une recherche saine et autonome de temps passé seul est associée à une plus grande estime de soi et à un plus grand bien-être psychologique. Autrement dit, les manières dont les étudiants de première année vivent la solitude sont cruciales.

Des recherches antérieures ont ainsi montré que le fait de passer trop de temps à socialiser au cours de la première année d’études collégiales – et, par conséquent, d’avoir peu de temps pour soi – pouvait être associé à un sentiment de mésadaptation.

L’originalité de cette étude tient donc dans le fait que les chercheurs Nguyen, K.M. Werner et B. Soenens ont réussi à identifier la motivation à passer du temps seul comme un indicateur d’adaptation aux études postsecondaires.

Source : Nguyen, T.T., Werner, K.M. & Soenens, B. (2019). Embracing me-time: Motivation for solitude during transition to college, Motivation and Emotion. En ligne : https://doi.org/10.1007/s11031-019-09759-9.