L'adaptation des nouveaux étudiants lors de la transition en début d'études au cégep pourrait être facilitée par le mentorat par les pairs. Dans le cadre de son mémoire de maîtrise, Sophie Laberge a étudié les perceptions du mentorat par de nouveaux étudiants en sciences infirmières.  Les étudiants mentorés ont relevé que cette stratégie avait permis de faciliter leur adaptation à leur nouveau programme d’études en aidant à diminuer leur stress et en facilitant le développement de nouvelles méthodes de travail et d’organisation du temps.

Dynamique de la transition

L’inscription dans un programme d’études collégial (ici en soins infirmiers) constitue un élément déclencheur qui entraîne une transition situationnelle chez bon nombre d’étudiants. Cette transition se répercute dans différentes sphères de leur vie : l’élève devient un « étudiant en techniques collégiales ». Ce nouvel état peut exiger de développer de nouvelles méthodes de travail, d’assurer une assiduité en classe ou de faire preuve de persévérance dans ses études. Par ailleurs, certains étudiants doivent diminuer leurs heures de travail rémunérées pour assurer leur réussite. Cette nouvelle conciliation travail-études demande une adaptation de la part de l’étudiant. D’autres doivent quitter leur région pour étudier. La perte du réseau social et familial, ainsi que l’apprivoisement de la vie en appartement ou en résidence constituent aussi des changements importants pour eux. En somme, les nouveaux étudiants rencontrent diverses difficultés lorsqu’ils amorcent leurs études collégiales. Ces difficultés influenceront leur adaptation à cette nouvelle réalité.  Selon le modèle de la transition de Meleis (2010) sur lequel s’appuie l’auteure, une transition peut être réussie ou échouée selon la personne impliquée, les caractéristiques de cette transition et la présence de conditions facilitatrices ou inhibitrices.

Difficultés et stratégies d’adaptation

Les nouveaux étudiants rencontrés en entrevues semi-dirigées (sept participants, tous en soins infirmiers) vivent une période d’instabilité riche en changements et en perturbations de toutes sortes en début de transition. Cette situation peut créer chez les étudiants un certain niveau de détresse, d’insécurité et de stress, influençant leur adaptation lors de la transition en début d’études collégiales. En raison des nombreux changements et difficultés auxquels ils font face, les nouveaux étudiants doivent mettre en place des actions qui faciliteront leur adaptation et favoriseront une transition « réussie ». Bien que la majorité des nouveaux étudiants dans un programme de formation postsecondaire vit des situations stressantes, ceux-ci ne réagissent pas tous de la même façon. Certains d’entre eux possèdent déjà des stratégies d’adaptation efficaces leur permettant de faire face aux problèmes rencontrés et qui faciliteront ainsi la transition en début d’études. Certaines stratégies réduisent le stress et facilitent l’adaptation à un nouveau programme d’étude postsecondaire, notamment :
  • Le fait d’être bien organisé
  • Planifier efficacement son temps
  • Organiser sa charge de travail
  • Uitiliser de bonnes méthodes de travail
  • Pratiquer un sport ou un loisir
Par ailleurs, l’auteure émet l’hypothèse que le mentorat par les pairs pourrait constituer une de ces conditions facilitatrices contribuant à soutenir les étudiants et à faciliter leur adaptation, particulièrement pendant la première année.

Le mentorat par les pairs

S’appuyant sur les travaux de Simon Larose, chercheur à la Chaire de recherche du Canada en motivation, persévérance et réussite scolaire, l’auteure envisage le mentorat par les pairs comme une relation de soutien et d’encadrement entre un étudiant novice et un étudiant plus expérimenté. Lors de son entrée dans un programme collégial, le nouvel étudiant définit les objectifs qu’il souhaite atteindre en cours de session et en fait part à son mentor. Le fait d’énoncer ses objectifs permet à l’étudiant de s’impliquer concrètement dans son processus transitionnel. Le mentor agit alors comme une ressource qui accompagne le nouvel étudiant et, lors de rencontres régulières, il s’assure que l’étudiant novice progresse de façon à atteindre ses objectifs. Les nouvelles stratégies d’adaptation ainsi acquises par l’étudiant lui permettent de vivre une transition positive aux études collégiales.

Résultats et recommandations

Cette étude qualitative de Sophie Laberge montre que les étudiants interviewés perçoivent positivement le mentorat par les pairs, en plus de recommander fortement aux nouveaux étudiants collégiaux (ici en soins infirmiers) de participer à cette mesure qui facilite l’adaptation et la socialisation. Deux résultats intéressants s’avèrent prometteurs pour le développement et la mise en place de mesures de mentorat par les pairs :
  •  le mentorat par les pairs a eu un impact positif sur la confiance en soi des étudiants. En effet, ceux-ci se croyaient capables de réussir leurs études, notamment parce que leur mentor avait réussi avant eux, ce qui constituait un bon modèle.
  • tous les étudiants qui ont vécu du stress lors de leur début dans le programme ont affirmé que le mentorat par les pairs avait permis de diminuer ce stress. Par leurs réponses aux questions, leurs indications et leurs encouragements, les mentors ont ainsi contribué à faciliter leur adaptation aux études collégiales.
Les étudiants se sentant plus rassurés et moins stressés, ils sont alors plus aptes à répondre aux exigences de leur nouveau programme d’études.