Dans une étude portant sur l'utilisation de la technologie en classe, des chercheures de l’Université de Waterloo ont remarqué des points de vue différents des enseignants et des étudiants sur l’usage des technologies à des fins non-pédagogiques.

Dans un article publié dans la version canadienne de The Conversation, Elena Neiterman et Christine Zaza font état de leur enquête menée auprès de 478 étudiants et 36 enseignants de la Faculté des sciences appliquées de la santé de l’Université de Waterloo. Cette enquête examine l’utilisation de la technologie en classe à des fins pédagogiques ou « hors-tâche » : pour prendre des notes de cours ou envoyer des textos à des amis, par exemple.

L’utilisation de la technologie a-t-elle un impact négatif sur eux et sur les étudiants de leur entourage ? Les enseignants devraient-ils faire quelque chose pour réduire au minimum l’utilisation de la technologie « hors tâche » en classe ?

Le point de vue des étudiants

La plupart des étudiants qui ont répondu au sondage croient que la technologie en classe est inévitable et ne pose pas de problème. Près de 65 % d’entre eux ont déclaré l’utiliser à des fins d’apprentissage et 20 % pour des activités sans rapport avec la classe.

La majorité des étudiants ne voient pas de problème à utiliser la technologie en classe à des fins non-pédagogiques, à la condition qu’elle ne distrait pas les autres.

Ils sont plus susceptibles d’utiliser la technologie pour des activités liées ou non à la classe dans de grandes classes que dans de petites classes.

Dans l’ensemble, ils ne perçoivent pas la technologie comme une cause de leur distraction, mais comme un moyen : ils affirment passer en mode « hors tâche » lorsque le matériel est trop ennuyeux ou trop dense, ou lorsqu’ils ont autre chose à faire, comme finir un devoir pour un autre cours.

Les étudiants considèrent l’utilisation de la technologie comme une question d’autonomie personnelle et certains d’entre eux estiment que les enseignants sont « responsables » dans la mesure où les étudiants se tournent vers la technologie « hors tâche » quand ils s’ennuient.

Image : Pixabay

Le point de vue des enseignants

La plupart des enseignants croient que la technologie n’a pas d’impact négatif sur l’apprentissage lorsqu’elle est utilisée pour les activités en classe.

Bien que 60 % d’entre eux croient qu’il leur incombe de réduire au minimum l’utilisation de la technologie « hors tâche » en classe, plusieurs estiment qu’il s’agit d’une tâche impossible.

Certains enseignants affirment avoir essayé d’éduquer les étudiants sur l’impact négatif des distractions liées à la technologie, alors que d’autres ont choisi de l’ignorer. Certains participants à l’enquête ont fait état de leur désir d’avoir un contact visuel avec les étudiants pendant les cours, contact souvent bloqué par un écran.

Près de 60 % des enseignants croient qu’ils devraient intervenir lorsque la technologie devient distrayante, comparativement à 26 % des étudiants. La plupart des enseignants aspirent à rendre leurs cours plus attrayants, mais estiment qu’ils ne peuvent pas rivaliser avec l’attrait des médias sociaux.

Des enseignants interrogés se demandent également si certains sujets peuvent être présentés dans un format attrayant ou si le fait d’apprendre à rester éveillé malgré l’ennui devrait faire partie de la formation.

Selon les auteures de l’étude, les établissements et les enseignants doivent concevoir des règles d’engagement pour gérer l’utilisation de la technologie en classe afin qu’elle soit un outil qui aide à améliorer l’apprentissage.

Neiterman, E., & Zaza, C. (2019). A Mixed Blessing? Students’ and Instructors’ Perspectives about Off-Task Technology Use in the Academic ClassroomThe Canadian Journal for the Scholarship of Teaching and Learning, 10(1). https://doi.org/10.5206/cjsotl-rcacea.2019.1.8002