Une équipe de recherche du centre Experiential Learning and Outreach Support (ELOS) de l’Université de Toronto a documenté des approches et des ressources innovantes pour adapter les activités d'apprentissage expérientiel et les stages.

Dans un récent article paru dans la version anglophone d’Affaires universitaires, V. Lowes, A. Goldman et C.McMahon du centre ELOS montrent que les programmes d’apprentissage par l’expérience  – qui permettent notamment aux étudiant.e.s d’acquérir de l’expérience, de s’engager dans un milieu, de développer des compétences, de créer des réseaux professionnels et de préparer une carrière – ont été particulièrement touchés par l’isolement et la distanciation découlant de la pandémie.

Une enquête de Cooperative Education & Work-Integrated Learning Canada (CEWIL) sur les effets de la COVID-19 sur les programmes d’apprentissage intégré au travail dans les universités et les collèges canadiens révèle qu’en date du 8 mai dernier, plus de 6700 stages d’été 2020 ont été annulés.

L’incertitude demeure quant à l’année scolaire 2020-2021. L’apprentissage étant prévu principalement à distance, il sera probablement difficile d’obtenir des stages et de mettre en place des activités d’apprentissage expérientiel.

L’équipe de recherche du centre ELOS a donc compilé des ressources et des suggestions susceptibles d’aider les personnes responsables des stages et de l’apprentissage expérientiel dans les établissements collégiaux et universitaires.

Ressources et suggestions

Partenariats

La pandémie a bouleversé les opérations quotidiennes des milieux communautaire, culturel, événementiel, etc. Voici quelques idées pour apprendre par l’expérience dans un contexte de distanciation :  

  • proposer aux étudiant.e.s de réaliser des apprentissages en effectuant des recherches à distance pour des organismes, en créant des contenus web, en numérisant des ressources ou en archivant du matériel, ou encore en développant une programmation virtuelle pour des organismes ou des institutions qui cherchent d’autres moyens d’entrer en contact avec leur clientèle;
  • profiter du campus comme partenaire potentiel. L’Université de Toronto, par exemple, a déjà mandaté des étudiant.e.s de première année en génie de trouver un moyen d’empêcher la condensation à la bibliothèque de livres rares;
  • partager un partenariat entre plusieurs cours, en permettant à une organisation externe d’accéder à l’expertise des étudiant.e.s dans diverses disciplines universitaires;
  • faire participer les étudiant.e.s à des activités d’évaluation des impacts de la COVID-19 sur les populations. Des sujets tels que la discrimination, la santé mentale, le logement et la sécurité alimentaire, l’environnement ou l’impact économique peuvent être explorés à partir de multiples perspectives disciplinaires;
  • jumeler des étudiant.e.s à distance avec des personnes qui ont besoin de soutien, comme les personnes âgées qui luttent contre leur isolement ou les nouveaux arrivants qui développent leurs compétences linguistiques;
  • réaliser des micro-projets à distance avec des entreprises locales. En partenariat avec la chambre de commerce, identifier les petites entreprises ayant besoin d’aide. Des étudiant.e.s de l’Université de York soutiennent ainsi le programme ShopHERE de la Ville de Toronto, aidant 3000 entreprises et détaillants à créer des sites de commerce électronique d’ici le mois d’août 2020.

Stages rémunérés, y compris les programmes d’enseignement coopératif

Cooperative Education & Work-Integrated Learning Canada partage sur son site web de nombreuses ressources sur ce thème.

Le gouvernement fédéral a modifié le Programme de stages pratiques pour étudiants afin de permettre aux employeurs d’accéder plus rapidement aux subventions salariales et aux établissements d’enseignement supérieur de demander des fonds pour embaucher leurs propres étudiants. L’Université de Waterloo a ainsi utilisé les fonds du programme pour embaucher 300 de ses propres étudiants en coopération cet été afin d’aider à la transition des cours en ligne.

Enfin, de nombreux établissements offrent une certaine flexibilité dans la durée des stages, offrent un soutien pour la passation d’entretiens virtuels, expérimentent des sessions d’information virtuelles sur les entreprises et fournissent aux employeurs des conseils pour superviser les étudiants travaillant à distance afin de réduire les obstacles potentiels à l’embauche.

Laboratoires virtuels ou à distance

Les activités hautement interactives comme les laboratoires constituent un défi particulier.

Il existe toute une série de sites gratuits ou payants qui proposent des activités simulées, des laboratoires virtuels et des vidéos qui peuvent être adaptés et répondre aux objectifs individuels des cours : PHET SimulationsUniversity of Toronto Open Modules ProjectsMorpho SourceOER CommonsJoveLabster, Concord Consortium,  KeepTeachingLEARNZ,  Oxford University Press.

Une autre solution est de fournir aux étudiant.e.s du matériel pour réaliser des versions réduites des laboratoires ou des activités de terrain depuis leur domicile. Les étudiant.e.s peuvent aussi être encouragés à explorer leur environnement immédiat, à prendre des photos, à consulter des sources en ligne et à discuter des résultats lors de discussions de groupe en ligne.

Mettre l’accent sur la qualité

Selon V. Lowes, A. Goldman et C.McMahon, il est possible de continuer à offrir des expériences d’apprentissage de grande qualité en se concentrant sur les principes fondamentaux : la construction d’expériences structurées, l’engagement actif des étudiant.e.s, l’authenticité de l’expérience, l’analyse critique et la réflexion.

De nombreux défis dans la programmation de l’apprentissage par l’expérience existent, et la situation actuelle pousse à penser différemment à ce qui est possible. Il y a beaucoup à apprendre entre autres sur les nouvelles relations possibles avec les milieux locaux et internationaux.

Consulter l’article paru dans University Affairs (en anglais)