Alors que de plus en plus d’étudiants ont accès à des études supérieures, et que la mission des établissements d’enseignement englobe une population plus diversifiée, un rapport suggère que des mesures d’aide soient offertes afin de veiller à ce que tous puissent réussir dans un contexte postsecondaire. Dans un document d’orientation intitulé Éliminer les obstacles : la santé mentale et les étudiants canadiens de niveau postsecondaire, Alyssa Max et Rosanne Waters, de l’Alliance canadienne des associations étudiantes (ACAE), examinent les problèmes de santé mentale dans les établissements postsecondaires canadiens, de même que les mesures que le gouvernement fédéral pourrait prendre afin d’améliorer la qualité de vie de ceux qui en souffrent.

Des chiffres préoccupants

Le problème de la santé mentale sur les campus est plus important que jamais, au point où certains auteurs parlent d’une « marée montante ». Un sondage mené en 2016 par le National College Health Association auprès des étudiants canadiens de niveau postsecondaire révèle que de nombreux étudiants éprouvent des problèmes de santé mentale :
  • 44,4 % des étudiants sondés rapportent qu’au cours des douze derniers mois, ils ont éprouvé des symptômes de dépression si puissants qu’il leur était difficile de fonctionner;
  • 13 % avaient sérieusement envisagé le suicide et 2,1 % avaient fait une tentative de suicide;
  • 18,4 % ont rapporté avoir été diagnostiqués et traités par un professionnel pour un problème d’anxiété.

De quoi les étudiants ont-ils besoin ?

Plusieurs études montrent que la réussite de nombreux étudiants de niveau postsecondaire repose sur la présence d’accommodements accessibles et en nombre suffisant. Les auteures recommandent donc de la création d’un groupe de travail national, comprenant des représentants des étudiants et des intervenants du milieu postsecondaire du Canada, afin d’instaurer des pratiques exemplaires pour promouvoir la santé mentale et faciliter la prestation d’accommodements uniformes et efficaces, ainsi que des pratiques d’accessibilité.

Contrer la stigmatisation

Une étude de Salzer et al. (2008) citée dans le document révèle que 30 % des étudiants ne demandent pas d’accommodements par crainte de divulguer de l’information sur leur état de santé à un membre du corps professoral. Cette crainte de la stigmatisation est justifiée : les étudiants ont droit à des réactions négatives, comme la banalisation des problèmes de santé mentale et de la maladie mentale, et le scepticisme à l’égard des demandes d’accommodements. Un soutien actif du gouvernement fédéral à l’égard des campagnes lancées dans les établissements d’enseignement postsecondaire visant à atténuer la stigmatisation est recommandé.

Une collaboration accrue avec les intervenants

Les auteures recommandent également la création d’une subvention du Programme canadien de prêts aux étudiants (PCPE) afin de couvrir les coûts élevés des évaluations et des documents nécessaires pour obtenir des accommodements académiques liés à des problèmes de santé mentale. En effet, la longueur des temps d’attente en santé mentale fait en sorte qu’il est difficile d’obtenir des accommodements au moment souhaité. De plus, le PCPE devrait augmenter sa collaboration avec les intervenants pour s’assurer que sa définition de l’invalidité reflète les diverses situations des étudiants, et englobe les besoins en accommodements des étudiants ayant des problèmes de santé mentale.