Les problèmes de santé mentale sont en croissance au sein de la population étudiante aux études postsecondaires et cela constitue une menace sur le plan de la performance académique. Les résultats de la présente recherche indiquent que la première année d’étude universitaire constitue le moment le mieux choisi afin d’éveiller l’attention des étudiants et de leur proposer des stratégies de prévention en matière de santé mentale. Cette recherche, publiée dans l’International Journal of Higher Education (2017, vol.6, no.3), est l’œuvre de Tammy Jordan Wyatt, Sara B. Oswalt et Yesenia Ochoa de l’University of Texas at San Antonio. Le but des auteurs est d’examiner l’incidence des différents troubles de santé mentale et leur impact respectif sur la performance académique, le tout en se concentrant sur les étudiants qui en sont au commencement de leur parcours universitaire.

Les questions au cœur de l’étude

  • Comment les étudiants de première année se distinguent-ils de ceux des autres niveaux du postsecondaire en matière de prévalence de la dépression et de l’anxiété?
  • Comment les étudiants de première année diffèrent-ils de ceux des autres années universitaires en ce qui a trait aux blessures auto-infligées et à leurs intentions suicidaires sérieuses dans les 12 derniers mois?
  • Comment les étudiants de première année diffèrent-ils quant à l’impact sur la performance académique qu’ont la dépression, l’anxiété et le stress si on les compare aux étudiants des autres années du parcours postsecondaire.

La méthodologie employée

La recherche repose sur l’analyse de données secondaires qui proviennent de l’enquête American College Health Association-National College Health Assessment II menée en 2011 à travers les États-Unis. Celle-ci regroupe les réponses de 66 159 individus sélectionnés de façon aléatoire. Outre le niveau d’avancement des étudiants dans le parcours universitaire, le genre et le groupe ethnique sont des variables qui ont également été considérées dans l’analyse puisqu’il s’agit de facteurs dont la pertinence a été révélée par des études précédentes.

Les principaux résultats

En ce qui concerne les étudiants de première année universitaire, les données indiquent qu’ils présentent un taux moins élevé de diagnostics pour l’anxiété, la dépression ou les blessures auto-infligées par rapport aux étudiants des autres niveaux. Pourtant, à ce chapitre, d’autres études soulignent que les étudiants de première année sont plus susceptibles de souffrir de ce genre de maux. Cela pourrait indiquer que des étudiants souffrent en fait de ces problèmes, mais qu’ils ne cherchent pas à être diagnostiqués ou traités. Pour ce qui est de l’impact académique, les étudiants de première année ont vécu moins d’impacts négatifs dus à l’anxiété ou au stress, si on les compare aux étudiants de 2e, 3e et 4e années universitaires. En ce qui concerne l’impact de la dépression, le niveau est également moins élevé que ce qui peut être observé pour les autres années. Cela signifie que les étudiants de première année sont davantage en mesure de surpasser les effets négatifs de ces maux, du moins pour cette première année. Malgré ces résultats, cette période des études est la meilleure pour évoquer les enjeux liés aux troubles de santé mentale et parler de prévention. Les mesures prises pour faire face à ces enjeux devraient, dans le cas des étudiants ciblé par l’étude, porter sur leurs besoins tant scolaires que personnels. Cela peut prendre la forme d’un soutien pour développer leur réseau social ou leur sentiment de contrôle sur leur vie personnelle et académique. Le soutien au développement de stratégies de gestion des situations stressantes est également une avenue à favoriser. Au-delà du développement de stratégies, des efforts peuvent être faits pour que les étudiants se familiarisent et déstigmatisent le recours à des services d’aide en santé mentale. Enfin, en accord avec les autres études, il s’avère que les femmes et les membres des minorités ethniques présentent des taux plus élevés d’anxiété et de dépression. L’accès aux servies de soutien en santé mentale pour ces populations devrait faire l’objet d’efforts particuliers.

Limites de la recherche

Les auteurs concluent en rappelant que l’enquête revêt certaines limites, notamment le fait qu’elle soit basée sur les réponses des étudiants. Il n’existe aucune certitude quant à l’honnêteté des étudiants dans les réponses qu’ils fournissent. Par ailleurs, il est aussi possible que certains étudiants n’aient pas encore été diagnostiqués pour des troubles de santé mentale alors que l’étude porte sur les diagnostics, les traitements et le comportement.   Pour accéder directement à l’article de l’International Journal of Higher Education