Dans la conférence "Le stress, notre meilleur ennemi'', trois chercheurs mettent en lumière les causes et les effets du stress, présent chez les étudiants postsecondaires. L’événement, filmé le 5 décembre dernier à l’occasion de la 4e Conférence de la montagne et diffusée par le Canal Savoir, vise à réunir des chercheurs afin de poursuivre le dialogue entre divers champs disciplinaires et des univers théoriques auparavant distincts.

Les intervenants

Différents angles de la thématique du stress sont abordés dans une perspective complémentaire par trois professeurs de l’Université de Montréal :
  • Sonia Lupien, directrice du Centre d’études sur le stress humain, a pour mission d’éduquer le public quant aux effets du stress sur le cerveau et le corps en utilisant des données validées scientifiquement. Professeure au Département de psychiatrie de l’UdeM, elle a mené des études notamment chez les jeunes adultes.
  • Thierry Bardini, directeur du Département de communication de l’UdM, où il enseigne aussi. Docteur en sociologie, il explore l’histoire et la sociologie de la cyberculture.
  • Lourdes Rodriguez del Barrio, professeure à l’École de travail social de l’UdM, est aussi directrice scientifique de la recherche sociale au Centre intégré universitaire de santé et de services sociaux du Nord-de-l’Île-de-Montréal.

Obstacle ou moteur ?

Le stress n’est pas envisagé que péjorativement par les conférenciers. Pour Thierry Bardini, il s’agit clairement d’une condition symptomatique de notre époque, qui n’est pas nécessairement toujours négative. Selon lui, le stress numérique est un phénomène complexe, mais pas forcément la « pire chose à laquelle nous ayons à faire face » dans les réseaux sociaux. Pour Lourdès Rodriguez Del Barrio, le stress est un mot chargé de sens qui permet de mieux comprendre les interactions de chaque être humain avec la nature, avec lui-même et avec la société pour agir sur celles-ci. Selon la chercheure, nous ne sommes pas tous égaux devant le stress. Nous n’avons pas tous les mêmes possibilités pour le transformer en une force positive et empêcher qu’il nous rende malades. C’est donc sur cette égalisation des chances qu’il faut travailler pour transformer cette réalité. Le message que souhaite livrer la directrice du Centre d’études sur le stress humain, Sonia Lupien, s’inscrit dans ce sens : le stress n’est pas que négatif. Sans lui, l’être humain n’aurait d’ailleurs pas survécu. Rappelons que dès sa conceptualisation à l’Université de Montréal par Hans Selye, dans les années 1950, le stress était qualifié de « syndrome général d’adaptation ». Aux études, au travail ou dans la vie sociale et affective, il peut donc prendre différentes formes. Souvent présenté de manière négative, il se révèle complexe et « sa signification sociale et culturelle est multiple ».

Lien entre stress et réussite

Une étude récemment recensée parue dans l’International Journal of Higher Education montrait que malgré le fait que les étudiants de première année universitaire vivent moins d’impacts négatifs dus à l’anxiété ou au stress (comparativement aux étudiants de 2e, 3e et 4e année), c’est cette période de transition qui s’avère la plus adéquate pour évoquer avec eux les enjeux liés aux troubles de santé mentale. En effet, parler prévention peut être plus aisé avec des étudiants en début de parcours puisqu’ils sont davantage en mesure de surpasser les effets négatifs de ces maux. Enfin, en accord avec les autres études, cette recherche montrait que les femmes et les membres des minorités ethniques présentent des taux plus élevés de stress, d’anxiété et de dépression. Considérant la féminisation de certaines disciplines et l’internationalisation de l’éducation, il serait intéressant de se pencher davantage sur le stress vécu par ces populations pour contrer les obstacles à leur réussite.