Le Conseil ontarien de la qualité de l'enseignement supérieur (COQES) a choisi cette année de "Mettre l'accès et les bonnes idées en pratique", en réussissant des intervenants issus des milieux de l'enseignement supérieur, mais également des organismes communautaires et des organisations gouvernementales. Voici le résumé des présentations auxquelles le CAPRES a assisté lors du premier jour de l'événement. La conférence d’ouverture, présentée par Roberta Jamieson, présidente et chef de la direction de l’organisme Indspire, visait à mieux comprendre ce que vivent les étudiants autochtones, de même qu’à identifier des moyens pour les aider à accéder aux études supérieures et à réussir leur projet d’étude. Roberta Jamieson, qui est aussi la première femme Mohawk élue en tant que cheffe, a d’abord présenté sa vision de l’éducation en tant que clé du changement pour les Autochtones. Elle a souligné le fait que plusieurs des recommandations de la Commission vérité et réconciliation touchent l’éducation supérieure. Pour la conférencière, il est nécessaire de reconnaître le rôle des autochtones dans le système éducatif provincial. Ce changement sociétal demande également une reconnaissance de la manière de penser l’éducation chez les peuples autochtones. Pour les étudiants soutenus par l’organisme Indspire, le support obtenu représente une validation de la communauté. Il s’agit d’un élément central dans leur motivation à poursuivre leurs études. De plus, les boursiers sont déterminés à donner en retour à leur communauté. L’organisme offre aussi du mentorat pour les étudiants qui terminent leurs études, afin de leur permettre de développer un réseau professionnel.

Des pistes d’action

Roberta Jamieson a également proposé des avenues afin de favoriser l’accès des étudiants autochtones à l’enseignement supérieur :
  • Former les enseignants qui vont travailler dans les communautés, afin qu’ils comprennent mieux le contexte et restent dans les communautés plus longtemps ;
  • Ajouter sur les sites web des établissements une reconnaissance du territoire autochtone, avec le plus d’informations possibles sur la communauté ;
  • Intégrer la communauté dans le quotidien et dans les milieux décisionnels ;
  • Créer des occasions de mentorat pour les étudiants ;
  • Créer des programmes de formation qui intègrent le contexte autochtone, par exemple en droit et en formation des maîtres ;
  • Demander aux étudiants autochtones ce qui les a motivé à entreprendre des études et ce qui les encourage à poursuivre leur projet ;
  • Permettre aux étudiants de retourner à la maison pour les cérémonies traditionnelles.
La conférencière a aussi proposé quelques pistes concrètes pour mieux rejoindre les communautés autochtones :
  • Utiliser plusieurs moyens de communications – par exemple, la radio est encore beaucoup utilisée dans le Nord ;
  • Être très patient, même si on n’a pas de réponse – le silence ne veut pas nécessairement dire non. Il peut signifier que les membres de la communauté sont en réflexion ;
  • Tenir ses promesses et retourner plusieurs fois à la charge en respectant les interlocuteurs ;
  • Prendre en considération que la confiance ne se construit pas en un jour ;
  • Célébrer ce qui fonctionne.
Elle souligne enfin que les possibilités sont multiples et que ce projet de société permet à chacun d’y contribuer à son niveau.

Construire des ponts entre les différents niveau d’enseignement

Dans cet atelier, Gail Forsyth de l’Université Laurier a présenté le PSE Literacy Program, un projet financé entièrement par des collaborateurs externes à l’université qui vise à démystifier les différents parcours scolaires. Des jeux et des vidéos sont utilisés pour aider les étudiants à identifier les parcours possibles vers l’université en se centrant sur leurs aptitudes, leurs intérêts, leurs valeurs et leurs traits de personnalité. Le projet permet d’informer les étudiants sur :
  • les différentes manière de payer des études supérieures ;
  • les budgets et le travail à temps partiel ;
  • les manières de tirer profit de leur expérience au secondaire.
Leslie Gloor Duncan de Western University a pour sa part présenté une initiative qui amène les commissions scolaires et Western University en Ontario à collaborer ensemble. Ce projet permet aux étudiants de suivre un cours gratuitement à l’université pendant qu’ils terminent leur programme secondaire. Enfin, Tesfai Mengesha, de Success Beyond Limits (SBL), a présenté le travail réalisé dans le quartier NorthWest de Toronto avec des jeunes de 13 à 18 ans qui ne réussissent pas bien dans le système d’éducation régulier. L’organisme a été créé par et pour les jeunes de manière collaborative, intégrée dans la communauté. Le projet est logé dans une école secondaire et dans une université pendant l’été. Pour Tesfai Mengasha, il est essentiel de repenser la réussite à l’université en dehors de ce que nous avons l’habitude de concevoir. Aller à l’université et en retirer ce dont on a besoin est une nouvelle forme de succès. Terminer un programme n’est pas le succès visé par tous les étudiants.

Les tendances dans la mobilité sociale en éducation

Wen-Hao Chen, économiste à Statistiques Canada, a souligné dans sa présentation que le Canada détient le plus taux de mobilité dans les pays de l’OCDE. Cependant, bien qu’un grand nombre d’immigrants accèdent aux études supérieures, cela ne se reflète pas sur le marché du travail pour les étudiants de deuxième génération. Ses analyses montrent que cette réalité a aussi un impact sur le nombre d’étudiants de troisième génération qui accèdent au études supérieures. Lauren Eden Jones, pour sa part, a proposé de concevoir la mobilité de trois manières différentes :
  • Mobilité relative : est-ce que les ressources de mes parents dictent mes ressources ?
  • Mobilité absolue : est-ce que je suis avantagé par rapport à ce que mes parents ont vécu ?
  • Changement dans les inégalités : quel est le gain de ma génération par rapport à celle de mes parents ?
Cette dernière référence au gain réfère au revenu, mais aussi à la santé, à l’éducation, etc. Pour accéder directement aux présentations (en anglais) du colloque 2018 du COQES