Une étude publiée dans le plus récent numéro de International Review of Research in Open and Distributed Learning (Vol.18, No.2, 2017) soutien que les enseignants devraient tirer profit des stratégies liées à la conception universelle de l’apprentissage (CUA) puisqu’un nombre notable d’étudiants ayant participé à la recherche ont fait usage de celles-ci. L’étude menée par Patricia Fidaldo du Emirate College for Advanced Education (Abu Dhabi) et Joan Thormann, de la Lesley University (Cambridge), avait pour but d’explorer si les étudiants inscrits à des cours en ligne aux cycles supérieurs faisaient usage de stratégies liées à la CUA et s’ils les trouvaient utiles.

Environnement en ligne et CUA

Selon les chercheurs, l’absence de rétroaction non verbale qui caractérise les cours en ligne, contrairement aux cours offerts en classe, devrait mener les enseignants à obtenir un retour de la part des étudiants de manière structurée et intentionnelle de façon à savoir s’ils arrivent à les rejoindre. Dans un environnement en ligne, la CUA suppose l’usage de diverses façons de transmettre l’information aux étudiants. Également, cela implique de permettre à ces derniers de démontrer leurs connaissances ou leurs compétences de multiples façons. De cette façon, soutiennent les auteurs de l’article, ils pourront réussir, peu importe leur style d’apprentissage. Les stratégies utilisées dans le contexte de l’étude ont été sélectionnées afin d’en apprendre plus sur la perception des étudiants, de même que leur usage de celles-ci. Toutefois, ce ne sont pas tous les aspects de la CUA qui ont été inclus, et ce, dans le but de constater si des aspects spécifiques avaient de l’influence sur certains étudiants.

La méthodologie employée

Les questions centrales de l’étude étaient les suivantes :
  • Quels sont les formats alternatifs préférés des étudiants inscrits à des cours en ligne pour apprendre du nouveau contenu? Pourquoi?
  • Y a-t-il une relation entre les préférences des étudiants au sujet des formats alternatifs et le contenu du cours?
  • Quel est le format alternatif auquel les étudiants sont le plus fréquemment exposés?
  • Lorsqu’on leur donne l’occasion d’avoir recours à des formats alternatifs pour remettre leurs travaux, que décident de faire les étudiants?
La recherche a été menée à l’occasion de deux cours en ligne de niveau gradué d’une durée de huit semaines qui ont eu lieu entre l’automne 2014 et le printemps 2015. Blackboard a été le système de gestion de l’apprentissage (LMS) employé. Les auteurs de l’étude ont mis en place des cours faisant appel à différents formats : textes, Powerpoints avec voix hors champ (visuels et auditifs), vidéos YouTube (visuels et auditifs) et projection d’écrans (screencasts). Les divers formats alternatifs présentaient toujours le même contenu. En ce qui concerne les participants à l’étude, ils étaient neuf au cours de l’automne et 18 à celui du printemps. Un étudiant du premier cours n’ayant remis que le premier travail, le total des participants se chiffre à 26. Parmi eux, cinq hommes et 21 femmes. Une approche méthodologique mixte a été employée dans le cadre de cette recherche. Ainsi, des données statistiques produites par le LMS et par la compilation des travaux remis par les étudiants ont été employées en plus des données qualitatives. Ces dernières ont été recueillies par le biais d’un questionnaire distribué une fois le cours terminé.

Des résultats probants

L’enquête menée par les chercheurs indique clairement que le format vidéo est celui que préfèrent les étudiants ayant participé à la recherche lorsqu’il est question d’apprendre un nouveau contenu. Cela est en accord avec les données qui montrent qu’une majorité des étudiants sont des apprenants de type visuel. Toutefois, le texte ne devrait pas être laissé de côté pour autant, soulignent Fidaldo et Thormann. Ce format a encore la préférence de plusieurs étudiants. De plus, malgré la préférence indiquée pour le format vidéo, il demeure que les textes sont le format qui a été le plus consulté par les étudiants. Pour les auteurs, cela pourrait tenir au fait que, par les années passées, les étudiants ont été davantage habitués à utiliser les textes. Il y a également la perception qu’ont ceux-ci que de se fier seulement à une vidéo risque d’avoir un effet négatif sur leur capacité d’assimiler le contenu comparativement à ce qui est possible en lisant un texte. Toujours en ce qui concerne la transmission du contenu d’un cours, la recherche indique que certains étudiants croient que leur choix de format a été influencé par le contenu du cours. Il semble que l’aisance avec un format particulier ainsi que leur style d’apprentissage soient les deux facteurs ayant de l’influence à ce chapitre. Pour ce qui est de la remise des travaux, un nombre important d’étudiants s’est prévalu de la possibilité de les remettre sous un format alternatif (27 % des travaux remis lors du premier cours l’ont été dans un format alternatif et 41 % dans le deuxième cours). Il y a eu presque unanimité chez les étudiants quant à la pertinence de permettre la remise de travaux sous divers formats. Encore ici, l’habitude de remettre les travaux par écrit pourrait expliquer la différence entre l’intérêt des étudiants et le pourcentage de travaux qui sont effectivement remis dans un format alternatif.

Les recommandations

Au terme de leur recherche, les auteurs ont émis quatre recommandations :
  1. Utiliser des formats alternatifs pour répondre à différents styles d’apprentissage peut se faire tant pour la présentation du contenu du cours que pour les travaux à remettre;
  2. Utiliser les vidéos et les autres supports visuels puisque la plupart des étudiants rapportent qu’ils sont principalement des apprenants de type visuel;
  3. Offrir aux étudiants l’occasion de remettre leurs travaux dans des formats alternatifs afin de correspondre à leur style d’apprentissage et de les mettre au défi; et
  4. Utiliser des formats alternatifs afin de servir de modèle dans la promotion d’un apprentissage plus efficace et de correspondre aux différents types d’apprentissages.
Pour les auteurs, le simple fait pour les étudiants d’avoir la possibilité de se tourner vers un format alternatif leur permet d’expérimenter ou de se mettre au défi, ce qui est positif.