Un rapport issu du projet ERES-Collégial vient récemment d’être rendu public par le ministère de l’Éducation et de l’Enseignement supérieur (MESS). Intitulé Le renouveau pédagogique au secondaire : quelle trace laisse-t-il sur le passage de l’étudiant au collégial ?, il traite, comme son titre l’indique, de la situation des jeunes de la réforme au moment de leur transition vers le collégial. Le projet ERES-Collégial s’est déroulé de 2009 à 2015. Les chercheurs ayant mené cette étude se sont intéressés au cheminement de 1375 étudiants. Leur but était de porter un regard sur la réforme du renouveau pédagogique (RP) qui a été implantée entre les années scolaires 2005-2006 et 2009-2010.

Le renouveau pédagogique

Le RP constitue une importante réforme de l’éducation par laquelle on souhaitait dépasser le concept d’accessibilité qui avait prévalu jusqu’à ce point. Parmi les nombreux changements qui ont eu cours, notons l’adoption de l’approche par compétences et d’un cadre référentiel qui présente une conception intégrée de la formation par la description de domaines généraux de formation. La réforme a également été marquée par l’encouragement de nouvelles pratiques enseignantes ainsi que par l’enrichissement des programmes disciplinaires.

Mesurer l’impact sur les élèves

Le projet ERES-Collégial succède au projet ERES-Secondaire qui avait pour objectif général « d’évaluer les liens entre l’exposition au RP et les perceptions qu’ont les élèves de l’enseignement, les perceptions qu’ont leurs parents de l’école et la réussite éducative des élèves ». L’idée est d’effectuer un suivi des mêmes élèves une fois aux études collégiales afin d’en apprendre plus sur l’impact du RP au secondaire sur les perceptions de ces étudiants à l’égard de l’enseignement collégial, sur leur adaptation lors de la transition vers ce niveau et sur leur cheminement et leur réussite scolaires. Ainsi, les trois cohortes ayant participé à la première recherche ont été sollicitées de nouveau pour la seconde. Parmi elles, deux avaient été exposées au RP et une ne l’avait pas été. Les étudiants ciblés ont été invités à remplir un questionnaire lors de leur première et de leur quatrième session d’études collégiales. La première partie de ce questionnaire visait à en apprendre plus sur la trajectoire d’adaptation de l’étudiant (p. ex., ajustement scolaire et social, attachement institutionnel, motivation, sentiments de compétence, certitude vocationnelle). La seconde partie, quant à elle, était axée sur les attitudes et comportements d’apprentissage (p. ex., attention en classe, préparation aux examens, croyance en la facilité) et sur le recours à des services d’aide (p. ex., aide pédagogique individualisée [API], psychologues, conseillers d’orientation) au collégial. Elle visait aussi à en savoir plus sur les perceptions des étudiants quant aux pratiques pédagogiques au secondaire et au collégial. Aux données générées via les questionnaires, ce sont ajoutées des indicateurs de cheminement fournis par le Ministère (p. ex., taux de réussite, changements de programme, obtention du diplôme d’études collégiales, réussite à l’épreuve uniforme de français).

Résultats

Les éléments étudiés

Les effets présumés du RP sur trois ensembles de variables constituent les éléments centraux des résultats présentés par les auteurs du rapport. Il s’agit des variables suivantes :
  • Les perceptions de continuité dans les contenus disciplinaires et les pratiques pédagogiques entre les ordres d’enseignement secondaire et collégial,
  • les trajectoires d’adaptation des jeunes de la 4e secondaire jusqu’à la quatrième session collégiale et
  • les attitudes et comportements d’apprentissage, le recours à différents services d’aide et la réussite scolaire des étudiants en première et quatrième session du collégial.
Pour chacun de ces ensembles, les effets modérateurs du sexe de l’étudiant, de sa moyenne pondérée au secondaire et de son programme d’études au collégial sont considérés. L’effet modérateur de la séquence mathématique suivie au secondaire est aussi exploré par les auteurs.

Les conclusions

L’ensemble des contenus et des pratiques prescrites par le renouveau pédagogique au secondaire n’ayant pas encore été implantés au moment du passage des cohortes à l’étude, les auteurs du rapport font preuve de retenue dans leurs conclusions. Ils indiquent toutefois que les résultats de leur enquête « ont montré que les élèves de la cohorte RP ont présenté, dans l’ensemble, des perceptions de l’enseignement et un profil d’adaptation moins positif que celui des élèves de la cohorte contrôle. Les auteurs précisent cependant que ces écarts entre les cohortes sont modestes. À quelques exceptions près (valorisation des cours de langue d’enseignement, à la fin du secondaire, et perception plus positive, au collégial, à l’égard des relations avec leurs enseignants et du climat de maîtrise dans les cours de langue), les différences significatives ont favorisé les jeunes formant la cohorte contrôle. Sur le plan du rendement scolaire, peu de différences ont été notées. Les auteurs soulignent également que “les jeunes du RP ayant cheminé dans la séquence Technico-sciences (TS) au secondaire ont éprouvé plus de difficultés à s’adapter et à réussir au collégial que les jeunes de la séquence Sciences naturelles (SN)”. Au final, le rapport conclut que les effets de la transition demeurent importants. Cela requiert d’enrichir les éléments suivants :
  • Les mesures préventives,
  • les services d’accueil et d’intégration et
  • les activités pédagogiques au collégial.