Dans le cadre de son mémoire de maîtrise portant sur le parcours scolaire d’étudiant·e·s universitaires ayant reçu un diagnostic de trouble d’anxiété généralisée (TAG), Émilie St-Pierre a constaté que ces étudiant·e·s sont confronté·e·s à des difficultés multiples et ce, tant dans la sphère personnelle, scolaire, familiale que sociale.

La chercheure en travail social a mené des entretiens semi-structurés auprès de 10 étudiant·e·s de l’Université du Québec à Chicoutimi (UQAC) âgé·e·s entre 21 et 34 ans pour recueillir des données concernant leur vie personnelle, familiale, scolaire, sociale et professionnelle.

Elle souhaitait connaître le point de vue des étudiant·e·s ayant un TAG concernant leur parcours scolaire, décrire leur vécu depuis qu’ils fréquentent l’UQAC ainsi que présenter les éléments ayant pu faciliter ou faire obstacle à leur parcours scolaire.

La sphère personnelle : le plus grand impact sur le parcours scolaire

Selon la chercheure, la sphère personnelle et, plus particulièrement l’état de santé mentale, a été l’élément ayant eu le plus d’impact sur le parcours scolaire des étudiant·e·s.

En plus des manifestations anxieuses associées au TAG, les difficultés familiales et sociales vécues par les participant·e·s ont eu des répercussions négatives sur leur santé mentale et ont, de ce fait, affecté leur parcours scolaire.

Divers facteurs d’influence

En utilisant le modèle bioécologique et la théorie du parcours de vie, la chercheure a analysé les quatre sphères ayant eu une influence sur le parcours scolaire des étudiant·e·s :

1. La sphère personnelle

Les femmes sont plus susceptibles d’être touchées par le TAG au cours de leur vie.

Le fait d’être de sexe féminin serait donc un facteur de risque important associé au TAG et aux symptômes qui en découlent et qui affectent plusieurs sphères de la vie des personnes qui en sont atteintes.

Les étudiant·e·s vivant avec un TAG doivent souvent composer avec plus d’un problème de santé mentale ou avec des problèmes de santé mentale et physique à la fois.

La présence de symptômes physiques et mentaux a affecté négativement le parcours scolaire de plusieurs participant·e·s qui ont vu, dans certains cas, leur assiduité en classe diminuer de façon importante.

Plusieurs participant·e·s ont eu recours à l’usage de drogues et d’alcool depuis le début de leur parcours scolaire.

Bien que les répondant·e·s aient majoritairement utilisé ces substances dans le but de diminuer leurs symptômes anxieux ou dépressifs, la consommation de celles-ci les a plutôt amenés à vivre des difficultés, telles que l’augmentation des symptômes anxieux, le manque d’assiduité dans les travaux scolaires ou la présence en classe, ainsi que l’isolement lors d’activités réalisées dans le cadre scolaire.

2. La sphère scolaire

Dans la présente étude, les participant·e·s ont majoritairement bien réussi leur parcours scolaire sur le plan académique. Cependant, parmi les participant·e·s ayant rapporté quelques difficultés, l’état de santé était généralement en cause.

L’obtention de services destinés aux étudiant·e·s a été particulièrement significative en leur permettant de vivre leur rôle d’étudiant·e plus positivement.

La présence de transitions scolaires particulièrement difficiles semble avoir affecté le rôle d’étudiant·e de certain·e·s participant·e·s.

3. La sphère familiale

Le milieu familial constitue un microsystème particulièrement significatif dans le parcours scolaire des participant·e·s.

Bien que le soutien familial ait été perçu comme un élément facilitant leur parcours scolaire, les participant·e·s ont été exposé·e·s à de nombreuses difficultés familiales comme la séparation de leurs parents alors qu’ils étaient jeunes et ce, particulièrement avant leur entrée à l’université.

Des pratiques parentales surprotectrices auraient joué un rôle dans le développement de l’anxiété.

Plusieurs participant·e·s ont rapporté la présence de problèmes de santé mentale ou physique chez les membres de leur famille, en plus d’identifier des conflits impliquant différents membres de leur système familial.

4. La sphère sociale

Les participant·e·s ont été nombreux à vivre des difficultés relationnelles avec leurs pair·e·s lors de leurs études primaires, secondaires et collégiales. Ces situations ont provoqué de l’anxiété chez plusieurs participant·e·s et affecté leur expérience scolaire.

En contrepartie, le soutien social est un élément facilitant le parcours scolaire des participant·e·s, particulièrement lors des études primaires et secondaires. Le soutien des pair·e·s semble avoir été particulièrement aidant lors de la transition scolaire entre le primaire et le secondaire.

Source : St-Pierre, Émilie (2020). Le parcours scolaire d’étudiants universitaires ayant reçu un diagnostic de trouble d’anxiété généralisée (TAG).Mémoire de maîtrise, UQAC.