Dans un récent article publié dans Harvard Business Review, le médecin et enseignant Judson Brewer (Brown University) compare l’anxiété liée au contexte d’incertitude actuel à un virus qui se propage. Comment empêcher son expansion, notamment chez les étudiants ?

Selon cet article de Brewer, vivre de l’incertitude dans plusieurs domaines de nos vies est une conséquence difficile de cette pandémie. Cette incertitude croissante peut être comparée au virus lui-même, qui s’ajoute à une anxiété déjà présente chez de nombreux étudiants.

La contagion à l’ère des réseaux sociaux

Brewer rappelle que la peur est un mécanisme humain de base pour survivre. Il s’agit d’un processus mental en trois étapes hérité de nos ancêtres : voir le danger (déclencheur), fuir (comportement) et vivre pour dire à nos enfants d’éviter ce danger (récompense).

À l’ère des médias sociaux, l’ « infection émotionnelle » se transmet sans contact physique.  Bien que de nombreuses personnes aient de bonnes intentions – par exemple, partager des informations utiles sur de possibles pénuries d’approvisionnement –, le fait de se connecter aux réseaux sociaux peut engendrer une anxiété croissante. Parcourir son fil d’actualités peut être comparé au fait d’être en contact avec des gens qui « éternuent la peur ». Cette inquiétude est ensuite partagée dans nos propres réseaux de contacts.

Selon Brewer, l’anxiété peut empêcher de penser correctement. Lorsqu’elle est exagérée, elle ne protège plus des dangers. Au contraire, elle devient elle-même le danger.

Comment empêcher la propagation de la peur ?

La méditation pleine conscience constituerait une méthode scientifique efficace pour diminuer le niveau d’anxiété. Le médecin-enseignant a déjà essayé ce type de méditation avec ses étudiants, en vue de baisser l’activité cérébrale dans les régions du cerveau qui s’activent lorsque les gens sont anxieux.  

Les résultats de ses recherches sur la pleine conscience chez les professionnels de la santé montrent également une réduction de 57 % des mesures d’anxiété validées cliniquement chez les personnes stressées. La méditation pleine conscience réduirait également l’anxiété chez les personnes atteintes d’un trouble d’anxiété généralisée.

La méditation pleine conscience pourrait donc constituer le socle d’une bonne hygiène mentale en ces temps d’incertitude.

Pratiquer la méditation pleine conscience

Une pratique régulière de la pleine conscience peut aider à prévenir la propagation de la contagion sociale et contribuer à maintenir une hygiène mentale saine. Brewer identifie trois manières de l’appliquer dans ses activités quotidiennes :

Lancer un code

En médecine, lancer un code (bleu, blanc, etc.) nécessite de s’arrêter, de faire une pause et de prendre une profonde respiration (ou trois) avant de continuer.

Il s’agit de prendre une pause consciente en gardant les parties pensantes de notre cerveau en fonction.

Se concentrer sur les parties du corps où l’anxiété est présente (mains, poitrine, etc.) peut renforcer la conscience du sentiment négatif, voire l’aggraver. Au contraire, enraciner son attention dans des zones plus neutres peut aider à rester connecté dans le moment présent.

Une autre façon de le faire est d’ancrer sa conscience sur un objet extérieur (par exemple, sur les arbres, la nature ou les sons ambiants). Ce sont des techniques simples de dix secondes que Brewer suggère de pratiquer dès que le cœur ou les pensées anxiogènes commencent à s’emballer.

Entrer en contact avec soi

En plus des pratiques de pleine conscience, Brewer propose de prendre un moment pour faire une pause et remarquer le calme dans la tempête de personnes qui propagent sans le savoir le « virus de l’anxiété ».

Il est possible d’utiliser ce calme pour pirater les centres de récompense du cerveau. Lorsqu’ils ont le choix, nos cerveaux apprennent à effectuer l’action la plus gratifiante. Le calme est le choix évident et le plus gratifiant par rapport à l’anxiété. Plus le calme est fréquemment choisi, plus il deviendra la norme plutôt que l’exception.

Le calme n’est peut-être pas aussi contagieux que la peur, mais il est possible de le propager autour de soi.

Vivre un jour à la fois

Le cerveau est fait pour planifier l’avenir. Quand le cerveau commence à tourner dans la réflexion et l’inquiétude futures, une stratégie efficace peut être de faire une pause consciente et se rappeler de prendre un jour à la fois.

Brewer invite à faire qui doit être fait aujourd’hui. Cela peut signifier, par exemple, de respecter les consignes du jour, sans penser à celles de demain.

Si l’anxiété augmente, la journée peut être divisée en heures, voire en minutes. La question à se poser est alors : que dois-je faire maintenant, en ce moment présent ?

Consulter l’article original dans Harvard Business Review