Marc-André Simard (Université Laval), Guillaume Loignon (Cégep de Saint-Jérôme; Université de Montréal) et Iris Bourgault Bouthillier (Université de Montréal) ont examiné le lien entre le niveau de stress généré par les cours de philosophie et la perception des étudiants en techniques humaines sur ceux-ci.

L’étude, dont les résultats ont récemment été diffusés par le Centre en documentation collégiale, s’est d’abord appuyée sur le constat suivant : les étudiants les plus faibles en philosophie au Cégep de St-Jérôme sont ceux provenant des techniques humaines, particulièrement en techniques d’éducation à l’enfance.

Les personnes interviewées (118 filles, 19 garçons) provenaient de deux programmes techniques du Cégep de St-Jérôme, soit éducation à l’enfance et intervention en loisir.

La philo, toujours pertinente ?

La place de la formation générale (FG) est souvent remise en question dans l’espace public, particulièrement dans les programmes techniques. Selon le Conseil supérieur de l’éducation (2014), les étudiants trouveraient moins de sens aux cours de formation générale. Selon le Rapport Demers (2014), il faudrait : 1) adapter la FG aux besoins et aux difficultés des étudiants ou 2) éliminer l’épreuve uniforme de français (Rapport Demers, 2014).

Par ailleurs, des études ont montré que les trois cours obligatoires en FG peuvent contribuer au développement d’habiletés importantes comme la pensée critique et la métacognition. Des taux d’échecs élevés pourraient toutefois diminuer la motivation à poursuivre les études collégiales.

L’École d’Athènes. Image : Pixabay

L’importance du début de parcours

Au Cégep de St-Jérôme, 35 % des étudiants échouent ou abandonnent au moins un cours de philosophie lors de leur première année d’études.

Un échec en début de parcours pourrait influencer négativement la persévérance scolaire (Paradis, 2000), dans la mesure où la motivation est affectée par le sentiment de compétence (Barbeau, 1995).

Simard et coll., 2018

Principaux constats

Est-ce que les étudiants ont un faible sentiment de compétence et sont stressés par rapport aux cours de philosophie parce qu’ils ont une vision négative de la philosophie ou est-ce l’inverse ?

Selon les auteurs, d’autres considérations doivent être prises en compte, qui ont été validées dans des études antérieures :

  • plus les étudiants se disent confiants de réussir le cours, plus ils sont intéressés et satisfaits par le cours, plus ils réussissent;
  • plus le cours est jugé facile, plus les étudiants en sont intéressés et satisfaits, plus réussissent et vice versa.
  • il est essentiel de valoriser la formation générale auprès des étudiants, mais également auprès de l’ensemble de la société.
  • il s’avère important de comprendre la réalité des étudiants qui vivent des échecs répétés en FG, c’est-à-dire leurs caractéristiques individuelles, sociales et culturelles.

Recommandations

En lien direct avec ces constats, les auteurs proposent d’identifier les étudiants ayant un haut niveau de stress/une mauvaise perception de la philosophie, en vue de planifier des interventions.

Enfin, ils réitèrent l’importance de travailler sur la perception de la philosophie au collégial, autant chez les étudiants que dans la population générale.

Consulter les résultats de Simard et ses collègues (2018)