L'organisme Universités Canada (anciennement l’Association des universités et collèges du Canada) vient de publier un mémoire portant sur la manière dont l’apprentissage par l’expérience peut faciliter la transition des jeunes vers le marché du travail. C’est à titre de porte-parole des universités canadiennes qu’Universités Canada a déposé un rapport au Comité permanent des ressources humaines, du développement des compétences, du développement social et de la condition des personnes handicapées (HUMA), qui porte sur la préparation des jeunes à un marché du travail en mutation.

Contexte de l’apprentissage par expérience

L’organisme rappelle que l’apprentissage par l’expérience est une pratique établie au Canada : l’University of Waterloo a été la première à offrir un programme coopératif au Canada il y a plus de 60 ans. Les universités ont depuis multiplié les possibilités d’apprentissage par l’expérience pour inclure notamment des programmes coopératifs (pensons à l’Université de Sherbrooke), des stages, des programmes de mentorat et des expériences d’apprentissage à l’étranger. Plus de la moitié des étudiants au premier cycle profitent d’occasions d’apprentissage par l’expérience dans le cadre de leurs études. Or, tous les étudiants de niveau postsecondaire devraient bénéficier d’une forme d’apprentissage intégré au travail enrichissante pendant leurs études, la demande étant largement supérieure à l’offre. Les occasions d’apprentissage par l’expérience créent un pont entre les études et le travail, ce qui profite aux étudiants, aux employeurs et aux établissements. Elles donnent aux étudiants l’occasion de mettre la théorie en pratique dans de vrais milieux de travail et leur permettent d’arriver sur le marché de l’emploi avec des compétences comme le leadership, interpersonnelles, communicationnelles, la créativité, la capacité d’adaptation, l’entrepreneuriat, l’esprit d’équipe et la pensée critique. Les étudiants peuvent également se créer un réseau d’employeurs potentiels.

Deux grandes recommandations

Pour aider les jeunes à composer avec les changements actuels dans le monde du travail, Universités Canada émet deux grandes recommandations :

Recommandation 1 : Accroître les possibilités d’apprentissage par l’expérience pour tous les étudiants

Dans le contexte où les bouleversements technologiques créent un sentiment d’urgence, la demande des étudiants en matière d’apprentissage par l’expérience comme les programmes coopératifs, les stages, les projets de recherche et les programmes de mentorat – qui pourraient tous comprendre une expérience à l’étranger – continue de croître et dépasse l’offre. À l’heure actuelle, 55 % des étudiants canadiens au premier cycle prennent part à ce type d’expériences. Pour atteindre la cible de 100 %, il faudra des investissements du milieu des affaires et du gouvernement, et l’amélioration des pratiques des universités. Il est recommandé d’accroître les pratiques exemplaires et les programmes fructueux comme Mitacs et le Programme d’apprentissage intégré en milieu de travail pour étudiants.
  • Il est recommandé que Mitacs offre aux étudiants au premier cycle la possibilité d’acquérir un large éventail de compétences et d’expériences recherchées par les employeurs. Les employeurs, en particulier les petites et les moyennes entreprises qui sont incapables d’offrir ces possibilités en raison d’obstacles financiers, profiteront de la collaboration avec des étudiants au premier cycle hautement qualifiés. Il est aussi recommandé d’accroître la diversité en améliorant le soutien offert aux femmes, aux groupes sous-représentés et aux chercheurs en début de carrière.
  • Le Programme d’apprentissage intégré en milieu de travail pour étudiants n’est actuellement offert qu’aux étudiants de niveau postsecondaire en sciences, technologie, génie, mathématique et affaires. Or, la moitié des étudiants au premier cycle sont inscrits à des programmes en sciences humaines. Pour favoriser l’inclusion et la diversité, il est recommandé d’élargir le Programme à toutes les disciplines, afin qu’un grand nombre d’étudiants sous-représentés y participent. On sait d’ailleurs que l’intelligence artificielle requerra des compétences en sciences humaines, notamment en éthique.

Recommandation 2 : Accroître les possibilités en matière d’éducation internationale

S’appuyant sur le récent rapport Éducation mondiale pour les Canadiens – Outiller les jeunes Canadiens pour leur réussite au Canada et à l’étranger, Universités Canada soutient que l’apprentissage à l’étranger profite à la fois aux étudiants et à la société. Les études à l’étranger permettent aux étudiants d’acquérir les connaissances, les compétences et les réseaux mondiaux essentiels à leur réussite.  Selon l’organisme, des études ont montré qu’une éducation internationale est associée à un taux supérieur d’obtention du diplôme, à de meilleurs résultats scolaires et à un taux d’emploi plus élevé. Elle favorise aussi l’acquisition de compétences du XXIe siècle (résolution de problèmes, communication, esprit d’équipe, résilience, capacité d’adaptation et créativité), surtout chez les étudiants provenant de milieux défavorisés. Actuellement, seuls 11 % des étudiants canadiens de niveau postsecondaire vivent une expérience d’études à l’étranger. Parmi les cibles, mentionnons l’augmentation de 11 à 25 % en 10 ans de la proportion d’étudiants canadiens qui prennent part à une expérience d’études, à un programme coopératif ou à un stage à l’étranger, particulièrement l’amélioration de l’accès et de la participation des jeunes Autochtones et des jeunes issus de groupes marginalisés. Pour consulter directement le mémoire Étude sur l’apprentissage par l’expérience et la préparation des jeunes Canadiens au marché du travail