Résultats de recherche
Sur son blogue Education Research Report, Jonathan Kantrowitz fait état d’un article en accès libre de Louis Deslauriers et ses collègues, intitulé Measuring actual learning versus feeling of learning in response to being actively engaged in the classroom et publié dans la revue Proceedings of the National Academy of Sciences.
Deslauriers avait déjà montré dans une étude antérieure que les étudiants apprennent davantage lorsqu’ils participent activement au processus d’apprentissage. Or, beaucoup d’enseignants hésitent encore à passer à l’apprentissage actif.
Réalité vs perception
Selon les auteurs de cette étude, la question de savoir si la perception qu’ont les étudiants de leur apprentissage correspond à leur apprentissage réel est particulièrement importante. En effet, même s’ils finissent par comprendre la valeur de l’apprentissage actif, cela peut être frustrant et fastidieux en début de parcours.
Un professeur à la personnalité théâtrale qui enseigne en mode magistral peut expliquer sa matière de manière à donner aux étudiants l’impression qu’ils apprennent plus qu’ils ne le font réellement.
Pour comprendre ce paradoxe, Deslauriers et ses collègues ont conçu une expérience exposant les étudiants d’un cours d’initiation à la physique de 15 semaines. Pendant les 11 premières semaines, tous les étudiants ont reçu un enseignement magistral. Au cours de la 12e semaine, les choses ont changé : la moitié des étudiants ont été placés dans une classe d’apprentissage actif, tandis que l’autre moitié des étudiants ont assisté à des conférences classiques de qualité.
Après chaque cours, il a été demandé aux étudiants ce qu’ils avaient pensé du cours. Ils ont aussi été évalués sur ce qu’ils avaient appris en classe en répondant à 12 questions à choix multiples.
Lorsque les résultats ont été analysés, les chercheurs ont constaté que les étudiants avaient l’impression d’avoir appris davantage lors des cours magistraux, alors qu’en réalité, ils avaient obtenu de meilleurs résultats aux tests après les séances d’apprentissage actif.
Déconstruire les mythes
Selon les auteurs de l’étude, ces résultats ne doivent pas être interprétés comme suggérant que les étudiants n’aiment pas l’apprentissage actif. En fait, de nombreuses études ont montré que les étudiants s’habituent rapidement à cette méthode, une fois qu’ils commencent à en voir les résultats.
Une bonne conférence peut donner aux étudiants l’impression qu’ils apprennent beaucoup. Les étudiants peuvent évaluer fort positivement un conférencier extraordinaire sur la base de ce sentiment d’apprentissage, même si leur apprentissage réel n’est pas optimal.
Kantrowitz suggère de voir cette étude comme un effort de déconstruction des croyances sur la façon dont les étudiants apprennent. Selon lui, cette recherche confirme que le corps professoral doit persister et encourager l’apprentissage actif.
Consulter l’article sur le blogue Education Research Report
Source : Deslauriers, L., McCarty, L.S., Miller, K., Callaghan, K et G. Kestin (2019). Measuring actual learning versus feeling of learning in response to being actively engaged in the classroom, Proceedings of the National Academy of Sciences 116(39). DOI : https://doi.org/10.1073/pnas.1821936116
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