L’Académie de recherche et d’enseignement supérieur (ARES), qui fédère 117 établissements francophones d’enseignement supérieur de Wallonie et de Bruxelles, a publié cette année un rapport portant sur les dispositifs qui ont permis à des étudiants, notamment en difficulté, de persévérer durant leur parcours de 1er cycle universitaire. Le rapport de recherche, intitulé Réussir ses études. Quels parcours? Quels soutiens? Parcours de réussite dans le premier cycle de l’enseignement supérieur – Fédération Wallonie-Bruxelles, 2014-2017, a été rédigé sous la responsabilité de Leila Mouhib de l’ARES.

Qu’est-ce qu’un « parcours de réussite » ?

Malgré le développement quantitatif et qualitatif des pratiques de promotion de la réussite et d’accompagnement des étudiants, des problèmes d’échec et d’abandon persistent dans l’enseignement supérieur belge. Ce rapport vise donc à s’interroger sur la réussite étudiante et à mettre en évidence des «parcours de réussite» au premier cycle. Pour l’ARES, un parcours de réussite mène à l’obtention d’un diplôme (dans le cas présent, de bachelier). Il existe bien d’autres parcours que celui, plus classique, de trois ans : une réorientation, une interruption temporaire pour diverses raisons, un allègement, une répartition différente des crédits, etc.

Le rapport de l’ARES insiste sur le fait de ne pas limiter la notion de parcours de réussite au cas le plus évident, afin de mettre en évidence des pratiques de résilience et de persévérance, des stratégies différentes et des parcours particuliers.

Types de parcours et profils étudiants

La recherche met en évidence neuf profils de parcours, dont le parcours direct, intermédiaire, personnalisé, long, selon la durée et la personnalisation. Ces profils peuvent être corrélés avec différentes variables (soutien pédagogique, situation familiale, parcours antérieur, etc.) et il est possible de comparer les outils d’aide à la réussite que les étudiants de chaque parcours ont trouvé les plus utiles. Cela signifie qu’une relation existe entre, d’une part, le fait de posséder l’une ou l’autre caractéristique et, d’autre part, la probabilité d’être engagé dans tel ou tel parcours.

Principaux résultats

Parcours académiques et soutien pédagogique

  • Un soutien pédagogique important n’est pas corrélé à un parcours direct, au contraire. Cette observation va à l’encontre de l’idée selon laquelle «ceux qui bénéficieraient de l’aide à la réussite sont ceux qui en ont le moins besoin »;
  • Le soutien pédagogique important est corrélé à un parcours personnalisé ou très personnalisé : les étudiants qui personnalisent leur parcours seraient-ils plus susceptibles que les autres de chercher et d’obtenir un soutien pédagogique ?

Parcours académiques et engagement dans les études

  • Les étudiants très engagés sont plus susceptibles d’avoir un parcours direct et classique que les étudiants faiblement engagés;
  • Les étudiants faiblement engagés sont plus susceptibles d’avoir un parcours non direct, mais surtout personnalisé ou très personnalisé.

Parcours académiques et âge

  • Les étudiants nés avant 1990 sont plus susceptibles d’avoir un parcours direct et classique, ou direct et personnalisé, que ceux qui sont nés entre 1990 et 1993.

Parcours académiques et capital culturel

  • Les étudiants ayant un capital culturel faible sont moins nombreux que les autres à avoir un parcours direct;
  • Les étudiants à capital culturel faible sont plus nombreux que les autres à avoir un parcours personnalisé ou très personnalisé.

Parcours académique et situation professionnelle

  • Les étudiants « travailleurs » ont plus tendance que les autres étudiants à personnaliser leur parcours.

Outils de réussite

La deuxième partie de la recherche interroge le rapport entre les profils académiques et les outils/dispositifs de promotion de la réussite, identifiés par la population étudiante interrogée. Voici quelques constats :
  •  la « disponibilité d’un enseignant en particulier » est « l’outil » que les étudiants trouvent le plus utile. Il ne s’agit pas d’un dispositif, mais de l’expression d’une relation informelle, du soutien que les étudiants ont pu trouver auprès d’un professeur;
  • les autres outils les plus plébiscités par les étudiants sont : les ressources sur Internet, les cours de langues, les séances de méthodologie et les supports écrits;
  • certains outils sont peu plébiscités par les étudiants, comme les tutorats, les parrainages ou les conseillers aux études.

Cette section sur les outils permet d’arriver à la conclusion suivante : la réussite, et plus encore dans des situations difficiles et de résilience, repose sur des soutiens réels, à la fois empathiques et exigeants.

Ce soutien peut être trouvé au sein de l’institution (service d’aide à la réussite, enseignants, services administratifs), de la famille ou ailleurs (réseau social). Les pratiques d’aide à la réussite ne s’appliquent pas indépendamment du reste. Elles sont d’autant plus utiles qu’elles sont en lien avec d’autres formes de soutien, notamment psychologique et social. Consulter la version abrégée du rapport de l’ARES