L'Association internationale des universités (AIU) lance un nouveau blogue sur le rôle de la technologie dans l'enseignement supérieur. Ce nouveau blogue (en anglais) se veut un forum pour partager des expériences et des informations sur la transformation numérique dans l’enseignement supérieur, avec des perspectives de diverses régions du monde. Les membres de l’AIU peuvent y déposer des initiatives innovantes, discuter des meilleures pratiques ou exprimer leurs préoccupations au sujet des nouveaux enjeux liés aux technologies de l’information et de la communication (TIC).

Une nouvelle mission

C’est Ricardo Morais de l’Universidade Católica Portuguesa, au Portugal, qui a ouvert le bal avec son billet intitulé Digital research design, dans lequel il discute de l’impact de la transformation numérique sur l’enseignement supérieur, notamment sur la recherche. Au lieu de chercher physiquement un article de revue dans les rayons d’une bibliothèque, les chercheurs repèrent maintenant les articles presque exclusivement en ligne. La transformation numérique peut ainsi élargir l’accès au savoir, et même conduire à la création de nouveaux postes dans les établissements d’enseignement supérieur comme celui de vice-recteur à la numérisation, d’agent de transfert de connaissances et de conseiller en internationalisation. Selon lui, la numérisation (digitalization) pourrait bien devenir une nouvelle mission des établissements d’enseignement supérieur.

Dominic Orr, du FiBS Research Institute for Economics of Education and Social Affairs, à Berlin, va dans le même sens lorsqu’il soutient dans son billet que la numérisation peut contribuer à la réalisation des objectifs du Processus de Bologne. Les 48 États signataires mettent en œuvre des réformes visant à rendre les systèmes européens d’enseignement supérieur plus inclusifs, plus compétitifs et à promouvoir la mobilité internationale des étudiants.

La technologie inclusive

L’ex-président de l’AIU, Dzulkifli Abdul Razak, insiste quant à lui sur les compétences humaines à développer dans le cadre de cette « 4e révolution industrielle ». Selon lui, les prochains défis de l’intelligence artificielle, de l’automatisation et de l’Internet des objets nous amèneront à affirmer courageusement notre humanité sur les technologies, qui pourraient tendre à déshumaniser nos pratiques. Un billet qui vaut le détour est celui de Jason Laker, de l’Université d’État San José, en Californie.  Selon l’auteur, bien que les TIC ne soient pas une panacée pour réduire les disparités sociales et économiques, elles peuvent certainement faire une différence positive. Il discute de la « fracture numérique » en soulignant le fait que, malgré le rythme vertigineux du développement de nouveaux appareils, applications, logiciels et solutions de stockage, de nombreuses communautés n’ont même pas accès à Internet à haut débit. Un « manque de ressources » est souvent évoqué pour expliquer cette disparité. Or, la vérité est qu’il est possible d’élargir l’accès aux TIC , mais les décisions concernant le financement, la mise en œuvre et l’élargissement de l’accès sont liées à des logiques d’investissement financier et de rendement plutôt qu’à des logiques d’équité. Selon Laker, les institutions membres de l’AIU et les consortiums nationaux d’établissements d’enseignement supérieur ont à la fois les capacités et les obligations de collaborer les uns avec les autres, de même qu’avec les décideurs et les diverses parties prenantes de manière synergique, pour renforcer le caractère inclusif des TIC à l’échelle mondiale. En bref, les établissement d’enseignement supérieur – et non les Silicon Valley de ce monde – doivent être les organisateurs et les initiateurs d’un accès plus large aux TIC. Laker se questionne : le monde de l’enseignement supérieur est-il prêt à intervenir à ce stade critique et à agir en conséquence ?