Dans le cadre du cinquantième anniversaire du réseau collégial, le Conseil supérieur de l’éducation vient de publier l’avis intitulé "Les collèges après 50 ans : regard historique et perspectives", dans lequel il présente les grands enjeux actuels de l'enseignement collégial.

L’avis préparé par la Commission de l’enseignement collégial du Conseil supérieur de l’éducation rappelle d’abord les principes d’égalité des chances et d’accessibilité sur lesquels le réseau a été fondé : démocratisation, accessibilité géographique, gratuité, laïcité, pédagogie et milieu adaptés, formation générale dans un esprit de formation humaniste, espace de maturation pour les jeunes, fonction d’orientation, polyvalence, etc.

La première partie du document porte en effet sur l’histoire du réseau collégial au Québec. Quatre périodes charnières y sont présentées :

  1. Le développement des collèges et leur recherche d’identité (de 1967 à 1979), sur fond de contestations politiques et sociales (grèves, Front commun, mouvement étudiant);
  2. La consolidation du système d’enseignement collégial et l’éclosion de la culture collégiale (de 1980 à 1991), dans un contexte marqué entre autres par la qualité de l’enseignement et de la formation;
  3. La réforme de l’enseignement collégial et son implantation (de 1992 à 2003), soit l’époque du renouveau de l’enseignement collégial : définition des programmes par compétences, mise en œuvre d’un nouveau paradigme pédagogique et évaluation en lien avec l’approche par compétences, développement de l’approche-programme, élaboration d’outils d’évaluation, etc.
  4. Des établissements matures face aux défis du 21e siècle (2004-2017), dans un contexte de reddition de compte, de nouvelle gestion publique et d’essor des besoins particuliers des étudiants (ESH, LGBTQ+, étudiants internationaux, étudiants Autochtones, etc.).
Image : Pixabay

Enjeux et défis actuels

La deuxième partie du document brosse un portrait des enjeux et défis actuels du réseau collégial québécois, en partant du postulat selon lequel les collèges représentent un acquis majeur pour la société québécoise.

L’accessibilité revisitée

Le Conseil fait état de la nette progression du taux d’accès à l’enseignement collégial, qui est passé de 39,3 % en 1975-1976 à 65,8 % en 2015-2016. Or, des inégalités d’accès subsistent selon les régions d’origine des étudiants, leurs caractéristiques individuelles ainsi que l’appartenance à un groupe.

Le Conseil montre, par exemple, que le taux d’accès à l’enseignement collégial demeure plus faible dans les régions suivantes : Nord-du-Québec, Abitibi-Témiscamingue, Outaouais, Côte-Nord, Gaspésie–Îles-de-la-Madeleine et Lanaudière. Il soutient que la réflexion sur l’accès géographique ne peut être dissociée des questions liées à la gestion de la carte des programmes sur l’ensemble du territoire et au développement de la formation à distance.

Comment envisager le déploiement de la carte des programmes sur tout le territoire québécois dans un contexte d’expansion de la formation à distance?

CSÉ, 2019.

Une formation en phase avec les réalités étudiantes

Parmi les réalités étudiantes actuelles, le Conseil évoque les parcours scolaires et de vie de moins en moins linéaires, la légère prolongation de la durée des études, la plus lente maturation du choix vocationnel et la propension à occuper un emploi au cours des études.

Il met également en relief l’influence de l’usage des technologies numériques et les compétences requises pour évoluer dans le monde du 21e siècle.

Des pistes de réflexion sont proposées pour relever ces défis, soit :

  1. la nécessité d’établir un consensus sur une formation générale « actualisée »;
  2. l’importance du financement des structures de soutien et d’encadrement des étudiants;
  3. l’adaptation de la pédagogie collégiale à la diversité étudiante et à l’évolution des technologies numériques, notamment en redéfinissant le rôle de l’enseignant comme médiateur entre le savoir et l’étudiant;
  4. une plus grande souplesse de l’organisation de la formation collégiale, en ce qui concerne tant l’organisation des études que les formules de formation.

Pour une fluidité des parcours étudiants

Le Conseil soutient que des efforts sont requis pour améliorer la transition des jeunes qui proviennent d’autres secteurs que la formation secondaire, notamment la formation professionnelle.

Au regard de l’arrimage avec les universités, le Conseil soumet à la réflexion le fait suivant :

« la pression exercée par la cote de rendement au collégial (cote R), utilisée comme principal critère dans la plupart des programmes universitaires dont l’admission est contingentée, agit sur la capacité des étudiants à réaliser leurs aspirations dans le cas, par exemple, d’une transition difficile au collégial qui se solde par de plus faibles résultats à la première session. »

CSÉ, 2019.

Le pilotage du système d’enseignement collégial

Enfin, le Conseil rappelle que l’octroi de ressources financières s’accompagne systématiquement d’une demande de reddition de compte. Or, celle-ci entraîne une lourdeur administrative dans les collèges. Un équilibre demeure à trouver pour que les ressources et l’énergie consenties pour la reddition de compte ne soient pas au détriment du développement institutionnel.

Cet état de la situation du réseau collégial, de même que ce regard historique, montrent que les collèges ont de précieux acquis et « paraissent mieux outillés pour composer avec les réalités d’un monde qui se complexifie, qui évolue à un rythme accéléré et dont les besoins se diversifient ».

Consulter Les collèges après 50 ans : regard historique et perspectives du Conseil supérieur de l’éducation

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