Le mentorat est l'une de ces dimensions du travail de l'enseignant universitaire qui ne fait généralement l'objet d'aucun enseignement préalable. C'est pourtant un élément crucial de l'enseignement supérieur. Cet article publié dans le magazine Inside Higher Education présente plusieurs façons de faire qui peuvent être adoptées par les enseignants, les établissements ou les établissements d'enseignement. Joya Mistra et Jennifer Lundquist, toutes deux professeurs de sociologie à la University of Massachussetts at Amherst, sont les auteurs de cet article où sont présentées des recommandations relativement au mentorat. Pour elles, il s’agit d’un aspect non négligeable du travail de l’enseignant qui, pourtant, ne reçoit aucune formation ni reconnaissance à cet égard. Pour Mistra et Lundquist, l’idée n’est pas de viser la perfection, mais de s’assurer que les enseignants détiennent les compétences nécessaires pour être de bons mentors, tout comme cela se fait concernant l’enseignement. En complément, les établissements d’enseignement supérieur doivent faire de même et adopter de bonnes pratiques en ce sens.

La reconnaissance et les ressources

Les étudiants devant faire face à une pression financière qui va bien au-delà du paiement des frais de scolarité (logement, alimentation, etc.). Pour réussir à s’en sortir, ils doivent bien souvent travailler de longues heures ou encore s’endetter. Cela varie beaucoup selon les différents types d’étudiants (classe, ethnicité, identité genrée, etc.). Selon Mistra et Lundquist, les institutions devraient créer des programmes tenant compte de cette diversité afin d’alléger la situation. Un mentorat institutionnel qui sait reconnaître les différences qui marquent les étudiants et qui permet à ces derniers de se sentir acceptés par l’institution et leur programme est d’une grande importance. Concrètement, par exemple, un effort peut être fait pour que les étudiants à temps partiel, tout comme ceux qui sont à temps plein, bénéficient d’un mentorat soutenu. Le financement soutenu des services aux étudiants est également une clé pour connaître du succès. Les enseignants, quant à eux, doivent reconnaître le parcours de l’étudiant, ses ressources et ses besoins spécifiques. Les étudiants gagnent beaucoup en étant reconnus comme des personnes entières (qui déborde les cadres de leur rôle d’étudiant).

La clarté

Bien souvent, les institutions d’enseignement baignent dans un certain mystère et comportent de nombreuses règles non écrites. C’est pour cette raison qu’il est bien important de clarifier auprès de l’étudiant les attentes à son égard (combien de cours doivent être suivis, quel est le format de ceux-ci, etc.). Des instructions claires favorisent grandement le succès, rappellent les auteurs. Si certains étudiants arrivent à trouver les informations recherchées et d’autres ont la chance d’être bien encadrés par un mentor, plusieurs se sentent pris dans un monde d’incertitudes. C’est le cas notamment des étudiants de première génération, des étudiants internationaux et de ceux qui sont sous-représentés sur le plan ethnique. Un soutien institutionnel prenant la forme d’infolettre mensuelle pour les étudiants de 1er cycle ou encore d’un courriel pour les étudiants de doctorat peut constituer un filet de sécurité faisant la différence pour plusieurs étudiants. Un aspect d’une grande importance, du côté des enseignants, est le dosage. Il faut en révéler ni trop peu ni trop aux étudiants quant aux étapes à venir. Une feuille de route présentant les grands jalons qui pourront être approfondis par la suite constitue un excellent outil. Les étudiants se sentent ainsi en confiance lorsqu’ils savent qu’ils ne risquent pas de manquer un moment décisif de leur parcours.

La rétroaction

De manière générale, soulignent Mistra et Lundquist, la qualité du travail des étudiants s’améliore lorsqu’ils reçoivent des commentaires, des conseils et des rétroactions de manière régulière. Cela exige beaucoup de temps de la part des enseignants et plusieurs étudiants l’évitent. Par ailleurs, lorsqu’elle est faite, la rétroaction doit être constructive sous peine d’amplifier le sentiment de désorientation de l’étudiant. Lors de la réalisation de travaux, la rétroaction le plus efficace est celle où l’étudiant a la chance d’apporter des ajustements ou de s’améliorer (et non en toute fin de parcours). La régularité des rencontres où est offerte la rétroaction est également un facteur à ne pas négliger, soulignent les auteurs. L’écoute active constitue également un aspect non négligeable pour les enseignants. De plus, important que ces derniers s’assurent que l’étudiant sache ce qui doit être fait une fois les commentaires transmis.

Le développement professionnel

Permettre aux étudiants d’acquérir de riches expériences de travail fait également partie des éléments qui doivent être favorisés. Le développement professionnel ne doit pas être confondu avec le développement intellectuel. Ils jouent tous les deux un rôle important pour l’étudiant. L’acquisition de compétences professionnelles aidera l’étudiant à se trouver un emploi dans son secteur en plus d’accroitre sa motivation. Au niveau institutionnel, cela peut être favorisé en prévoyant des crédits pour la réalisation de stages, en offrant des cliniques d’écriture ou encore de développement d’un bon CV. Les compétences liées à l’enseignement peuvent également faire l’objet de formations. Au plan individuel, le mentor peut discuter avec son étudiant des buts professionnels de ce dernier et lui proposer des avenues de développement. Au final, le mentorat revêt plusieurs dimensions et plusieurs facteurs mènent au succès. Selon les auteurs, l’appui doit être présent, tant au niveau institutionnel qu’individuel, si on souhaite vraiment que les étudiants se développent pleinement.   Pour accéder directement à l’article du Inside Higher Education