La massification de l’accès à l’université et le taux d’échec important en première année ont poussé les institutions universitaires belges à proposer de nombreux dispositifs d’aide à la réussite.

Le contexte

« En Fédération Wallonie-Bruxelles, tout porteur d’un diplôme de l’enseignement secondaire peut s’inscrire dans l’établissement d’enseignement supérieur et la filière de son choix (exception faite des sciences appliquées). Si cette mesure permet au plus grand nombre de tenter sa chance, force est de constater que tous ne connaissent pas un parcours académique linéaire et couronné de succès. De fait, le taux d’échec des étudiants qui s’inscrivent en première année à l’université s’élève à 60 % ». Hormis des enquêtes de satisfaction et quelques évaluations isolées et au périmètre limité, rares sont les dispositifs qui ont fait l’objet d’une estimation systématique en termes d’effets sur la performance académique.

L’article Test de l’efficacité de deux dispositifs d’aide à la réussite en première année à l’université : remédiations précoces et blocus dirigés explique les motifs qui ont conduit un groupe de chercheurs belges à mener une recherche visant à estimer l’efficacité de deux dispositifs d’aide à la réussite en termes d’effets sur les résultats académiques à la première session d’examens. Un inventaire des dispositifs d’aide à la réussite généralement proposés en Fédération Wallonie-Bruxelles et de leurs évaluations respectives est présenté. Ensuite, l’impact de deux d’entre eux (des remédiations organisées à la suite d’un test de prérequis et un « blocus dirigé » précédant la session d’examens) est évalué.

Les recherches consultées par les chercheurs ont permis de mettre en évidence une série de facteurs ayant un impact direct ou indirect sur la réussite, tels que:

  1. la maîtrise des prérequis,
  2. l’affiliation sociale,
  3. l’intégration académique,
  4. la construction d’un projet personnel,
  5. le développement de méthodes de travail,
  6. la motivation,
  7. la gestion des émotions.

En lien avec ces facteurs, les universités ont développé des services et des dispositifs destinés à favoriser la réussite académique des étudiants,  mais malgré cela, le taux d’échec en première année demeure très élevé et relativement constant dans le temps, remettant en question leur efficacité. Partant de ce constat, des recherches récentes ont été consacrées à l’approfondissement de la question de l’évaluation de ces dispositifs d’aide, et ce, malgré la complexité inhérente aux origines multifactorielles de la réussite académique.

L’article fait d’abord état d’un inventaire de mesures, avec une attention particulière au projet «Passeports pour le Bac» (test de prérequis à l’entrée suivi par des remédiations) et au « blocus dirigé » de décembre. Puis, l’effet de ces deux dispositifs sur les résultats obtenus par les étudiants aux examens de janvier constitue le cœur de l’article.

Les six principaux résultats qui ressortent de cette étude

  1. Les tests mesurant les prérequis en début d’année profitent aux étudiants qui estiment que les résultats à ces tests les aident à prendre conscience de leurs forces et faiblesses dans les domaines évalués.
  2. Même si certaines observations sont encourageantes, en ce sens qu’elles montrent que la participation à des dispositifs d’aide améliore la performance aux examens, cette amélioration est rarement suffisante pour atteindre le seuil de la réussite. Ce constat invite à la réflexion dans plusieurs directions et laissent penser que ces dispositifs devraient peut-être être revus pour en accroître l’efficacité.
  3. D’autre part, il est possible que les effets bénéfiques qui en ressortent soient différés plutôt qu’immédiats. Un suivi longitudinal des bénéficiaires devrait alors être effectué. Les faiblesses de certains étudiants sont telles que la participation à des dispositifs d’aide ponctuels demeure insuffisante, et qu’une prise en charge -soit en amont soit plus intensive – serait nécessaire pour répondre adéquatement au niveau d’exigence.
  4. La participation aux remédiations à caractère disciplinaire a bel et bien un impact bénéfique sur la performance dans des matières auxquelles elles sont directement apparentées.
  5. Les remédiations dont le contenu est plus transversal ne semblent pas avoir d’impact sur la performance, tant au niveau général que spécifique. Pris ensemble, ces deux derniers points laissent à penser que les dispositifs disciplinaires, ciblés sur le renforcement de compétences liées à des matières spécifiques, ont une efficacité supérieure aux démarches visant l’acquisition de compétences plus transversales.
  6. La participation au « blocus dirigé » est associée à de meilleurs résultats à la session de janvier, mais seulement pour les étudiants aux profils de départ les plus faibles.
La conclusion En somme, les résultats obtenus par le biais de cette recherche montrent que:
  • les remédiations à caractère disciplinaire sont efficaces pour améliorer la performance des étudiants dans les matières qui leur sont directement associées,
  • la participation aux « blocus dirigés » est associée à une augmentation des notes des étudiants les plus faibles.

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Le Girsef (Groupe interdisciplinaire de recherche sur la socialisation, l’éducation et la formation) est un groupe de recherche pluridisciplinaire fondé en 1998 au sein de l’Université catholique de Louvain. L’objectif central du groupe est de développer des recherches fondamentales et appliquées dans le domaine de l’éducation et de la formation. Les priorités de recherche du Girsef se déclinent aujourd’hui autour de trois axes, assumés par trois cellules : • Politiques éducatives et transformations des systèmes d’enseignement • Dispositifs, motivation et apprentissage • Parcours de vie, formation et profession