Simon Collin et Hamdi Saffari, respectivement professeur et doctorant à la Faculté des sciences de l’éducation de l’Université du Québec à Montréal (UQAM) proposent, sous forme de fiche, une réflexion critique sur l’enjeu de l’adoption du numérique par une masse critique de professeurs, un enjeu passant souvent au second rang derrière celui de l’intégration du numérique dans la pédagogie (et l’efficacité de ce processus). C’est dans le plus récent numéro de la publication Le Tableau (vol.6, no.2, 2017) du Portail du soutien à la pédagogie universitaire du réseau de l’Université du Québec qu’est publiée cette réflexion critique appuyer sur la recherche. Les auteurs y expliquent autant les raisons pour adopter le numérique en pédagogie universitaire que les façons de soutenir son intégration. Ils exposent également ce qu’en dit la recherche, en plus d’offrir des pistes pour en savoir plus et des questions complémentaires permettant de poursuivre la réflexion.

Cinq raisons d’adopter le numérique en pédagogie universitaire

Collin et Saffari proposent cinq raisons d’adopter le numérique qu’ils définissent comme étant, en pédagogie universitaire, «la capacité qu’ont les enseignants et les apprenants à en faire usage pour soutenir leurs enseignements et leurs apprentissages, donc à leurs compétences technopédagogiques». Les raisons évoquées sont les suivantes :
  1. Le numérique comprend une mine d’informations. Il peut contribuer à enrichir le contenu des cours si l’enseignant et les apprenants disposent des compétences nécessaires.
  2. Le numérique peut permettre, s’il est bien utilisé, de favoriser une pédagogie active avec les étudiants, notamment en jouant sur l’interactivité des contenus numériques et les multiples possibilités d’interactions entre eux, avec l’enseignant et au-delà des murs de la salle de classe (p. ex., interactions avec des professionnels).
  3. Le numérique peut contribuer à la différenciation pédagogique, notamment auprès des étudiants ayant des besoins particuliers (p. ex., en enregistrant le contenu d’un cours de manière à ce qu’ils puissent le réécouter ultérieurement; en ajoutant des supports visuels; etc.).
  4. Le numérique permet d’offrir des modalités spatiotemporelles variées qui permettent de faire la classe autrement : le numérique permet de diversifier le «ici — maintenant», notamment par la formation à distance ou hybride. Il en résulte une explosion des possibilités spatiotemporelles de formation, qui contribuent à répondre à deux enjeux fondamentaux en pédagogie universitaire : d’une part, la conciliation famille-travail-étude; d’autre part, la démocratisation de l’accès à l’enseignement supérieur.
  5. Le numérique est non seulement présent dans le quotidien universitaire des étudiants, mais il correspond aussi à une exigence croissante sur le marché du travail. Adopter le numérique dès l’université permet aux étudiants de développer des compétences qu’ils pourraient réinvestir dans leur cheminement socioprofessionnel ultérieur, notamment à l’heure de l’apprentissage tout au long de la vie.

Comment soutenir l’intégration?

Pour ce qui est de l’intégration, les auteurs de la fiche insistent sur divers points. Il y a d’abord la capacité de l’enseignant de repérer les ressources numériques pertinentes (accessibles et adaptées). Il y a ensuite la capacité de l’intégrer à la situation pédagogique (comment l’utiliser sur le plan technique, quand la faire intervenir et quel rôle lui attribuer sur le plan pédagogique). Collin et Saffari y vont ensuite de trois recommandations à ce sujet :
  1. Repérer les ressources numériques pédagogiques pertinentes en établissant une veille. Ils proposent notamment de suivre des groupes actifs dans le domaine, ce qui permet d’avoir accès à une information déjà filtrée.
  2. Intégrer progressivement le numérique dans son enseignement. Ils rappellent sur ce point que certaines solutions proposées sont plutôt simplistes et font des promesses impossibles à tenir. La réalité est qu’il s’agit d’un processus complexe qui exige du temps, des efforts et des essais-erreurs.
  3. S’engager dans des réseaux informels d’intérêt. Il s’agit, disent les auteurs, d’un complément efficace aux formations institutionnelles offertes en technopédagogie. Ces réseaux se retrouvent souvent sur Facebook et Twitter.
En conclusion, Collin et Saffari soulignent que «l’intégration du numérique en pédagogique universitaire n’a rien de magique. Cela peut contribuer à améliorer l’enseignement et l’apprentissage en pédagogie universitaire à condition que les enseignants soient préalablement enclins à changer de pratique».   Pour accéder directement à la fiche présentée dans Le Tableau du Portail du soutien à la pédagogie universitaire.