La supervision des stagiaires comporte des défis particuliers comparativement à ceux qu'on peut associer à l'enseignement ou à l'animation d'ateliers. Cette situation ne semblent pourtant intéresser que peu de chercheurs. Cela est surprenant d'autant plus qu'il s'agit d'une partie appréciable de la tâche de certains professeurs de la formation technique. L’Association québécoise de pédagogie collégiale (AQPC) contribue à pallier cette lacune en mettant de l’avant une recherche à ce sujet dans un numéro récent de sa revue (vol.30, no.1). Il s’agit d’un portrait précis de la supervision au collégial réalisé par Sébastien Paradis, un professeur de biologie au Cégep de Sainte-Foy. Les rencontres de supervisions de sept superviseurs de stage expérimentés ont été captées sur vidéo puis analysées. Cette analyse a par la suite été validée collectivement par les participants qui ont également aidé à identifier des pistes de soutien à la tâche de supervision.

Une activité complexe. Des caractéristiques propres.

Les activités liées à la supervision de stage comportent, selon Sébastien Paradis, plusieurs caractéristiques qui lui sont propres. Bien souvent, elles débordent du cadre de la relation pédagogique. Les caractéristiques dégagées par le chercheur sont les suivantes :
  • une activité centrée sur le développement des compétences des stagiaires et adaptée à leurs caractéristiques individuelles;
  • des préoccupations liées aux conditions de réalisation des stages;
  • une importante dimension non planifiée et des suivis à prévoir sur de longues périodes;
  • des liens à établir entre les apprentissages théoriques et les expériences vécues en stage;
  • une dimension émotionnelle à gérer et un climat de confiance à établir;
  • des défis liés à l’évaluation;
  • des préoccupations pour les milieux de stage.
Face à cette réalité, les superviseurs se retrouvent au cœur de préoccupations parfois contradictoires. Pourtant, les professeurs, même s’ils ont suivi des formations en pédagogie collégiale, sont relativement peu préparés à la supervision des stagiaires. Le plus souvent, ils doivent s’en remettre à leur propre expérience en tant que stagiaires.

Les défis

Parmi les défis identifiés par Sébastien Paradis, on note :
  • la capacité d’adaptation des superviseurs;
  • l’obtention d’un portrait juste de la performance d’un stagiaire en supervision directe et la normalisation des évaluations (surtout celles portant sur les attitudes professionnelles);
  • l’établissement de la dimension relationnelle dans l’activité de supervision
  • l’interaction du superviseur avec un représentant du milieu de stage.

Des pistes de soutien pour l’activité de supervision

Le chercheur affirme que la supervision des stagiaires gagnerait à être appuyée. Aux côtés des participants, il a ainsi identifié plusieurs pistes d’intervention. Celles-ci auraient pour objectif de soutenir les professeurs du collégial qui sont concernés.
  • Élaborer une vision commune entre les superviseurs d’un programme, surtout sur le plan de l’évaluation, mais aussi quant à leur rôle et la façon d’intervenir auprès des stagiaires et des représentants des milieux de stage;
  • réduire le rôle des représentants du milieu dans l’évaluation, car ils connaissent peu le programme et les nivaux d’exigence varient beaucoup d’un milieu à l’autre;
  • passer d’un système de notation précise à une modalité de type « réussite ou échec », ce qui permettrait de réduire le besoin de standardisation fine des pratiques d’évaluation;
  • adopter des méthodes de suivi moins directives envers les stagiaires, ce qui peut être facilité en permettant aux nouveaux superviseurs d’observer les façons de faire des plus expérimentés;
  • favoriser la tenue d’atelier regroupant plusieurs étudiants à la fois afin de favoriser le partage et les échanges d’expériences;
  • permettre aux superviseurs de stage de reprendre la démarche qui a été au cœur de la présente recherche afin qu’ils puissent, entre eux, analyser certains objets de développement professionnel.
    Pour accéder au résumé fourni par l’AQPC