Le CAPRES vous résume les résultats d'une importante étude comparative produite par l'Union européenne en 2015. Le présent rapport de la Commission européenne Éducation et culture de l’Union européenne présente le résumé d’une étude comparative sur l’abandon et la réussite dans l’enseignement supérieur en Europe (le projet HEDOCE). Ce projet, issu des Pays-Bas, est basé sur un examen approfondi de la littérature et de documents politiques sur la réussite des études en enseignement supérieur, sur une enquête européenne d’experts nationaux sur l’enseignement supérieur et sur huit études de cas réalisées dans des pays de l’Union européenne. Les principaux objectifs de l’étude sont:
  • Réaliser un inventaire des politiques et des développements pour la réussite en enseignement supérieur dans 35 pays européens.
  • Explorer les pistes menant à l’efficacité des politiques et des bonnes pratiques pour la réussite des études, et ce, tant au niveau des pays qu’au niveau institutionnel.
On y a apprend que:
  • Il y a un manque de connaissances, de données et d’indicateurs systématiques sur la réussite des études en Europe: seulement 12 des 35 pays européens collectent régulièrement des indicateurs nationaux de réussite. Encore moins de pays font état de taux de persévérance et de temps moyen de diplomation.
  • Une définition claire de la réussite est la première étape vers une conception d’une politique plus efficace. « Les pays pour qui la réussite des études est haut placée sur l’agenda politique et qui ont une vision claire de ce qu’ils veulent réaliser, semblent avoir une combinaison plus efficace des politiques en place que les pays qui ne présentent pas cet engagement ».
  • Les politiques visant à améliorer l’adéquation entre les demandes des futurs étudiants et les programmes offerts par les établissements d’enseignement supérieur sont plus efficaces. De plus, une combinaison de politiques est plus efficace si elle comprend les éléments suivants: le renforcement du choix de l’étudiant, l’aide à l’intégration sociale dans le programme, le suivi du cheminement, le conseil et la « récompense » à la réussite.
  • L’utilisation d’indicateurs de réussite dans les formules de financement est de plus en plus répandue. Cette forme de financement basé sur la performance a généralement pour buts de modifier le comportement des institutions et de leur attribuer plus de responsabilité pour la réussite des étudiants, car elles sont récompensées selon le nombre de diplômés, de crédits acquis par les étudiants ou selon leur taux de diplomation. Par exemple: l’allocation d’opportunité étudiante en Angleterre qui encourage les établissements à améliorer la réussite de leur clientèle et le pacte pour l’enseignement de qualité en Allemagne qui a contribué à améliorer les taux d’encadrement, à stimuler l’innovation dans l’enseignement et l’apprentissage et à améliorer les qualifications et la formation des enseignants. Le plan pour la réussite en licence dans le système français a quant à lui incité les institutions à développer des innovations dans l’enseignement et l’apprentissage.
  • Sous l’aspect du suivi du cheminement, certaines institutions ont lancé une surveillance systématique de la présence des étudiants et de leur progrès individuels pour identifier lesquels sont à risque et faciliter les actions de suivi institutionnels par le biais de conseils personnels, de coaching et de mentorat. Certains établissements ont développé un système généralisé et obligatoire pour le tutorat par les pairs afin de stimuler la relation entre les étudiants et leur programme en créant une communauté, un sentiment d’appartenance et d’engagement parmi les étudiants.
  • Pour faciliter l’intégration sociale et la participation des étudiants, de nombreux établissements d’enseignement supérieur à travers l’Europe ont mis en place des programmes spéciaux d’accueil pour les étudiants. Ces programmes visent à familiariser l’étudiant avec le programme de son choix avant qu’il soit admis (entrevues, conférences d’initiation à l’institution, tests d’auto-évaluation en ligne, etc.)
  • En France, un soutien et un service d’orientation plus personnalisés vers les carrières pour les étudiants ont été introduits. Ont aussi été intégrés de nouveaux types de programmes ou de nouvelles alternatives au sein des structures de diplôme existantes, afin de mieux accueillir des groupes d’élèves variés. Des pays offrent aux étudiants une phase d’introduction et d’orientation ou un programme de licence moins spécialisée avec un plus large éventail de voies, comme en Autriche, en France, en Norvège et dans quelques universités allemandes.
  • L’intégration des données sur les résultats scolaires dans des plates-formes ouvertes au publique, par exemple sur l’assurance qualité ou pour aider les étudiants à s’orienter, aide les institutions et les futurs étudiants à faire les bons choix. Aussi, des structures dans lesquelles des exemples de bonnes pratiques pour la réussite des études sont partagées par le biais de documents de travail (Finlande) ou des projets de diffusion sont efficaces. Ces systèmes stimulent le succès des études en rendant publiques des informations sur l’abandon, la poursuite, la réussite, le temps d’obtention du diplôme, ou même la satisfaction des étudiants à propos de la qualité de l’enseignement et des programmes. L’information diffusée auprès des futurs étudiants rend les institutions plus attentives à leurs programmes et à l’impact de leurs taux de réussite des études sur leur réputation.
  • La réussite des études est de plus en plus partie intégrante de l’assurance qualité des états alors que les taux de réussite, de poursuite et d’abandon sont des éléments inclus dans les rapports d’auto-évaluation des états. La Croatie, la Flandre, la France, la Hongrie, l’Irlande, l’Italie et le Monténégro en sont des exemples récents. Les taux de réussite des études sont importants pour renouveler l’accréditation. Ils le sont également, car ils sont souvent publiés sur les sites web nationaux. Cela sert à des fins comparatives et pousse les institutions a se soucier de la réussite des études.
En conclusion, le rapport propose des pistes pour améliorer la réussite dans les pays de l’Union européenne :
  • Une action plus coordonnée pour acquérir une base de connaissances plus complète sur ce qui fonctionne au delà des frontières nationales.
  • La création d’un forum à l’échelle européenne pour discuter des questions liées à la réussite des études en enseignement supérieur et pour se mettre d’accord sur les définitions clés et sur les indicateurs clairs de réussite.
  • La conduite d’une recherche empirique plus systématique et comparative sur l’efficacité des politiques publiques.
  • L’établissement de liens dans l’agenda (inter)national sur la réussite des études à des domaines politiques connexes tels que la modernisation des institutions de l’enseignement supérieur, l’assurance qualité et l’employabilité des diplômés.
  • La conception de politiques nationales explicites pour stimuler la réussite des études en enseignement supérieur.
  • Le déploiement d’un effort systématique pour collecter et suivre les indicateurs de réussite à un niveau convenu et sur la base de définitions communes, d’instruments politiques, financiers, d’information et d’organisation.
  • Le suivi des parcours scolaires de chacun des étudiants pour identifier ceux qui sont à risque d’abandon. Cela aiderait, en parallèle, à comprendre les modèles spécifiques sous-jacents de l’abandon et de la réussite et éclairerait de futures décisions politiques.
  • La nécessité d’une stratégie institutionnelle globale pour stimuler la réussite des études. Des plans stratégiques dans les établissements d’enseignement supérieur pourraient préciser comment la question de la réussite des études se rapportent à leur contexte et quelles mesures seront prises sur des domaines tels que l’assurance de la qualité interne.
Lire le rapport ici.