Dans l’optique de favoriser l’intégration des étudiants internationaux dans les campus canadiens, cette étude du Bureau canadien de l’éducation internationale (BCEI) présente les obstacles qui viennent nuire à la formation d’amitiés entre ces étudiants et leurs homologues canadiens. Des recommandations sont également fournies. Publiée dans le cadre de la série BCEI Recherche en 2015, cette étude est un extrait d’un rapport plus volumineux intitulé «Un monde à apprendre 2014» et publié par le BCEI.

L’absence d’intégration

Au Canada, en 2013, on comptait quelque 293 500 étudiants internationaux. Il s’agit d’une augmentation de 50 % en cinq ans. Il s’agit donc d’une réalité en pleine croissance. Les avantages liés à la présence d’étudiants internationaux sont multiples et vont bien au-delà de l’argent qu’ils injectent dans l’économie. Les établissements canadiens sont d’ailleurs bien conscients des avantages que constitue leur présence (échanges d’idées, favorise une culture de compréhension collective, etc.). Toutefois, les recherches récentes démontrent que la formation de liens sociaux entre les étudiants étrangers et leurs homologues canadiens demeure difficile. Dans une étude réalisée auprès de 3000 répondants, plus de 50 % ont indiqué ne pas avoir d’amis canadiens. Ce chiffre reste très élevé (46 %) même chez les étudiants ayant indiqué vouloir demeurer au Canada après leurs études.

Méthodologie

L’étude est basée sur l’analyse des résultats du sondage du BCEI auprès des étudiants en études postsecondaires au Canada (3095 répondants provenant de 25 établissements de 10 provinces canadiennes) ainsi que sur des entretiens semi-structurés conduits auprès d’un échantillon des étudiants ayant répondu au sondage (16 personnes sur les 40 contactées ont accepté). Une étude documentaire approfondie a également été réalisée.

Des amitiés difficiles à développer

L’étude révèle que près d’un tiers des étudiants ayant participé trouve difficile de connaître les étudiants canadiens. Les régions d’origine des étudiants étrangers semblent être un facteur ayant une influence notable. C’est donc dire que les différences culturelles ainsi que la langue peuvent avoir joué un rôle. Par exemple, ce sont les étudiants provenant des États-Unis et ceux d’Europe qui sont les plus nombreux à dire qu’ils ont des amis canadiens. À l’autre bout du spectre, les étudiants du Moyen-Orient et de l’Afrique du Nord sont les moins nombreux à dire avoir des amis. C’est sans grande surprise que l’on apprend que c’est dans le cadre de leur programme d’études (classes, groupes d’étude, projets, etc.) que les étudiants étrangers disent avoir le plus de facilité à rencontrer des homologues canadiens. Suivent les activités extrascolaires (groupes d’intérêt, groupes religieux, bénévolats, emplois, etc.) et les groupes pour les étudiants internationaux.

Les obstacles

Les obstacles internes, soit les caractéristiques des étudiants étrangers eux-mêmes, sont influencés par le fait que ces derniers sont en train de passer par un processus lourd d’adaptation culturelle tout en tentant de réussir leurs études dans un nouveau milieu. Ce sont donc des obstacles qui évoluent donc passablement dans le temps. L’obtention d’un soutien, notamment par les professionnels de services pour les étudiants, peut aider considérablement sur ce plan, pourvu que les étudiants soient au fait de ces services et qu’ils puissent y accéder. Du côté des obstacles externes ou obstacles d’établissement, lors du sondage de 2014, neuf étudiants sur dix ont affirmé être susceptibles de recommander leur établissement à d’autres étudiants internationaux. Les répondants ont néanmoins indiqué qu’il y avait des obstacles provenant de leur établissement, certains socioculturels, d’autres physiques. Parmi les problèmes mentionnés :
  • Les activités de diversité sur le campus auxquelles participent surtout des étudiants étrangers.
  • Les activités d’orientation tenues à des moments inadéquats (en même temps que le processus de visa ou leur arrivée, par exemple).
  • La composition des étudiants de certains programmes.
La timidité des étudiants canadiens ou la peur de ceux-ci d’interagir avec des étudiants étrangers sont également ressorties comme des facteurs rendant plus difficile l’établissement d’amitiés. Les «cercles d’amis canadiens» sont également jugés difficiles à pénétrer.

Les facteurs favorisant l’établissement d’amitiés

Les étudiants se disant extravertis, tenaces et curieux sont ceux ayant démontré le plus de facilité à tisser des liens. Certains ont également mentionné limiter consciemment les contacts avec leur communauté d’origine afin d’établir des liens avec les Canadiens. Le temps passé au pays semble également un facteur favorable. Sur le plan externe, outre les services aux étudiants étrangers, le rôle des professeurs a été mentionné comme étant favorable lorsqu’ils créent une ambiance sociale favorisant l’inclusion.

Les recommandations

Les répondants ayant participé aux entretiens semi-structurés ont été invités à offrir des recommandations. Certains thèmes ont émergé tant pour les établissements que pour les étudiants canadiens.

Pour les établissements

  1. Envisager une démarche plus intégrée de la participation des étudiants
  2. Incorporer la sensibilisation et les compétences interculturelles à la salle de classe mondialisée
  3. Envisager des stratégies pour équilibrer les étudiants internationaux et les étudiants canadiens
  4. Reconcevoir l’orientation des étudiants comme processus continu et non linéaire pour tous les étudiants et créer une stratégie sur la façon de lever les obstacles à la participation des étudiants internationaux, surtout au début du semestre
  5. Encourager le travail de groupe entre les étudiants internationaux et les étudiants canadiens

Pout les étudiants canadiens

  1. Accéder aux connaissances et points de vue culturels des étudiants internationaux
  Pour accéder au rapport du BCEI «Un monde à apprendre 2014»