Le Centre d’Étude des COnditions de vie et des BESoins de la population (ÉCOBES), rattaché au Cégep de Jonquière, vient de publier un rapport portant sur l’intégration et de la réussite des étudiants internationaux dans les cégeps et les collèges francophones du Canada.

Le rapport de 58 pages, intitulé Enjeux et défis de l’adaptation, de l’intégration et de la réussite scolaire des étudiants internationaux dans les cégeps et les collèges francophones du Canada, a été réalisé par Benjamin Gallais, Nadège Bikie Bi Nguema et Alexandre Roy (ÉCOBES), Sarah Jane Parent (CIRADD, Cégep de la Gaspésie et des Îles) et Alex Turcotte (Université Laval).

Il vise à brosser un portrait de l’expérience migratoire des étudiants internationaux dans deux provinces des Maritimes (Nouveau-Brunswick, Île-du-Prince-Édouard) et de la Gaspésie et des Îles-de-la-Madeleine, en répondant entre autres aux questions suivantes :

Que savons-nous des étudiants internationaux présents dans les établissements d’enseignement supérieur au Canada? Quels sont leurs motivations, leurs besoins, leurs attentes ? Comment s’adaptent-ils à leur nouvel environnement ?

Gallais et al., 2020

Dans le cadre de cette recherche qualitative et quantitative, 16 étudiants internationaux ont été interviewés individuellement sur leur expérience migratoire et 244 ont répondu à un questionnaire sur la gestion du stress et la santé mentale.

Principaux constats

L’expérience migratoire est généralement positive pour les répondants. L’accueil lors de l’arrivée est grandement apprécié; l’amitié avec les étudiants locaux l’est également, bien que certains étudiants internationaux, pour des raisons associées à des facteurs internes notamment, aient plus de difficultés à créer un tel lien.

L’adaptation

L’adaptation est plus ou moins réussie d’un individu à l’autre si l’on considère que la plupart des participants ne présentent pas ou peu de symptomatologie anxieuse et dépressive, mais que certains présentent un risque d’épisode dépressif ou de trouble anxieux généralisé.

Malgré ces difficultés, une majorité d’étudiants montre un désir de rester dans la ville d’accueil après leurs études, à la condition de trouver un emploi dans leur domaine. Sinon, la plupart souhaitent rester dans la province ou au pays. L’expérience dans l’établissement d’accueil est appréciée au point où presque tous les participants conseilleraient à un ami ou à un membre de leur famille de venir étudier dans le même établissement.

La réussite scolaire

Photo prise par Christina Morillo (Canvas)

Les étudiants internationaux ont tous à cœur la réussite scolaire. En quittant leur pays, ils se sont fixés comme objectif de réussir : réussir son programme d’études, réussir à obtenir un diplôme, réussir à trouver un emploi après leurs études, etc.

La réussite se trouve donc au cœur du projet de migration pour études et du projet de vie. En ce qui concerne le lien entre l’intégration et la réussite scolaire, les étudiants notent qu’une bonne intégration a un impact positif sur la réussite scolaire, tandis qu’une intégration moins réussie influencera négativement la réussite scolaire.

Gallais et al., 2020

À ce propos, la réactivité à l’échec, qu’il soit réel ou perçu, ainsi que la difficulté à se détendre après une période de surcharge de travail sont les deux facteurs parmi les plus importants pouvant générer du stress, voire de l’anxiété. La pression exercée chez l’étudiant ou que l’étudiant se met lui-même en lien avec sa réussite scolaire est un élément clé de sa motivation à s’intégrer. Cependant, chez les plus fragiles, notamment ceux qui ont un sentiment d’efficacité personnelle faible et un niveau de stress perçu élevé (sentiment d’être facilement débordé et de subir les situations), cette pression peut avoir des conséquences négatives sur leur santé mentale.

Éléments facilitateurs et obstacles à l’intégration

Des éléments d’intégration appartiennent à l’étudiant lui-même, comme la volonté et la motivation. D’autres sont du ressort de l’établissement scolaire (des enseignants aidants, des professionnels, etc.) ou de la communauté.

Un des éléments qui est davantage ressorti comme contribuant à l’intégration et à la réussite est le climat de classe, soit la bonne ambiance et l’entente entre les étudiants internationaux et les étudiants locaux.

Entrer en contact avec les autres est une stratégie importante pour s’adapter et s’intégrer harmonieusement et cela demeure un défi pour un certain nombre de participants. Néanmoins, la plupart d’entre eux l’ont relevé.

Le regroupement entre étudiants internationaux peut réduire l’anxiété, mais il peut aussi isoler les étudiants internationaux et les conduire à une forme de marginalisation. En ce sens, il est important pour les étudiants internationaux de tisser des liens d’amitié avec leurs pairs locaux.

De manière générale, malgré les obstacles rencontrés, les étudiants internationaux déclarent qu’ils se sentent à leur place au sein de leur établissement scolaire et dans leur région d’accueil. Ils notent que leur expérience dans un établissement scolaire situé dans une région éloignée et à faible densité ethnoculturelle leur a apporté des manières différentes de voir le monde. Ils affirment être devenus plus adultes, plus matures et plus autonomes.

Gallais et al., 2020

Enfin, l’équipe de recherche rappelle qu’il est « normal » d’éprouver du stress en situation d’adaptation psychosociale, tout comme il est normal pour tous les étudiants d’en ressentir. Cependant, il est moins « normal » ou « acceptable » d’éprouver des symptômes pouvant relever d’épisodes anxieux ou dépressifs. Il est donc important de poursuivre l’effort d’information et de promotion des services d’aide psychosociaux disponibles dans les cégeps et les collèges auprès de cette population étudiante.

Source : Gallais, B., Bikie Bi Nguema, N., Parent, S. J., Turcotte, A. et Roy, A. (2020). Enjeux et défis de l’adaptation, de l’intégration et de la réussite scolaire des étudiants internationaux dans les cégeps et les collèges francophones du Canada. Les cas du Nouveau-Brunswick, de l’Île-du-Prince-Édouard, de la Gaspésie et des Îles-de-la-Madeleine. Jonquière, ÉCOBES – Recherche et transfert, 48 pages.

Consulter le dossier CAPRES sur les étudiants internationaux